Si vous êtes un lecteur régulier d’Epoch Times, vous savez que nos chroniqueurs ont prédit avec exactitude les évènements très importants qui se déroulent actuellement en Chine. Il y a une question sous-jacente que nos journalistes prennent en considération et qui nous permet de voir la situation actuelle avec clarté. Cela explique la chute soudaine de Bo Xilai et permet également de donner une idée sur comment et pourquoi Google a été obligé de quitter la Chine.
Je vais faire une affirmation qui peut paraître audacieuse: le Falun Gong et la persécution du Falun Gong sont la question fondamentale derrière les évènements politiques extraordinaires que nous voyons se dérouler aujourd’hui en Chine. Notre échec à comprendre l’impact du Falun Gong et à en tenir compte dans nos relations avec la Chine, ne signifierait pas seulement mettre les droits de l’homme en veilleuse. Cela signifierait aborder la Chine avec les yeux fermés.
Tout d’abord, au risque de sembler minimiser l’importance d’autres sujets primordiaux, liés aux droits de l’homme en Chine, j’aimerais souligner que mon confrère Yiyang Xia va expliquer sur la manière dont l’appareil répressif, développé au cours des treize années de persécution du Falun Gong, a été utilisé plus récemment pour cibler les défenseurs des droits de l’homme de tous genres.
J’aimerais souligner quatre points.
1. Il y a une faction au sein du Parti communiste chinois qui a cherché à renverser l’ordre établi et à s’emparer du pouvoir.
Epoch Times a eu connaissance de cette information en février. Wang Lijun était le chef de la police pour Bo Xilai qui dirigeait la mégapole de Chongqing dans le centre-ouest de la Chine. Wang a fait plusieurs heures de voiture pour fuir au consulat américain à Chengdu. Il avait été l’objet d’une enquête menée par les organes du Parti: Bo craignait que Wang ne dévoile la vérité, ainsi il s’est tourné contre Wang. Ce dernier a fui pour sauver sa vie – pas seulement pour soumettre des preuves de l’implication de la femme de son patron dans un meurtre. (Après avoir entendu mon confrère David Matas parler au sujet du rôle de Wang dans les prélèvements d’organes à grande échelle sur des pratiquants de Falun Gong, nous trouvons peu probable que Wang a tout à coup eu mauvaise conscience et a voulu confronter Bo au sujet de la mort de Neil Heywood).
Bill Gertz, un journaliste spécialisé dans le domaine de la sécurité nationale américaine, a indiqué que Wang Lijun avait révélé aux fonctionnaires américains que Bo Xilai et Zhou Yongkang étaient en train de comploter pour contrecarrer l’ascension au pouvoir de Xi Jinping qui est censé assumer le rôle de dirigeant du Parti communiste chinois à la fin de cette année (ou au début de l’année prochaine si le Congrès du Parti est rapporté).
L’alliance entre Bo et Zhou était bien connue. Zhou était le tzar de la sécurité intérieure au sein du Parti communiste et il avait ouvertement propulsé Bo au Comité permanent – le groupe des neuf personnes qui dirigent le Parti et la Chine – au poste de responsable pour tout ce qui est lié au maintien de l’ordre dans toute la Chine. Wang a révélé que cette alliance cachait beaucoup plus qu’il n’y paraît aux premiers abords: après la nomination de Xi, Bo et Zhou avait prévu de l’écarter du pouvoir et de promouvoir Bo.
Les sources chinoises d’Epoch Times ont confirmé les propos de Gertz, de même que les médias dissidents chinois, qui comme Epoch Times, ont fidèlement couvert le déroulement des évènements dans le drame politique actuel.
D’autres faits ont émergé dans l’article d’Epoch Times expliquant pourquoi Google a été contraint de quitter la Chine. Bo et Zhou voulait manipuler les recherches sur internet afin de mettre des informations embarrassantes sur Xi Jinping, Wen Jiabao et Hu Jintao. Ils souhaitaient utiliser l’Internet pour les affaiblir. Afin de contrôler les recherches internet, ils ont passé un accord avec Baidu – le moteur de recherche qui était à l’époque le principal concurrent de Google en Chine. Ils auraient évincé Google, Baidu aurait pris toutes ses parts du marché et aurait alors adapté les recherches internet selon les exigences de Bo et Zhou.
