Ethan Gutmann parle de son nouveau livre sur les prélèvements forcés d’organes en Chine

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• Ethan Gutmann, dont le livre The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem (Le Massacre: meurtres de masse, prélèvements d’organes et la solution secrète de la Chine au problème de dissidents) a été publié en août 2014 (Avec l’aimable autorisation d’Ethan Gutmann)

Le jeudi 27 novembre, Ethan Gutmann débutait la promotion officielle en Grande-Bretagne de son nouveau livre The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem (Le Massacre: meurtres de masse, prélèvements d’organes et la solution secrète de la Chine au problème de dissidents) au Word Power Books d’Édimbourg.

Le livre est un puissant témoignage de l’émergence de nouvelles méthodes de répressions, tortures et exécutions par le Parti communiste chinois (PCC) au travers de longues interviews très personnelles avec des personnes concernées, pour la plupart des pratiquants de Falun Gong. M. Gutmann n’est pas un pratiquant de Falun Gong mais a développé une profonde passion pour leur lutte en Chine.


La tournée de Grande-Bretagne, qui suit une tournée de huit villes au Canada, a inclus des visites au Parlement britannique, à l’Assemblée galloise, à l’Assemblée écossaise, à Glasgow et d’autres villes.


M. Gutmann a partagé sa présentation avec les nominés au Prix Nobel de la paix David Kilgour et David Matas, co-auteurs du livre Prélèvements meurtriers: assassinats des pratiquants de Falun Gong pour leurs organes. Le public a également pu écouter les témoignages directs de pratiquants de Falun Gong ayant personnellement subi le système de tortures en Chine.


M. Gutmann s’est entretenu avec Rosemary Byfield à Édimbourg, espérant appeler plus de lecteurs à examiner le contenu de son livre.


Question: Le rapport Kilgour-Matas est sorti en 2006 et vous avez maintenant écrit votre nouveau livre The Slaughter. Qu’apporte de nouveau votre livre?

Ethan Gutmann: Mon livre est presque exclusivement basé sur des recherches de terrain. J’ai interviewé des gens pendant des heures – dans certains cas pendant des jours – pour essayer d’aller au plus profond de ces allégations. De plus, j’ai passé beaucoup de temps sur les «Pourquoi». Pourquoi l’état chinois prend-il un tel risque? Sur quoi repose réellement le conflit avec le Falun Gong? Je réponds à cela en me concentrant sur le Falun Gong, son développement et la façon dont la répression du PCC est calquée sur ce développement.

Mon livre s’intéresse aussi profondément à la résistance des pratiquants de Falun Gong dans les prisons – et dévie sur le détournement des émissions de la chaîne de télévision de Changchun et d’autres incidents similaires qui ont eu un profond impact sur la trajectoire de la répression. Mais dans l’analyse finale, j’essaie vraiment de laisser le lecteur tirer ses propres conclusions. MM. Kilgour et Matas sont des personnalités très connues. Je ne suis qu’un écrivain. Le livre doit être lu et chacun doit juger par soi-même, si vous voulez. Et chacun devrait faire sa propre évaluation des preuves.


Question: Quelles preuves possédez-vous?

Ethan Gutmann: Soyez indulgente, je ne peux pas résumer le livre ici! Voyons, j’ai trouvé de nombreux témoins qui avaient subi des examens physiques très inhabituels – dans des camps de travail, en prison, en détention ou dans des prisons clandestines – des examens visant clairement à évaluer la compatibilité de leurs organes et de leurs tissus. Pas seulement dans la communauté des pratiquants de Falun Gong, mais aussi parmi les Ouïgours, les Tibétains et même les chrétiens clandestins.

Réfléchissez: les Ouïghours et les pratiquants de Falun Gong ne se parlent pas vraiment, n’est-ce pas? Les Tibétains parlent-ils aux Ouïghours? Peut-être un peu. Mais quelle est la probabilité que les témoins de tous ces différents groupes décrivent exactement le même examen physique?

Mais nous ne devons pas seulement nous baser sur ces récits. Il y a plusieurs médecins, dont un qui a pratiqué des prélèvements d’organes à vif de ses propres mains. Lisez le neuvième chapitre: il parle d’un médecin qui est entré dans la vente des organes de pratiquants de Falun Gong avant que les allégations de prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers d’opinion apparaissent. Dans d’autres cas, des greffes de cœur étaient prévues pour un jour et une heure précis, comme si les autorités chinoises avaient l’aptitude de prédire un accident de la route. Évidemment, ils avaient simplement une immense réserve. De nouveau, les gens peuvent juger par eux-mêmes, mais je pense que cette preuve est très claire que cette réserve était majoritairement composée de pratiquants de Falun Gong.

