Lundi 15 septembre tard dans la soirée, je recevais un email d'un ami qui m'annonçait la venue de la Vice Premier Ministre chinoise sur Lyon (3ème ville de France proche de laquelle je réside).
Je me suis dit en moi-même, les délais sont trop court pour coordonner une action.
Le lendemain matin, alors que je travaillais sur mon ordinateur, j'ai reçu l'appel d'un étudiant journaliste qui, suite à la manifestation organisée en coopération avec d'autres pratiquants, pour la venue de Xi Jinping à Lyon en mars dernier, avait eu mon contact par la presse. Il me proposait une interview à égale distance de nos lieux d'habitation.
En raccrochant, j'ai compris que je devais me rendre sur les lieux de la visite, quant à être interviewée autant faire acte de présence sur place.
J'ai envoyé des messages aux deux autres pratiquants qui auraient pu me rejoindre, mais ils n'étaient pas disponibles.
Bon, ma décision était prise, je devais être là-bas. J'ai rappelé l'étudiant journaliste lui donnant directement rendez-vous sur place 1h 30 avant l'arrivée de l'invitée de marque.
J'ai appelé le coordinateur des pratiquants en France pour qu'il me donne les grandes lignes sur notre position actuelle vis-à-vis du nouveau gouvernement. Demandé leurs FZN aux pratiquants de France (que je remercie).
Je ne suis pas quelqu'un d'assez érudite dans les affaires politiques chinoises, pour m'aventurer dans des réponses pointues aux questions des journalistes. Et puis, j'avais en tête qu'en retour de l’expérience vécue avec la presse lorsque le n°1 chinois, était venu, les journalistes font aussi des coupures selon les directives. Je décidais cette fois d'aller à l'essentiel dans mes propos.
J'ai appelé le contact de la préfecture de police, qui est devenu quelqu'un de très cordial avec moi et très sympathisant à notre cause. Je lui ai dit que j'allais être présente avec mon tee-shirt jaune sur place. Il m'a dit :"très bien ! Je vous attends."
Les membres du consulat chinois, ayant eu à plusieurs reprises des attitudes arrogantes avec les services de la préfecture de Lyon, ceux-ci sont devenus au fil du temps très heureux de nous voir arriver lors des évènements franco-chinois.
L'institut Franco-chinois à Lyon |
Revêtue de mon tee shirt jaune avec les caractères chinois pour " Falun Dafa - Vérité Bonté-Patience- sont bons", je suis rentrée dans l'enceinte privée de l'institut Franco-chinois où l'étudiant m'attendait et ai clarifié les faits à propos du Falun Gong et de la persécution durant l'interview. Puis j'ai rejoint mon contact de la préfecture entouré de plusieurs responsables et collaborateurs de son équipe, devant l'Institut.
L'endroit était calme, quelques étudiants circulaient dans le parc. Lorsqu'il m'a demandé où en était la persécution en Chine j'ai clarifié les faits pour toute l'équipe qui m'écoutait. J'ai parlé des changements avec le Président XI JINPING qui fait un grand ménage dans le clan de Jiang Zemin qui a initié en personne cette persécution. J'ai parlé d'une association internationale indépendante de médecins menant des actions, alertée par le nombre de prélèvements d'organes, les délais proposés au tourisme de transplantation en Chine et ce que cela impliquait en nombre de personnes disponibles en rapport avec la probabilité génétique.
J'ai expliqué que ma présence symbolique aujourd'hui montrait en quelque sorte une forme de soutient en matière de justice, et assurait la continuité de l'appel des 36 pratiquants de Falun Gong occidentaux sur la place Tiananmen en 1999, que nous maintenons tant que la persécution ne s'arrêtera pas.
