Une des images des fausses immolations de la place Tian An Men. (Newsmakers) |
Depuis le 12 janvier 2010, jour où Google a déclaré ne plus se soumettre au filtrage forcé du parti communiste chinois (PCC) dans les recherches d’information sur internet, et jusqu'au 23 mars où le moteur de recherche a annoncé officiellement qu’il arrêtait la censure en déplaçant ses serveurs à Hong Kong, la presse internationale écrit abondamment autour de la thématique «censure/anti censure». L'acharnement du PCC et la détermination de Google ont attiré l’attention sur les mots-clés que le régime chinois souhaite bloquer…et par suite logique sur les informations et vérités qu'il veut dissimuler au peuple chinois.
Des filtres à rigueur sélective
En Chine continentale, les sites à contenu pornographique, cible dite prioritaire des autorités chinoises, sont filtrés au mieux à 70%. D'autres informations par contre, par exemple celles concernant le mouvement bouddhiste Falun Gong sont, elles, bloquées au-delà de 95%. Entre les dates du 12 au 17 janvier 2010, Google a temporairement supprimé le blocage de certains mots, permettant aux Chinois continentaux de voir la célèbre photo «seul face aux chars» symbolique des massacres de la place Tian An Men en 1989, et des informations positives sur le Dalaï Lama. La recherche sur les trois idéogrammes «Falun Gong» aboutissait par contre encore aux informations officielles de Pékin sur le mouvement spirituel.
Parmi les résultats autorisés de la recherche en chinois simplifié des mots «Falun Gong», l’affaire de «l’auto immolation des pratiquants de Falun Gong sur la place Tiananmen» de 2001 occupe une place importante. Au moment de cette médiatique affaire et du battage international que Pékin en a fait, l'opinion publique en Chine continentale était en train de passer vis-à-vis du Falun Gong d'une empathie silencieuse à un soutien de plus en plus affiché. Après l'immolation, les membres du mouvement, de paisibles pratiquants d'exercices énergétiques, sont devenus pour beaucoup des illuminés tentant d'atteindre le paradis en s'immolant par le feu. L’influence de ces informations a été déterminante sur l’opinion chinoise.
Mais, le 14 août 2001, le Programme International des Nations Unies pour le Développement de l’Education (PNUED) a publié une déclaration dans laquelle elle affirme sans détour et après analyse des vidéos que «la scène à été montée de toutes pièces par le gouvernement». De plus, le PNUED a fermement dénoncé devant l’assemblée générale de l’ONU «le terrorisme d’état» pratiqué par le régime chinois: «Des familles ont été déchirées parce que certains des leurs ont été tués par le régime. On a causé la perte de nombreuses personnes, non pas par la pratique du Falun Gong, mais par la torture, les incarcérations en hôpitaux psychiatriques où ils subissent des traitements extrêmement violents, le travail forcé dans les camps et autres traitements de ce genre».
Et la vie des Chinois?
Google, tant qu'il acceptait les règles nécessaires au maintien sur le marché chinois, n’avait d’autre choix que d’appliquer les ordres du Parti communiste chinois (PCC) et effectuer un blocage total de ces informations. Mais ce qui a été bloqué par Google ne s’arrête pas là. Aucun Chinois en Chine continentale – sauf à savoir détourner les blocages internet par des logiciels spécialisés, ne sait par exemple que des études officielles chinoises menées en 1998 sur un échantillon de 30.000 pratiquants du Falun Gong avaient montré des effets bénéfiques pour la santé, faisant alors dire au directeur de la Commission des Sports: «Si cent millions de Chinois le pratiquent, ce sont cent milliards de yuans économisés en dépenses de santé chaque année». Ni que «la pratique interdite» est maintenant présente dans plus de 100 pays où elle est appréciée comme méthode de relaxation ou une voie de sagesse.
