La ville où je suis né !

C’est la ville où je suis né mais je ne peux la contempler que de loin. C’est là que vit ma famille, mais je ne peux m’en approcher. Depuis tant d’années, j’erre seul, sur une terre étrangère et loin de chez moi.

Parfois je rencontre des amis du village sur cette terre étrangère. Je leur demande impatiemment si ma famille va bien. S’ils me demandent d’où je viens, je demeure silencieux, je ne leur dis que mon errance solitaire.

Je ne retourne pas là où je suis né, ma ville natale m’a causé trop de chagrin. Je n’y retourne pas, ma ville natale a oublié ses propres enfants.

Pour n’avoir fait que défendre, dans mon coeur, la dernière trace de sacré, n’avoir fait que sauver la dernière parcelle de bonté chez l'homme, pour avoir fait germer des graines de vérité, de bienveillance et de tolérance dans des sols gelés, pour n’avoir fait qu’offrir à nos enfants un bel endroit où jouer et grandir, J'ai été chassé de ma ville natale.

Sur cette terre étrangère, la population locale a montré son coeur. Ils ne m’ont pas dénoncé pour une promotion, un bonus ou un ticket repas. Peut-être ont-ils lu en moi derrière leurs visages ridés. Ils m’ont caché et protégé encore et encore, et fait que la police ne m’attrape pas. Encore et encore ils m’ont aidé à trouver une sécurité. Ils ont observé mes pensées et mes actions, et ont su que cela n’était pas comme le disaient les nouvelles officielles. Ils m’ont accueilli, tout comme je les ai chéris. Bien qu’étant du même pays, nos gens peuvent prendre des voies si différentes.

Le choc et le chagrin ont frappé mon coeur, lorsque j’ai appris l’arrestation d’une autre jeune femme, le professeur He Jiao, dans ma ville natale. Ville natale, tu as blessé trop de tes enfants et la tragédie doit finir. Sais tu quel sera ton destin, lorsque le ciel fera le compte de tout ce que tu as fait ?

Ma ville natale, ton fils attend impatiemment de revenir. Ma famille et mes amis sont tous là. Ton fils espère que tu pourras revenir de ton chemin dévoyé. Aucune somme d’argent ne peut acheter la santé et la paix.

Je n’aime pas parler aux autres de ma ville natale. Je suis embarrassé et triste. Parce que même aujourd’hui, alors que plus de 3 millions de gens se sont retirés du Parti communiste chinois, notre ville natale est encore sens dessus dessous, comme un homme ivre qui n’a plus de jugement et a vendu son âme au diable. L’obscurité couvre le ciel, transformant la ville en enfer. Les bonus n’ont pas donné la joie aux auteurs de la persécution, que ce soit la police où les juges, au lieu de cela la douleur du poison qu’ils ont bu les a rendus fous. Ils agitent leurs fouets face à des gens innocents et purs, commettant des crimes immenses.

Ma ville natale, savais tu que là où je suis, les gens sont bienveillants et paisibles ? Ils me traitent comme leur propre fils. Bien qu’ils ne soient pas riches, ils vivent avec respect et dignité. Ils ne se cachent pas derrières des masques lorsqu’ils parlent. Les enfants ici sont innocents et purs , les plus âgés gentils et attentionnés. Il y a dans l’air même une odeur de fleurs. Parce qu’ils ont protégé ceux qui cultivent authenticité, bonté et patience, leurs vies seront pleines de lumière.

Ville natale, ma ville natale, je te contemple de loin. Tu pèses lourdement sur mon esprit. Tu es une blessure dans mon cœur qui ne peut guérir. C’est vers toi que coulent mes larmes, ma ville natale lointaine.

[Postscript] Cet article est spécialement dédié aux résidents de la ville de Shiyan, dans la province de Hubei. J’espère que vous pourrez obéir à votre conscience et courageusement secourir He Jiao qui est détenue au Premier centre de détention. Chaque voix appellera à la bonté et chaque main défendra la justice. Que la dignité, la justice, la moralité et la conscience s’éveillent de nouveau dans nos cœurs, un nouveau futur nous attend.

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