L'appel des 36 place Tiananmen en 1999 |
Puis mon contact m'a accompagnée sur un lieu où je serai visible sans déranger le cortège, ni le déroulement des choses. Chemin faisant, il m'a dit qu'en haut lieu le déroulement de la manifestation et notre attitude, lors de la venue de Xi Jinping en mars, avait grandement été appréciés. Je comprenais à travers ces mots, que l'on avait acquis une sorte de crédit pour d'autres occasions à venir. Il y avait des dizaines de policiers, ma détermination était forte, mes pensées droites, et à l'inverse des apparences en mon for intérieur, c'est moi qui les protégeais,
Un tee-shirt jaune et une simple écharpe. |
Lorsque la délégation du consulat est arrivée en tête de cortège, je me tenais sur le trottoir transversal en face, elle est restée assez longtemps au feu rouge pour bien me voir, je tenais l'écharpe du Falun Gong d'une main et de l'autre agitais une main en signe d'accueil.
Une fois les trois fourgons de diplomates noirs garés, le mécontentement n'a pas tardé. Mon contact faisait sans arrêt des allers-retours et me tenait informée de la situation. Il est venu me dire qu'ils étaient descendus de leurs véhicules furieux et avaient demandé immédiatement aux agents de me faire arrêter ; les agents leur ont répondu qu'en France on ne faisait pas cela, qu'il y avait des libertés.
Devant cette réaction à fleur de peau des représentants du Consulat de Chine à Lyon, les agents de sécurité nombreux ce jour là, ont pu se dire que si une personne seule revêtue d’un tee-shirt jaune et agitant simplement la main et une écharpe jaune, suscitait autant de colère, ça devait être quelque chose pour les pratiquants en Chine …
Par la suite pour calmer le jeu, les instances de la ville de Lyon, ont envoyé pour discuter avec moi tout le gratin de l'équipe de service des renseignements intérieurs, dont mon contact, j'ai pu leur clarifier les faits. J'ai bien compris qu'ils avaient l'ordre de venir me distraire et finalement me dissimuler de l'arrivée éminente du cortège de la vice Première Ministre, et des 13 Ministres chinois qui l'accompagnaient.
Alors que le cortège officiel semblait être proche l'équipe s'est mise devant moi pour faire écran, mais dans leur cœur je savais qu'ils n'en avaient pas envie, aussi Ils m'ont quand même laissé de belles échappées pour que je puisse me manifester, faisant quand même semblant de boucher un passage qui me laissait la place.
À la fin, mon contact qui est très grand, m'a dit "c'est bon ils vous ont vus". Plus tard il m'a dit "ça barde ils sont furieux ça va remonter très très loin, jusqu'en en Chine". Plus tard il m'a escortée jusqu'à ma voiture.
En partant il y avait une vingtaine de motards, qui me regardaient, je leur ai souri et fait un petit signe de la main, ils m'ont tous sourit en retour. Ce qui est plutôt rare !
Le lendemain, j'ai échangé avec mon contact quelques textos, alors que je le remerciais pour leur sympathie, je lui annonçais que la prochaine fois j'amènerai une petite échelle. Il m'a répondu "bonne idée !" Et a ajouté "toutes nos excuses pour hier".
J'ai senti que ces personnes qui font le tampon entre nos actions et la colère des chinois sont souvent désemparées et à court d'arguments.
Alors je lui ai écrit ce message : "je vais vous dire quelque chose qui pourrait vous servir lorsque vous aurez à argumenter sur nos libertés en France face au consulat chinois ; en Chinois "France" se prononce "Fa-Guo-o" ce qui signifie en chinois ancien que c'est le pays gardien des principes (du cœur) du Bouddha. De nos jours, cela se traduit par les Droits de l'Homme. Donc nous portons le nom de notre mission dans leur langue. Les chinois le savent et pas nous. Cela les intimide lorsqu'on leur montre qu'ils ont eux-mêmes nommé ce qu'ils contestent aujourd'hui. Cela pourra vous servir dans un avenir proche. Partagez cette info pour faire front."
La réponse a été : "Merci pour cette info ça va effectivement me servir... Au plaisir de vous revoir !"
Ce que j'ai retenu de cette expérience à mon niveau de compréhension est que si les autorités tendent à raccourcir les délais d'information sur les visites des hauts fonctionnaires chinois, rien ne nous empêche de venir seul ou à plusieurs, bien coordonnés, de nous placer à différents endroits sur leur chemin avec nos tee-shirts et nos écharpes pour les saluer, l'effet est le même !
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