Le 29 novembre, David Kilgour, ancien Secrétaire canadien et David Matas avocat international des Droits de l'homme canadien étaient de passage à Paris et Bruxelles pour des rencontres au sommet sur leur rapport faisant état de prélèvements d’organes massifs en Chine sur des personnes vivantes. Depuis sa publication en juillet dernier ce rapport qui liste 17 preuves et des témoignages directs suscite toujours plus d’intérêt parmi les gouvernements et les ONG. Il dévoile toute l’horreur des prélèvements d’organe en masse sur des personnes encore vivantes, principalement des gens qui pratiquent le Falun Gong.
Reçus à la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme qui siège à Matignon, les deux avocats canadiens ont pu parler en détails de ce trafic macabre et lucratif par l’Etat chinois devant une trentaine de représentants d'ONG et des représentants du gouvernement français. Sortis de la commission des droits de l’homme les deux avocat ont enchaîné avec une conférence de presse chez un confrère parisien, Maître Orlandi, dans le cabinet duquel ils ont été interviewés par France Info, France 2 et France 24, le journal Da Ji Yuan, NTDTV et la radio « Sound of Hope ».
« c’est un génocide, un point c’est tout »
Insistant sur l’importance des termes, Maître Orlandi répète qu’il s’agit bien là d’un génocide, d’un crime organisé par l’Etat chinois de manière systématique et visant un groupe de population pour ses convictions spirituelles (le Falun Gong). Maître Matas, qui revenait justement d’un voyage au Congo Brazzaville également ravagé par un génocide est donc habitué à ce genre d’affaire judiciaire. Son ami et confrère David Kilgour, qui a été procureur au Canada, s’occupe quant à lui du génocide du Darfour. Par contraste, le cas du Falun Gong, selon eux a ceci de particulier qu’il est encore largement sous-estimé.
Les trois avocats ont décidément de nombreux points communs. Ils ont chacun tenté de se rendre en Chine pour enquêter. Tous se sont vus refuser leur visa.
« Aujourd’hui les faits sont là, dit Maître Orlandi, le rapport qui vient d’être déposé à la Commission Nationale des Droits de l’Homme est véridique, ce sont des faits réels et avérés, et je pense qu’il y va d’un état comme la France, défenseur des droits de l’homme, de pouvoir intervenir, cela peut même passer par le boycott des JO en 2008 à Pékin. » Il profite de l’occasion pour lancer un défi aux sportifs en leur suggérant de refuser de se rendre à Pékin en guise de protestation contre les violations des droits de l’homme. « Ça ce serait un bel acte » s’exclame l’avocat avec conviction.
Maître Matas, quant à lui, préfère qu’on rende les JO à Paris, qui était finaliste avec Pékin en 2001. Pékin l’avait emporté sur Paris à coup de pots de vin et de promesses d’améliorer la situation des droits de l’homme sur son territoire. Or si l’on en croit des ONG telles que Amnesty International ou RSF, non seulement la Chine n’a pas tenu sa promesse mais elle a resserré l’étau des persécutions pour éviter que les dissidents, journalistes, avocats, défenseurs des droits de l’homme et autres paysans spoliés de leurs terres ne s’expriment pendant les JO de 2008. En somme Pékin est en plein nettoyage pour préparer les JO et mériterait qu’on la prive de ces festivités sportives dont elle salit l’esprit olympique par sa triste réputation de dictature sanguinaire. Maître Matas en tout cas est bien décidé à soumettre l’idée par écrit au comité olympique.
L’ampleur du trafic, d’après l’enquête de David Kilgour et David Matas est de 41 500 prélèvements d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivants. Sur 60 000, 18 500 organes sont prélevés sur des condamnés à mort et le reste, soit 70%, sur les gens qui pratiquent le Falun Gong.
Devant une telle horreur on peut se demander si tout cela est bien réel, David Kilgour explique que la Chine vit depuis 25 ans sous un régime communisme capitaliste « carnivore » qui se permet tout en matière de violation des droits de l’homme. Le peuple est maintenu dans un état de terreur permanente, voilà le contexte dans lequel de telles boucheries peuvent avoir lieu en toute impunité.
La Chine éclabousse les pays étrangers
Les pays étrangers s’indignent mais comment peuvent-ils agir sur un pays totalement fermé à la critique ? Marie-Françoise Lamperti, présidente de l’association « Agir pour les Droits de l’Homme » souligne la complexité de la tache pour un pays comme la France par exemple, pays des droits de l’homme certes mais qui doit réussir à exercer une pression sans pour autant prendre le risque de rompre les relations diplomatiques avec la Chine.
Seules les ONG peuvent agir sans retenue et en toute spontanéité, c’est ce que Marie-Françoise ne manque pas de faire chaque fois que l’occasion se présente, comme lors de cette conférence de presse où elle ne mâche pas ses mots et dénonce avec ferveur l’épouvantable situation de la commission des droits de l’homme des Nations Unis où siège la Chine, sans doute le pays qui viole le plus et à la plus grande échelle les droits de l’homme dans le monde.
Car les violations du régime ne s’arrêtent pas aux frontières de la Chine. Par exemple dans le cas de ce trafic d’organes, les hôpitaux chinois invitent les étrangers à venir se faire greffer des organes en Chine. Vantant la rapidité à laquelle ils peuvent fournir des organes sains de donneurs jeunes, le système médical chinois, avec la complicité de l’Etat, éclabousse les pays étrangers du sang de ses opérations chirurgicales. David Kilgour a notamment rencontré un patient qui s’est fait greffer 8 reins de suite, chacun étant incompatible et l’hôpital chinois n’a eu aucun mal à se procurer de nouveaux reins dans des délais très courts. N’est ce pas une preuve supplémentaire qu’il existe bien une « banque d’organes vivante » demande l’avocat.
Cela pose aussi le problème de la complicité des patients qui vont se faire opérer en Chine. Etant donné qu’il existe des accords scientifiques entre la Chine et la France, des chercheurs français peuvent aussi être mêlés sans le savoir à ce trafic macabre. Rassurant l’audience, Marie-Françoise Lamperti rappelle que cette question a été soulevée à l’Elysée lorsque les associations de droits humains ont été reçues par M. Bili, conseiller diplomatique du président Jacques Chirac, juste avant son voyage en Chine. La réponse de M. Bili a été très claire, en déclarant que tout scientifique qui se rendrait complice de prélèvements d’organes sur des personnes vivantes en Chine devrait en répondre devant les tribunaux français.
Pour conclure la conférence de presse David Kilgour a insisté sur l’importance de dénoncer les exactions du régime chinois publiquement. Les Asiatiques, et les Chinois communistes en particulier, ne supportant pas de perdre la face, ils font souvent pression sur les gouvernements pour ne parler des droits de l’homme qu’à huit clos, ce qui leur permet aussi de continuer en toute impunité. D’où l’importance de révéler au grand jour ce qu’ils veulent garder dans l’ombre.
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