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| Le Premier ministre chinois Wen Jiabao (troisième depuis la droite) lors de la visite de l'ancien camp nazi allemand d'Auschwitz-Birkenau. Lorsque le Premier ministre Wen Jiabao a pris l'initiative de faire des remarques sur le site du camp de concentration d'Auschwitz, il s'adressait au peuple chinois, estiment les auteurs de cet article. (Pawel Ulatowski/AFP/GettyImages) |
"Le drame d’Auschwitz est une tragédie pour toute l’humanité", a déclaré le Premier ministre de la République populaire de Chine, Wen Jiabao, lors d’une visite à Auschwitz le 27 avril 2012. "La tragédie est passée, mais les leçons qu'elle nous laisse resteront à jamais', a ajouté Wen à la fin de son discours.
En sortant d’Auschwitz, Wen Jiabao a signé le livre d’or avec ces mots: "En connaissant l’histoire, nous pouvons nous projeter vers le futur".
Depuis la libération en 1945, le camp de concentration d’Auschwitz a été considéré comme un symbole du mal fait à l’homme. On estime que 1,3 million de personnes, en grande majorité juives, mais aussi des Polonais, des Tziganes et d’autres encore, y ont été exterminées par le régime nazi.
L’évocation d’Auschwitz par Wen Jiabao se produit dans le contexte des changements rapides qui ont lieu à Pékin et qui rendent possible d’envisager un nouveau type d'avenir pour la Chine.
Bo Xilai, un ancien poids lourd du PCC, a été relevé de toutes ses fonctions au PCC et fait actuellement l’objet d’une enquête.
Zhou Yongkang, membre permanent au Comité permanent du Bureau politique et chef de la puissante Commission des Affaires politiques et législatives, ferait également l’objet d'une enquête.
A Chongqing, les proches de Bo Xilai ont fait l’objet d’une «purge», et le chef du PCC, Hu Jintao et Wen Jiabao ont été occupés à rassembler les militaires et plusieurs figures du PCC derrière eux. Un changement majeur dans le paysage politique en Chine est en train de prendre place.
Comme le disent Hu et Wen, le monde – et le peuple de Chine- sont dans l’attente d'une réponse à cette question: qu'est-ce que ce changement signifie? Une fois le vent retombé, y aura-t-il un simple remaniement? Ou quelque chose de nouveau va-t-il émerger?
Tout au long de sa carrière, Wen a été associé à ceux qui voulaient apporter la réforme au sein du PCC. Dans ses discours, il mentionne régulièrement la nécessité d'introduire la primauté du droit et la démocratie en Chine et parle d'une Chine dont le gouvernement soit indépendant du PCC - une perspective impensable pour quelqu'un comme Bo Xilai.
Mais ce qui a été abordé par Wen à Auschwitz est quelque chose de plus fondamental que la primauté du droit et la promotion de la démocratie.
Ses remarques à Auschwitz, et les précisions sur comment les pays traitent le fait d'avoir commis des crimes contre l'humanité, ont été préfigurées par quelque chose qu’il a déclaré à la conclusion de sa conférence de presse le 14 mars 2012, à la fin de l’Assemblée populaire nationale. Wen a demandé le pardon et la miséricorde du peuple chinois.
Le commentateur politique Zhang Tianliang a souligné que l'on peut demander pardon pour avoir commis une erreur. Mais on demande la miséricorde pour avoir commis un crime.
Le PCC a une longue histoire de crimes. Il y a eu quelque 80 millions de morts non-naturelles en raison de la tyrannie du PCC. Mais en tant que Premier ministre Wen ne porte aucune responsabilité pour les campagnes sanglantes menées sous la politique de Mao.
Le crime qui pèse lourd sur Wen, et sur l’ensemble du PCC, c'est la persécution de Falun Gong.
Des initiés ont rapporté que lors des conseils du Parti, Wen a demandé qu'il y ait réparation sur la question du Falun Gong – la pratique du Falun gong ne devrait plus être considérée comme un crime par le PCC et la persécution devrait prendre fin.
Bo et Zhou, deux importants officiels du PCC à avoir le plus perdu au cours des derniers mois, étaient, chacun, très impliqués dans la persécution du Falun Gong.
"Cette histoire nous dit que nous devons nous opposer à la guerre, aux discriminations raciales et aux atrocités. Des pays qui ont déchaîné la guerre et apporté le désastre à l’humanité doivent aborder l’histoire de manière appropriée et en tirer les leçons", a précisé Wen. "Ce n'est qu'alors, quand ils seront capables d’admettre leurs crimes, leur culpabilité, qu’ils pourront être respectés par la communauté internationale".
À Auschwitz, Wen a pris en compte les enseignements de l’histoire quant à comment traiter le fait d’avoir causé "une catastrophe à l’humanité".
Pendant qu’il abordait la façon dont les pays doivent reconnaître leurs crimes, il avait tout à fait conscience que la nation chinoise n’a pas commis d’atrocités contre le Falun gong. Le PCC les a commis. Bo, Zhou, l'ex-chef du PCC Jiang Zemin, et d'autres qui faisaient partie du gang de Jiang, ont contribué à la réalisation du mal
causé par la persécution.
100 millions de pratiquants de Falun Gong et leurs familles en ont été victimes. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Et la persécution, ainsi que de multiples autres violations des droits de l’homme, ont apporté la honte à la Chine.
Quand une Nation a été à la fois victimisée et déshonorée par des crimes commis en son nom, elle retrouve son honneur et son estime de soi en traduisant en justice les criminels. Quand le peuple chinois juge ces responsables de la persécution du Falun Gong, il se dissocie des crimes du PCC. Les Chinois réclameront leur dignité et placeront la Chine sur une nouvelle base morale, et qui affirmera le caractère sacré de la vie et de la conscience.
Les mots de Wen Jiabao à Auschwitz ont indiqué au peuple chinois que le chemin vers l'avenir exige qu’ils désavouent les crimes du passé.
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