Question: Quelle a été la réaction à votre livre?

Ethan Gutmann: Les critiques sont fortes. Un critique l’a qualifié de «bombe atomique». Et la reconnaissance commence à apparaître. À Taïwan, comme l’un des témoins s’est présenté aux élections pour la mairie de Taipei, la réaction a été particulièrement profonde. Je m’attends à ce que la version chinoise s’en sorte bien. En Amérique, la présentation du livre a eu lieu à la Fondation nationale pour la démocratie. La salle était pleine. Au Canada, le livre est récemment passé en tête des vente des livres Chine sur Amazon.

Mais je pense que la perception plus large est: le rapport Kilgour-Matas est sorti en 2006. Pour de nombreuses personnes, même les gens qui n’avaient pas encore lu le livre, l’idée même que quelqu’un arrive avec un nouveau livre en 2014 sur ce sujet indique que MM. Kilgour et Matas n’ont pas travaillé pour rien, ils ont touché quelque chose de réellement profond. Autrement, aucun journaliste censé ne dépenserait autant d’effort pour écrire un livre sur le sujet.


Question: Que voulez-vous dire aux lecteurs d’Epoch Times?

Ethan Gutmann: Merci pour cette question, même si la réponse ne sera peut-être pas plaisante ni pour vous ni pour moi. Je suis désolé, mais accrochez-vous.

Une partie croissante de jeunes gens sont de plus en plus conditionnés à l’idée que tout devrait être instantanément disponible sur Internet. Et devrait faire moins de 900 mots. Et bien sûr, que tout doit être gratuit.

Bon, mon livre fait 355 pages. Il compte plus de 70 images. Donc oui, je déclare intrinsèquement qu’un livre peut faire quelque chose de magique et profond qu’un article de 900 mots ne pourra accomplir – mais vous devrez peut-être en faire l’expérience par vous-même plutôt que de me prendre au mot. Quant à la rapidité d’accès, vous pouvez le télécharger depuis votre Kindle sur Amazon en trois minutes environ. Je sais, je déteste briser le cycle de la gratification instantanée, mais trois minutes, ce n’est pas si long. Et finalement, je crains que l’éditeur ne doive en demander un certain prix.

Mais voilà, ce livre a été l’enfer pour mon bien-être financier et quelques livres vendus ici et là ne feront pas grande différence. Alors allez acheter une copie d’occasion, empruntez-la ou volez-le, je m’en fiche – mais pour l’amour du ciel, ouvrez le livre, ouvrez-le quelque part au milieu, passez les pages jusque la fin, mettez du ketchup sur les pages, tout ce que vous voulez! Mais commencez à le lire. Je n’ai pas écrit ce livre pour qu’il devienne un accessoire des droits de l’homme. Il est fait pour être lu et oui, il est fait pour vous faire réfléchir et pas pour penser à votre place. En réalité, je me demande si cela inquiète certaines personnes.

Qu’en est-il de mes lecteurs potentiels qui pratiquent le Falun Gong? Je me demande si le problème est qu’ils pensent déjà connaître l’histoire. Mais ont-ils considéré l’idée – juste la possibilité – qu’ils ne la connaissent peut-être pas aussi bien qu’ils pensent? Pourraient-ils être surpris par le livre? Serait-ce vraiment une mauvaise chose? Je sens que certains pratiquants s’inquiètent de cela aussi, que je pourrais manquer de respect d’une certaine façon, ou que je sois juste stupide. Bon, ils pourront se rassurer par le fait que des pratiquants ont revu le livre en collaboration avec des non-pratiquants. Ce n’est pas un secret, c’est dans les remerciements.

Ou peut-être que les pratiquants ou les dissidents chinois pensent qu’ils vont s’ennuyer? Mais toute personne qui me connaît un peu sait que je ne me serais pas ennuyé à finir un livre inintéressant. Ou un volume juridique. Ou un manuel de cours. Parce qu’en dessous de toutes les questions comme «cela s’est-il vraiment produit», la véritable question est «Pourquoi devrais-je être concerné»?

Et c’est l’essence du livre: être proche des gens, être assez proche des témoins au point de pouvoir les toucher et peut-être même respirer leur sueur.

