La semaine dernière, j’ai été surpris par un coup de fil dans lequel mes parents ont dit qu’ils m’appelaient du téléphone de leur domicile. Ce qu’ils n’avaient jamais fait depuis que je suis arrivé pour la première fois aux Etats-Unis en 1997. Alors que la vie n’a cessé d’augmenter en Chine, leurs salaires n’ont pas bougé et appeler à l’étranger représente un luxe pour eux, et j’ai toujours insisté pour que ce soit moi qui les appelle. Habituellement, ils demandent à ma sœur de m’envoyer un email si je n’ai pas appelé depuis longtemps. Cette fois c’était différent.
Papa a commencé à me faire la leçon sur comment je devais me comporter et éviter de critiquer le Parti communiste chinois (PCC). J’ai essayé de l’interrompre, ne voulant pas qu’il gaspille son argent, et n’aimant pas beaucoup non plus l’entendre répéter ce genre de propagande, mais il m’a appelé deux fois pour terminer de m’ « éduquer. » J’imagine qu’il était en fait en train de parler pour une « troisième oreille », le téléphone étant sur écoute. J’ai aussi compris qu’il avait reçu des pressions pour passer un tel appel et que son speech avait été préparé.
Ce n’est pas la première fois que papa avait à me faire ainsi la leçon. Depuis juillet 1999, lorsque Jiang Zemin, ancien chef du PCC, a lancé la persécution du Falun Gong, mes parents et mon oncle ont été continuellement harcelés et menacés. Les agents de la « Sécurité publique » et de la « sécurité nationale » ont « visité » mes parents et « demandé » des informations à propos de mes frères, et fait pression pour qu’ils « m’éduquent ».
J’utilise des guillemets parce que je n’ai jamais compris comment mes parents, deux respectables et sympathiques retraités, peuvent préoccuper la sécurité publique et nationale, ni en quoi les surveiller contribuera à la sécurité publique et nationale.
En fait, la « visite » de ces agents va à l’encontre de la sécurité publique et nationale. Leur « visite » “éducation “ n’étaient pas les bienvenus, arrivant avec d’immenses pressions et des messages de menace. Ils n’ont fait que faire naître un sentiment d’insécurité chez mes parents.
« Demander” des informations à propos de mes amis ou autres connaissances signifie juste que ces amis et connaissances seront soumis à l’implication (zhu lian). Pour cette raison, mes parents, mon oncle, mes frères et mes sœurs n’ont cessé de me demander de ne pas m’exprimer en faveur du Falun Gong, une méditation et pratique spirituelle basées sur les nobles principes moraux de -vérité, compassion et tolérance.
L’appel de mon père aide à illustrer comment l’implication est utilisée par le PCC comme une stratégie de persécution. Si vous osez parler ouvertement en faveur des droits de l’homme, non seulement vous souffrirez – c’est absolument certain- mais aussi vos membres de famille et vos proches seront forcés à prendre position contre vous.
La pratique d’implication était adoptée dans les périodes très sombres de l’histoire chinoise habituellement à l’approche de la fin d’une dynastie. Mais le PCC n’a jamais, depuis le tout début, hésité à recourir à des moyens aussi vils, en particulier dans la sombre période de la Grande Révolution Culturelle quand les épouses, les enfants, les parents et les amis étaient sous la pression des autorités amenés à s’attaquer mutuellement. De nombreuses familles n’y ont pas résisté.
Dans la société chinoise traditionnelle, la famille est le dernier recours pour l’amour, les soins et la protection, mais le PCC n’a jamais hésité à utiliser la famille comme l’arme la plus tranchante pour frapper ceux qui demeuraient fidèles à leur conscience. Dans la Chine d’aujourd’hui, les adhérents du Falun Gong et leurs sympathisants sont les exemples les plus manifestes des victimes de l’implication.
La famille du célèbre avocat chinois des droits de l’homme Gao Zhisheng en est un exemple éloquent. Après que Gao ait écrit des lettres ouvertes demandant la fin de la persécution du Falu Gong en Chine, son épouse et ses enfants ont été soumis à l’arrestation à domicile et à d’intenses abus. Sa fille Geg a tenté de se suicider de désespoir face au traitements qu’elle et sa famille on eu à supporter.
L’utilisation de l’implication complique beaucoup la lutte de la population chinoise pour la liberté et les droits de l’homme. Toutes les ressources sont étroitement contrôlées par le régime, directement ou indirectement. Il n’y a pas de vrais droits personnels, même dans votre propre maison. On peut facilement être mis dehors si le Parti vous étiquette comme anti-gouvernement ou activiste anti-Parti.
Si une personne est suffisamment courageuse pour défier les autorités, on ne peut plus compter sur la famille comme dernier recours où trouver de l’aide. La personne qui demeure fidèle aux dictats de sa conscience doit être préparée à se tenir seule face à la toute puissance de l’état. En fait votre famille peut même sous la pression devenir hostile et dire des choses qui ne sont pas vraies.
La pratique de l’implication souligne à quel point le soutien des droits de l’homme en Chine par la communauté internationale est essentiel . Étant donné le coût élevé que doivent payer ceux qui luttent pour les droits de l’homme ou s’engagent dans la dissidence politique, ceux qui sont en dehors de Chine doivent s’exprimer ouvertement. Ceux qui en Chine osent parler ouvertement risquent leurs vies et sont dignes du plus grand respect.
Le 14 juin 2009
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