En fait, Bo et Zhou ont réussi à écarter Google et les résultats de recherche sur Baidu pour «Xi Jinping», «Hu Jintao» et «Wen Jiabao» ont commencé à faire apparaître des articles avec des titres du genre «Le fils de Hu Jintao est extrêmement corrompu; Jiang Zemin souhaite éclaircir à fond ce point» et «Xi Jinping est un débauché, il s’amuse avec des femmes au Zhejian derrière le dos de sa seconde épouse», et ainsi de suite.
En résumer: Bo et Zhou ont cherché à s’emparer du pouvoir à l’aide de moyens très spéciaux. Les médias ont souvent parlé des «luttes intestines» en Chine. Ces mots sont trompeurs. Il ne s’agit pas de manœuvres parlementaires, mais de choses graves et macabres. Avant que cela ne finisse, nous risquons d’être témoins d’exécutions.
2. La décision de persécuter le Falun Gong a forcé Jiang Zemin à créer un pouvoir alternatif au sein du Parti communiste.
En 1999, Jiang Zemin a commencé la persécution du Falun Gong. C’était une décision très controversée et pour finir, la situation s’est complètement transformée en un cauchemar pour le Parti.
Cela vaut la peine de jeter un coup d’œil sur les choses écrites après son début. En novembre 1999, John Pomfret du Washington Post a écrit: «La campagne a révélé une dissension dans les hautes sphères du pouvoir, portant atteinte à l’image unie et pragmatique des dirigeants de Chine. Des sources du Parti communiste ont annoncé que le Comité permanent du Politburo n’avait pas fait l’unanimité pour approuver la répression et que le Président Jiang Zemin avait décidé seul le fait que le Falun Gong soit éliminé».
Pensez à l’immensité de ce que Jiang a décidé de son propre chef. En 1999, entre 70 et 100 millions de personnes pratiquaient le Falun Gong. Chacune de ces personnes avait une famille, des amis, des voisins et des collègues. En fait, Jiang a déclenché la guerre du Parti communiste contre une très grande partie du peuple chinois.
Jiang pensait que sa campagne serait terminée en trois mois. Quand il a réalisé que ce n’était pas le cas, il a dû improviser. Comme sa campagne n’était pas populaire, Jiang a dû recruter des fonctionnaires pour la mener à bien par des moyens de corruption, de chantage et de coercition, en créant une faction qui avait des liens directs et personnels avec lui.
Jiang devait s’assurer que la persécution continuerait. Sinon, il aurait des raisons de craindre pour son héritage, pour sa liberté et même sa vie pourrait être en danger. Si le Parti mettait fin à la persécution, alors une énorme partie de la population qui avait été persécutée demanderait des comptes.
En 2002, lorsque Jiang a dû prendre sa retraite en tant que chef du Parti communiste, il a élargi le Comité permanent en y introduisant deux membres de son groupe. De plus, il a modifié les règles de fonctionnement du Comité permanent. Sous sa direction, il y avait la règle «d’obéir au Secrétaire général». Après son départ, la règle a été de «travailler par consensus». Comme le groupe de Jiang dominait le Comité, ces changements préservaient le maintien du contrôle par ce dernier.
En plus de tout cela, Jiang a créé le Comité des affaires politiques et législatives ou CAPL, un deuxième centre de pouvoir au sein du Parti. Le CAPL contrôle chaque aspect de l’application des lois en Chine, de la police aux juges, avocats, camps de travaux forcés et de la surveillance. L’effectif de la Police populaire armée compte 1,5 millions de personnes, la taille d’une armée. Jiang a assuré que tous les moyens de coercition, en dehors de l’armée, étaient sous le contrôle de ses alliés, ce qui lui donnait, ainsi qu’à sa faction, une sorte d’indépendance par rapport au Parti communiste lui-même.
Cela vaut la peine de réfléchir au coût d’un appareil capable de réprimer un tel nombre de personnes – un sujet que mon confrère Yiyang Xia couvrira un peu plus tard.
Fin de la première partie
Making Sense of China’s Political Crisis
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