La chose la plus décevante pour moi personnellement – c’est assez désespérant de découvrir cela – est qu’il y a des gens, en particulier au Royaume uni, des gens que j’apprécie et que j’admire, des gens qui sont vraiment dévoués à ce problème – ils considèrent les prélèvements forcés d’organes comme un crime contre l’humanité – mais ils trouvent sans cesse des excuses pour ne pas s’asseoir et lire une chose à laquelle j’ai non seulement consacré une partie importante de ma vie, mais qui pourrait aussi les aider à trouver le pouvoir dans une lutte collective pour mettre fin à ces crimes monstrueux. Les mots me manquent …


Question: Vous avez parlé d’être concerné…

Ethan Gutmann: Mais je ne peux pas forcer les gens à s’intéresser. Oui, je veux que les gens se connectent les uns aux autres, à travers la distance, à travers les barrières de langues et de cultures. Et c’est pourquoi il y a de l’art dans mon livre, pas juste de la science. Et oui, ces témoins sont des personnes intéressantes, beaucoup ont eu des vies, très franchement, plus intéressantes que la mienne. Ils ont risqué leurs vies et les vies de leurs familles pour être dans ce livre. Ces gens vous attendent, comme des fantômes qui ne pourront jamais être libres jusqu’à ce qu’ils entrent dans votre esprit. Si vous vous sentez concernés, vous devriez les englober dans votre pensée.


Question: Et les gouvernements, qu’attendez-vous d’eux?

Ethan Gutmann: Je ne m’inquiète pas tellement des gouvernements car les employés de l’administration lisent. Ils ont le temps de lire. S’ils ne lisent pas, ils sont renvoyés. Je voyage à travers le Royaume uni pour le moment avec MM. Kilgour et Matas. Nous sommes reçus avec respect par les gouvernements en général, parce que les employés ont lu nos bouquins et ils savent que c’est assez sérieux. De nos jours, les journalistes n’ont plus le temps de lire. Non, ceci a été écrit pour les gens.


Question: C’est un livre très émouvant, c’est un livre humain.

Ethan Gutmann: Bien, ce n’est pas un problème juridique. Il n’y a vraiment pas de loi en Chine. Par nécessité, c’est un livre sur la lutte humaine. Et je ne présente pas non plus les pratiquants de Falun Gong comme des victimes dans ce livre.

Je ne dis pas que c’est l’histoire définitive du Falun Gong ou le meilleur bouquin qui ait jamais été écrit ou le dernier mot sur ce sujet. Pas du tout! Mais je dis que c’est une histoire qui vaut la peine d’être lue et discutée et, oui, remise en question.

Quant à la politique dans ces atrocités – ce qui est drôle, c’est que je me sens assez optimiste pour dire que nous allons voir des changements prochainement. Nous venons de passer par le Pays de Galles. Pour la seconde fois en fait. Et c’était une très bonne réception par rapport à la première fois. Ils veulent clairement faire quelque chose à ce sujet au niveau politique et pourtant… et pourtant… la vérité est que nous avons toujours su que beaucoup de ces choses sont vraies.

Prenons l’exemple des goulags soviétiques. Dans tout l’Occident, nous savions qu’ils existaient. Et pourtant, il a fallu un livre, en réalité un seul chapitre d’Alexandre Soljenitsyne, l’Archipel du Goulag – je veux dire, le premier chapitre compare les goulags à un système de traitement des égouts. Une métaphore aussi puissante! Même si l’Occident n’a lu que ce chapitre, il a forcé les gens à reconsidérer les goulags, à affronter la vérité. Je ne me compare pas à Alexandre Soljenitsyne. Pas du tout! Mais je voudrais souligner que vous pouvez lire mon premier chapitre sur Amazon sans dépenser un cent. Et quand j’entends les gens dire: «Oh, je pense que je vais trouver ce livre trop dérangeant, trop bouleversant»? Je suis désolé. Nous devons tous faire notre part. La chose la plus dangereuse que nous devons affronter en tant qu’espèce – à part Ebola et les virus et la peste – est notre propre propension humaine à glisser dans le génocide.

Et c’est ce qui se passe maintenant. Dans mon livre, j’interviewe une pratiquante de Falun Gong qui a passé un examen uniquement des organes avec 500 autres prisonniers, principalement des pratiquants de Falun Gong, en mai 2013. Elle a 56 ans, le même âge que moi. Ni elle ni moi ne sommes éternels. Ne devrions-nous pas entendre son témoignage? Et si pas maintenant, quand?

National Review a décrit Ethan Gutmann comme un «immense dénonciateur sociologique et politique». Son livre Losing the New China (Perdre la nouvelle Chine) a reçu les prix «Esprit de Tiananmen», «Meilleur livre de l’année» du New York Sun et le «Prix Chan du journalisme» pour son écriture exceptionnelle. Les recherches primordiales d’Ethan Gutmann sur la surveillance de l’Internet chinois, le système des camps de travail chinois et le croisement des affaires occidentales avec les objectifs de la sécurité chinoise ont reçu une attention soutenue des gouvernements et des bureaux de renseignements de Washington, Londres et Bruxelles.


Texte français : Epoch Times

Version anglaise :
China Expert Ethan Gutmann Talks About His New Book ‘The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to its Dissident Problem’

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