Voici la deuxième partie d'une série qui examine le fonctionnement interne des établissements de lavage de cerveau, un élément déterminant dans la persécution du Falun Gong.
Tel que mentionné brièvement dans la première partie de cette série, les centres de lavage de cerveau ont trois sources principales de revenus : les fonds gouvernementaux pour la construction et les coûts opérationnels, les paiements versés par pratiquant détenu (dont des récompenses pour les "transformations réussies", ainsi que des frais de formation et d'accompagnement versés par les employeurs des pratiquants) et les rançons payées par les pratiquants et leurs familles.
Voici les principales sources de financement et de dépenses :
Les revenus des " frais de formation "
Pour chaque pratiquant admis, les centres de lavage de cerveau exigent des " frais de formation ". Ces frais sont payés par l'employeur du pratiquant (si c'est une entreprise publique) ou les autorités locales. Par exemple, lorsque le Bureau 610 de la ville de Langfang a arrêté et envoyé 85 pratiquants dans un centre de lavage de cerveau situé dans un hôtel, l'employeur des pratiquants, le bureau du chinois des oléoducs a dû payer 850 000 yuan. Ces frais varient considérablement en fonction de l'emplacement géographique : en campagne, cela varie de 1 500 yuan pour un résident local à 30 000 yuan pour un détenu originaire d'un autre village.
Alors que certaines entreprises publiques ont été forcées à couvrir les frais, d'autres se sont portées volontaires pour le faire. Par exemple, après que le Bureau 610 de Liaohe ait arrêté et envoyé près de 100 pratiquants des champs pétrolifères de Liaohe dans un centre de lavage de cerveau, les autorités des champs pétrolifères ont payé volontairement 3 500 yuan par pratiquant comme frais de formation. [43]
Certaines entreprises ont été intimidées par les frais exorbitants. Lorsque Mme Qiu Liying a été arrêtée en janvier 2003, des responsables ont demandé à son employeur, la raffinerie de pétrole de Shijiazhuang, de payer 15 000 yuan. [9] Après des négociations, les frais ont été réduits à 50 000-60 000 yuan pour 12 mois ou 4 000-5 000 yuan par mois. [44]
Lorsque des sessions de lavage de cerveau avaient lieu dans le camp de travail de Changle, les responsables y incarcéraient souvent les pratiquants pendant un ou deux mois. Après qu'une enseignante ait été détenue pendant 53 jours, les autorités ont extorqué 13 000 yuan à son employeur qui a refusé d'envoyer davantage de pratiquants au centre de lavage de cerveau.
Même si les pratiquants étaient retraités ou avaient été licenciés, leurs anciens employeurs étaient tout de même tenus responsables de ces frais de formation. Par exemple, en septembre 2012, Mme Huang Yanyun, une enseignante de maternelle à la retraite, a été détenue au centre de lavage de cerveau de Xining pendant 35 jours. Les autorités ont forcé l'école maternelle de Dongfeng, son ancien employeur, à payer 5000 yuan. [40] Un autre exemple est celui de M. Wang Zhiliang, un pratiquant de la ville de Shijiang qui avait été licencié. Lorsque les autorités l'ont envoyé au centre de lavage de cerveau de Shijiazhuang en septembre 2007, ils ont extorqué entre 3000 et 6000 yuan en frais de formation à son ancien employeur. [13]
Les frais de formation varient selon la situation géographique et sont généralement beaucoup plus élevés, voire plus de 10 fois plus élevés que les salaires moyens régionaux. Par exemple, le centre de lavage de cerveau de Hubei a exigé des frais de formation de 15 000 yuan par mois alors que le salaire moyen était de 460 yuan. Comme le salaire moyen a augmenté à 580 yuan en 2007, les frais de formation se sont élevés à 30 000 yuan par mois. [45]
Voici une liste des frais de formation exigés par 42 centres de lavage de cerveau pour lesquels nous avons des informations détaillées.
Comme l'indique le tableau ci-dessus, les frais de scolarité ont été comptabilisés pour les cas où l'information était disponible. Les frais moyens s'élèvent à plus de 9 400 yuan par mois par pratiquant.
