David Matas, avocat spécialiste des droits de l'homme (Yoshikazu Tsuno/AFP/Getty Images)
La Société canadienne de transplantation est devenue la première organisation de son genre à adopter une politique qui indique aux médecins comment interagir avec les patients intéressés par le tourisme de transplantation d'organes.
La politique, qui voit le jour à un moment où le tourisme de transplantation prend de l'expansion à travers le monde, a été bien accueillie par les défenseurs des droits de la personne qui s'opposent depuis longtemps aux prélèvements d'organes sur des victimes non consentantes et innocentes.
La politique a été discutée lors du 23e Congrès international de la Société de transplantation, une organisation internationale mise sur pied pour faire avancer la science et les pratiques cliniques de la transplantation d'organes et pour établir une ligne directrice au sujet des pratiques éthiques impliquant ces procédures.
Le congrès, tenu à Vancouver, a rassemblé les sociétés de transplantation de divers pays. David Matas, un avocat de Winnipeg spécialisé en droits de l'homme et sélectionné pour le Prix Nobel de la paix, était l'un des conférenciers et il a fait l'éloge de la nouvelle politique.
Matas, de pair avec David Kilgour, ancien député fédéral et ex-secrétaire d'État pour l'Asie-Pacifique, a publié un rapport et un livre au sujet des prélèvements d'organes forcés sur les prisonniers de conscience en Chine.
La politique a émergé de directives passées lors de rencontres précédentes de l'Assemblée mondiale de la Santé qui exhortaient les États-membres à prendre des mesures afin de protéger les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables au tourisme de transplantation et à la vente de tissus et d'organes.
La politique stipule que les patients devraient être mis en garde au sujet des dangers éthiques et médicaux associés au tourisme de transplantation. Ceci inclut la manière avec laquelle les individus qui vendent leurs organes auraient pu être exploités ou blessés et le fait que certains organes ont pu être prélevés de force.
«Toute l'industrie du tourisme de transplantation dépend du secret, ce qui rend impossible de déterminer si les informations des donneurs fournies par les courtiers d'organes, qui sont motivés par les profits, sont exactes», indique la politique.
Si un patient va de l'avant avec l'achat d'un organe, la nouvelle politique accorde le droit aux médecins de refuser de fournir des dossiers médicaux, des médicaments ou d'entreprendre d'autres actions qui pourraient faciliter l'achat d'un organe par un patient.
«Il y a des preuves substantielles que la transplantation illégale d'organes dans un système non réglementé implique des risques importants tant pour les receveurs que les fournisseurs d'organes. Ainsi, les médecins peuvent choisir de ne pas fournir des dossiers médicaux à des patients s'ils sont d'avis que l'information sera utilisée afin de faciliter une transplantation d'organe illégale pratiquée dans un système non réglementé et s'il y a un risque important de préjudice contre le patient ou le fournisseur d'organe», mentionne la politique.
En entrevue avec La Grande Époque durant le congrès, David Matas a discuté des méthodes de la Chine dont la banque d'organes est constituée de prisonniers condamnés à mort et de pratiquants de Falun Gong emprisonnés en raison de leurs croyances.
«[Le régime chinois] admet qu'il exécute des prisonniers pour leurs organes; il n'admet pas qu'il s'agit de pratiquants de Falun Gong, mais il admet qu'il s'agit de prisonniers», a commenté M. Matas.
David Matas estime que la communauté internationale doit se positionner contre les prélèvements d'organes illégaux et il affirme qu'il y a récemment un plus grand intérêt pour la question alors que des groupes de défense des droits de la personne et d'autres sont passés à l'action.
«Nous constatons de plus en plus d'opposition à l’approvisionnement d'organes venant de prisonniers.»
Dernièrement, Amnesty International a demandé aux pays de cesser d'utiliser des organes provenant de prisonniers exécutés – en montrant du doigt la Chine particulièrement – une pratique documentée par l'organisation depuis 1993.
Amnesty était parmi les dirigeants de compagnies pharmaceutiques et les experts qui ont participé au congrès du 15 au 19 août.
David Matas a fait remarquer que Novartis, une grande compagnie pharmaceutique, a répondu à l'appel d'Amnesty de cesser de participer à des essais cliniques en Chine de médicaments antirejet utilisés pour empêcher le système immunitaire d'un patient de rejeter un organe nouvellement transplanté.
«C'est très positif», a-t-il dit, ajoutant que si une compagnie pharmaceutique va de l'avant, d'autres vont peut-être suivre.
Version originale : Warn Patients About Transplant Tourism, Transplant Society Tells Doctors
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