Pour beaucoup et peut-être naïvement, si Google a cessé de se plier aux exigences du régime chinois, jusqu’à abandonner le marché publicitaire continental mis en place tant bien que mal pendant trois ans, cela signifie que les hautes sphères de Google ont commencé à se rendre compte du poids de l’information qu’ils avaient bloquée. Les contenus qu’ils avaient filtrés étaient en fait très probablement parmi les «mots clés» les plus importants pour la vie des Chinois. Les sympathisants du Falun Gong rappellent que la gigantesque campagne de répression du mouvement a eu un impact quasiment sur toutes les familles de Chine continentale. «Avant la répression en juillet 1999, il y avait près de 100 millions de Chinois qui pratiquaient Falun Gong» rappelle le mouvement. «Le PCC a employé la méthode de répression des proches et des familles, donc quasiment toutes les familles chinoises ont été directement ou indirectement touchées par cette vague de persécution.»
«L'affaire de l'immolation de la place Tienanmen» - Rappel des faits
Pas de fumée sans feu – un événement trop utile pour être fortuit
Le 23 janvier 2001, l’après-midi du réveillon du Nouvel An chinois, sur la place Tiananmen à Pékin, cinq personnes s'aspergent d’essence et s'immolent. Une d'entre elles, une femme nommée Liu Chunling, décède. Les quatre autres personnes, y compris Liu Siying, la fille de Liu Chunling, sont gravement brûlées.
Hasard des circonstances, pour une raison que l’on ignore, ce jour-là, deux voitures de police contenant une vingtaine d’extincteurs étaient stationnées sur le bord de la place. Toujours sans raison apparente, la télévision China Central Television a réussi à filmer avec plusieurs caméras cette scène soudaine, n’ayant duré que quelques minutes en tout et pour tout, pour en faire une «information exclusive». Après l’affaire, l’agence de presse chinoise a changé son habitude qui était de publier le reportage en anglais deux jours plus tard, pour publier l’information en anglais dans les deux heures qui ont suivi, en identifiant les personnes comme des «Falun Gong», voulant s’immoler pour «monter au ciel et atteindre la plénitude». Ensuite, la rubrique Focus sur l’actualité a diffusé un documentaire principalement produit par Chen Mang, intitulé «l’affaire de l’immolation place Tiananmen».
Le 23 décembre 2008, cet ancien vice-directeur du service des commentaires de l’actualité de la chaîne CCTV décède. Faveur sans précédent, ce «petit soldat» (Xiaobing) a vu ses cendres reposer dans le mausolée des hauts fonctionnaires chinois, le Babao Shan (la montagne aux huit trésors). Un endroit auquel même Zhao Ziyang, par deux fois secrétaire général du PCC et Li Zuopeng, ancien vice-conseiller général de l’armée de la libération et commissaire politique de la marine, n’ont pas réussi à accéder.
Pour les internautes chinois qui ont avidement débattu du sujet, les faits sont clairs: Chen Mang avait accepté une mission secrète de Luo Gan, secrétaire de la commission centrale politique et judiciaire, consistant à orchestrer la mise en scène sur la place Tiananmen, et à le diffuser comme une vraie information. Chen Mang aurait ainsi dépêché sur place des caméras et des journalistes, précédant les acteurs de la scène, venus du Hunan.
Une arnaque monumentale
Après cette affaire, tous les médias internationaux ont rediffusé le reportage des médias de Chine continentale. Cependant, en analysant le reportage original de la presse chinoise, des experts médicaux ont décelé au moins 14 points de doutes, paradoxaux et clairement falsifiés. Mais ces analyses et ces doutes ont été filtrés et bloqués par Google en Chine et les médias chinois.
Par exemple, une jeune fille censée être gravement blessée et ayant subi une trachéotomie peut encore parler et chanter avec une parfaite prononciation – impossibilité médicale. Les brûlures des «victimes» sont recouvertes de bandages hermétiques alors qu'elles doivent être laissées à l'air, les journalistes pénètrent dans les chambres sans vêtements de protection et sans aucun souci d'asepsie. Sur la place Tian An Men, un policier qui tient une couverture anti-feu au-dessus d'une des victimes hésite, attend que celle-ci ait crié un slogan Falun Gong devant la caméra, et seulement alors la recouvre de la couverture.
Parmi d'autres détails, un journaliste du Washington Post a enquêté sur la jeune femme décédée, Liu Chunling, et révélé qu’elle n’avait jamais pratiqué le Falun Gong. Sa fille, qui avait bien récupéré de ses brûlures, est décédée mystérieusement par la suite.
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