Lorsqu'un pratiquant n'est pas affilié à une entreprise publique, les autorités locales absorbent la totalité des frais. Dans le cas du centre de lavage de cerveau de Luotaishan dans la ville de Fushun, province du Liaoning, les autorités du canton ont payé 1 500 yuan par pratiquant par session, alors que les autorités municipales et nationales ont chacune payé 1 000 yuan. [34] Chaque session dure environ un mois.
Pour chaque pratiquant de Shenzhen envoyé dans le centre de lavage de cerveau local en 2012, les autorités municipales ont payé 70 000 yuan. [5] Les autorités de Ximeng en Mongolie intérieure ont adopté le même système. En 2011, les frais étaient de 7 000 yuan par pratiquant. [37]
Les revenus des " frais d'accompagnement "
Les centres de lavage de cerveau engagent généralement quatre types d'employés : des responsables du Bureau 610 ou des camps de travail, des "instructeurs" (des pratiquants qui ont été « transformés » dans le passé), des accompagnateurs travaillant pour le même employeur que le pratiquant et des agents de sécurité engagé temporairement.
En plus de payer les frais de formation, les employeurs des pratiquants devaient aussi envoyer au moins deux accompagnateurs pour rester avec les pratiquants et les surveiller jour et nuit. En juillet 2001, lorsque le Comité national du travail a tenu une session de lavage de cerveau dans le district de Changping près de Pékin, ils ont demandé à avoir trois accompagnateurs de chaque lieu de travail des pratiquants, dont un directeur et deux collègues. [46]
Élément crucial du processus de " transformation ", les accompagnateurs sont chargés d'isoler les pratiquants physiquement et psychologiquement entre eux. Par exemple, au centre de lavage de cerveau de Xinjin, province du Sichuan, les pratiquants n'ont pas l'autorisation d'aller au réfectoire. Leurs accompagnateurs doivent leur apporter leurs repas.
Même aller aux toilettes nécessite l'autorisation des deux accompagnateurs : ils doivent s'assurer qu'aucun autre pratiquant n'est dans les environs avant d'escorter le pratiquant qui lui est attribué aux toilettes. Les accompagnateurs diffusent des vidéos de propagande à leurs pratiquants assignés, tiennent un dossier de tous leurs comportements et rapportent le tout aux autorités.
Les employeurs qui ne souhaitent pas fournir deux accompagnateurs doivent payer des " frais d'accompagnement" pour la main d'œuvre employée par le centre de lavage de cerveau. Selon nos statistiques incomplètes, les frais de chaque accompagnateur varient entre 80 et 100 yuans par jour. [47] [48] [49] Comme les centres exigent deux accompagnateurs par pratiquant, les frais d'accompagnement pour chaque pratiquant totalisent entre 4 800 et 6 000 yuan par mois.
Les centres de lavage de cerveau tirent une grande marge de profits sur les frais d'accompagnement. Par exemple, en 2003, un centre de lavage de cerveau de Fushun, province du Liaoning, a engagé des individus en tant qu'accompagnateurs et les a payés 280 yuan par mois. [50] En 2010, le centre de lavage de cerveau de Xinjin à Chengdu, province du Sichuan, a payé des accompagnateurs 700 yuan par mois, en plus de les loger et de les héberger. [51] « L'École de formation juridique » de Shenzhen paye des travailleurs sans emploi un peu plus de 1 000 yuan par mois pour intervenir comme accompagnateur et surveiller les détenus jour et nuit. [52]
Dans certains cas, les employeurs des pratiquants profitent de ce système et demandent aux membres de leur famille d'agir comme accompagnateur afin de faire rapidement de l'argent. Par exemple, dans le centre de lavage de cerveau du Hebei, l'employeur d'un pratiquant a utilisé des fonds de l'entreprise pour payer les frais d'accompagnement à sa sœur (100 yuan par jour sur plusieurs mois) pour agir comme accompagnatrice du pratiquant. Parfois, ces frais peuvent être plus tard déduits du salaire du pratiquant. [53]
Frais de construction et d'équipement
D'après les chiffres fournis dans la 1e partie, la construction des centres de lavage de cerveau de niveau provincial coûte en moyenne 20 millions de yuan, alors que les centres de niveau municipal coûtent en moyenne 1,8 million de yuan. Le financement provient des autorités centrales, des autorités locales et du secteur privé.
