LA REUNION ANNUELLE de la commission des droits de lhomme aux Nations Unies à Genève risque de devenir une vitrine de la faiblesse du soutien des plus grandes démocraties dEurope à cette cause. Alors que la sixième session se déroulait, la semaine dernière, aucun des 53 membres de la commission nétait prêt à soulever le sujet de la Chine, bien que la performance de Beijing dans la répression politique et religieuse nait fait quempirer cette dernière année. Il ny a pas plus dévidence quaucune nouvelle résolution soit passée concernant la guerre de Russie en Tchétchénie, bien que le Président Wladimir Poutine ait violé de façon flagrante les termes des résolutions passées par la commission les deux dernières années. Fidel Castro pourrait aussi sen tirer, pour le moment, malgré les pressions des Etats- Unis, aucun pays nest prêt à soulever le cas de Cuba.
Certains pourraient attribuer cette triste tendance à une diminution de lintérêt pour les violations des droits individuels depuis les attaques terroristes de septembre dernier. Mais il existe une explication plus simple. Cette année est la première, en 55 ans dhistoire de la commission, où les Etats-Unis ont été exclus en tant que membres. Alors que des pays comme la Syrie et le Soudan ainsi que les sempiternels cibles Cuba et la Chine ont été élus à la commission lannée dernière, les Etats-Unis ont été exclus au vote après que leurs alliés Européens ait décliné de leur accorder un place assurée. Il y avait alors beaucoup de discussions satisfaites en Europe sur la leçon de ladministration arrogante et unilatérale de Bush. A présent, cependant, les gouvernements Européens restés seuls à Genève risquent de donner au monde un autre genre de leçon dans leur incapacité à prendre position contre la torture, le massacre et les meurtres extra-judiciaires lorsquils sont pratiqués dans des endroits comme la Tchétchénie ou le Tibet.
Bien que la commission des Nations-Unies nait pas de réelle autorité, Beijing na pas lésiné sur les moyens pour éviter le passage de résolutions ces dernières années, menaçant déventuels sponsors de représailles économiques et politiques. Les administrations de Bush et de Clinton nen ont pas moins passé des résolutions. Avec le départ des Etats-Unis cette année, lUnion Européenne a donné à ses membres la liberté dagir si tel était leur choix. Mais aucun ne la fait jusque là ni la Grande Bretagne, ni lAllemagne ou lItalie ou lEspagne, et ni la France, ou la Suède ou lAutriche, les trois pays qui se sont unis pour éjecter les Etats-Unis de la commission lannée dernière.
Si cette passivité continue, le message au régime Communiste de la Chine sera clair. LEurope na pas la volonté de résister à la répression de la liberté politique, à la torture et au meurtre du Falun Gong et dautres croyants religieux, ni à la campagne contre les intellectuels indépendants ou la répression au Tibet et dans la province du Xinjiang à forte population Musulmane.
M. Poutine pressent bien cette faiblesse, lui aussi. Bien quil ait refusé daccepter les visites des rapporteurs des Nations Unies en Tchétchénie, demandées par la résolution de lannée dernière, il compte sur une décision de la commission de sabstenir dune nouvelle résolution cette année en faveur dune déclaration dun président plus faible, dont le texte serait agréé à lavance par Moscou. Les gouvernements Européens auraient pris ce parti lannée dernière sils navaient pas été bloqués par les Etats-Unis. A présent plus personne ne leur fait obstacle, la performance de la commission cette année sera une réflexion sur le sérieux des Européens à vouloir faire pression sur les droits de lhomme de gouvernements capables de se retourner contre eux. Les Etats-Unis ont été assurés de regagner leurs siège à la commission lannée prochaine, ce qui est une bonne chose, maintenant que les gouvernements Européens ont six semaines pour montrer quelles sont leurs valeurs.
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A12305-2002Mar24.html
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