Par exemple, des 35 millions de yuan utilisés pour construire le centre de lavage de cerveau du camp de travail de Shapingba, environ 20 millions provenaient d'un emprunt d'État. Les provinces du Wuhan et du Hubei ont déjà attribué 4 millions de yuan pour soi-disant construire un nouveau siège de contrôle des inondations, mais l'argent a en fait été utilisé pour construire un centre de lavage de cerveau. [55]
En plus de construire des établissements (ou de les rénover dans le cas où on réaffecte des immeubles existants), les centres de lavage de cerveau requiert aussi l'installation de divers équipements de torture (cellules d'isolement, systèmes de surveillance, matraques électriques, menottes, chaînes, lit de mort, etc).
De temps en temps, des frais supplémentaires sont nécessaires pour ajouter de nouveaux équipements ou pour remplacer des équipements usagés. Par exemple, le Bureau 610 de la ville de Lanzhou dans la province du Gansu a donné 100 000 yuan au centre de lavage de cerveau de Gongjiawan en juin 2012 pour du mobilier de salle de réunion, des télévisions et de la literie. [56] Le centre de lavage de cerveau de Jinan a dépensé 103 035 yuan en mai 2012 pour installer des systèmes de surveillance. [57]
Le secteur privé verse des contributions sous la forme de cotisations obligatoires : lorsque le Bureau 610 de la province du Hebei a ordonné aux organisations de niveau provincial et municipal de verser des cotisations pour la rénovation des centres de lavage de cerveau, l'entreprise thermoélectrique de Dongfang à Shijiazhuang a payé la somme forfaitaire de 200 000 yuan. [54]
Coûts opérationnels
Les coûts opérationnels quotidiens comprennent les salaires des employés, les frais de services et de location (s'ils ne sont pas propriétaires de l'établissement). Par exemple, le coût de location du centre de lavage de cerveau de Changchun dans la province du Jilin s'élève à lui seul à des centaines de milliers de yuan par an. [58]
Les autorités locales financent généralement les salaires des employés. Par exemple, le centre de lavage de cerveau de Lannigou dans la province du Guizhou emploie deux secrétaires du Parti communiste et beaucoup d'agents responsables de la logistique, de la sécurité, des collaborateurs, etc. Les secrétaires bénéficient de voitures et de chauffeurs.
De plus, des dizaines « d'instructeurs » sont engagés pour « transformer » les pratiquants. Ils travaillent neuf heures par jour et des navettes sont mises à leur disposition pour leurs déplacements. Un grand nombre d'agents de sécurité sont aussi engagés, la majorité desquels sont des travailleurs sans emploi. Les employés qui travaillent dans les réfectoires sont souvent des détenus de centres de lavage de cerveau. Cependant, les salaires sont payés à leur centre de détention et non aux individus.
Ces dépenses se traduisent par des frais opérationnels élevés : le fonctionnement du centre de lavage de cerveau de Pékin coûte près de 400 000 à 500 000 yuan [57] alors que le centre de lavage de cerveau de Banqiao dans la province du Hebei coûte trois millions de yuan par an. [59] Le centre de lavage de cerveau de Xili à Shenzhen, province du Guangdong, emploie seulement 12 personnes et coûte près de 300 000 yuan par mois. [52] Les autorités voyagent souvent à l'intérieur ou à l'extérieur du pays pour des raisons de « formation » et reçoivent de grosses primes.
Ceci conclut la deuxième partie d'une série de quatre parties sur l'industrie de lavage de cerveau en Chine. Les articles à venir traiteront davantage de la façon par laquelle le système permet aux autorités de s'enrichir.
Pour voir les références (veuillez consulter la version en anglais au lien ci-dessous)
Version anglaise :
A Close Look at the Brainwashing Industry in China: Revenue and Expenditures (Part 2 of 4)
* * *
Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.