En me retrouvant à Paris à l’exposition de L’Art de Zhen Shan Ren, je me suis souvenue d’un ami, grand voyageur solitaire, qui m’a dit un jour à peu près ceci : « C’est en se perdant dans les rues des grandes villes que nous faisons les plus belles découvertes ! » À ce moment-là, nous étions au Canada, insouciants, libres d’attaches, perdus dans Montréal… Nous nous laissions guider par le sens du vent, le nez en l’air, l’esprit ouvert à l’écoute de la vie et du monde…
Quand je repense à lui, je me dis qu’il avait totalement raison…Laisser faire naturellement les choses, sans esprit de recherche, guidé par l’Univers…J’essaie de garder à l’esprit sa philosophie de vie, mais de mon côté, je préfère tout de même me perdre à plusieurs, pour partager ces instants précieux de belles découvertes. C’est donc, poussés par une énergie positive, qu’en sortant du métro Saint-Michel à Paris dans le 6ème arrondissement, accompagnée d’une amie et de mon fils, que nous avons découvert la rue Guénégaud…
La rue Guénégaud, c’est un murmure…Presque un silence… Nous pourrions passer à côté d’elle sans la voir, car elle est discrète, elle est timide…Elle est pudique…Il faut aller à sa rencontre, l’apprivoiser…
Près de la bouche de métro, guidés par notre instinct, nous sommes tombés sur une bataille historique céleste impressionnante, celle du Bien contre le Mal ! Une sublime fontaine représentant l’Archange Saint-Michel, chef des anges, terrassant le dragon : ici, métamorphosé sous la forme du diable, le tout sculpté dans un bel arc de triomphe entouré de chimères ailées et de quatre colonnes, surplombées par quatre statues représentant les quatre vertus cardinales, à savoir : la Prudence, la Justice, la Tempérance et la Force.
Subjugués par cette scène sculptée allégorique, nous ne savions alors pas encore qu’elle prendrait tout son sens rue Guénégaud…
Nous avons ensuite longé le Quai des Augustins, et flâné auprès des bouquinistes, joyeusement installés sur les quais de Seine non loin de notre majestueuse Notre-Dame de Paris, toujours en rénovation… Puis, parvenus au niveau du Pont-Neuf, nous n’avons pas pu nous empêcher de mettre le pied sur celui-ci découvrant ainsi la statue équestre d’Henri IV sur sa magnifique monture, le regard balayant la Seine et ses péniches, ses badauds tranquilles et calmes… De retour sur nos pas, nous avons ensuite bifurqué sur une petite rue sur la gauche…
La voilà, la rue Guénégaud…Chut ! …C’est donc, une rue du quartier de la monnaie, mais une rue prédestinée aux artistes peintres, aux galeries, car déjà en 1829, y mourrait au 15 de cette même rue, le peintre Jean-Baptiste Régnault, peintre néo-classique français influencé dans son art par Jacques Louis-David et passionné par les sujets mythologiques. Le 21 rue Guénégaud a abrité également l’atelier du peintre et écrivain breton : Pierre - Émile Cornillier, quant à lui, passionné de psychisme, connu pour ses publications comme, La survivance de l’âme et son évolution après la mort : comptes rendus d’expériences, La prédiction sur l’avenir, nouvelle théorie expérimentale, entre autres… Ces sujets évocateurs, curieusement, allaient également nous faire écho dans une certaine petite galerie de la rue Guénégaud…
Vous trouverez dans cette petite rue, des tas de petites galeries d’art, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Vous ne serez vraiment pas déçus si vous êtes passionnés d’art. Mais, une galerie en particulier a retenu toute notre attention, son nom déjà vous invite à un voyage céleste, puisqu’elle se nomme : La Porte du Ciel. Vous la trouverez si vous la cherchez bien… au 21 rue Guénégaud ! Tiens, tiens …Est-ce encore un heureux arrangement de l’Univers ? Il s’agit là du fameux, ancien atelier de notre artiste peintre breton : Pierre-Émile Cornillier.
Poussons la Porte du Ciel et découvrons l'Art de Zhen Shan Ren
La petite galerie nous plonge alors dans un voyage au cœur de l’Art de Zhen Shan Ren. Un art exprimé par des artistes pratiquant la méthode ancestrale de qigong, appelée Falun Gong ou Falun Dafa, une méthode méditative encore actuellement persécutée en Chine pour ses croyances. La persécution ayant commencé à la date historique du 20 juillet 1999.
En entrant, mon regard se porte immédiatement sur un premier tableau sur la gauche, intitulé Qui suis-je ? de Dong Xiqiang (2012). L’artiste peintre a représenté une jeune femme en quête du sens de la vie, qui après avoir lu des histoires sur la réincarnation, observe la lumière irradier d’une fleur de lotus, offerte par des pratiquants de Falun Gong. La fleur de lotus étant le symbole de l’espoir pour les pratiquants de Falun Gong, car c’est une plante qui pousse dans la boue, dans un environnement sombre et sale, qui traverse l’eau donc les épreuves, pour enfin émerger, magnifique et s’épanouir en surface à la lumière du soleil.
C’est un peu comme nous les humains, nous pouvons naître dans un environnement compliqué, subir des épreuves mais les franchir et s’en sortir, pour émerger et avancer à nouveau sur notre chemin, rayonnant. C’est sans doute pour cela que l’artiste a fait émaner de la lumière de cette petite fleur sur ce tableau pour guider cette jeune femme dans la nuit de sa vie. Le travail de l’artiste est sublime. Les détails de la transparence de la robe blanche sont si fins et si précis, que nous sentons presque le vent dans ses cheveux… C’est d’un réalisme fin, délicat…et rare.
Cette jeune femme a lu des histoires sur la réincarnation, s’interroge sur la vie, le sens de celle-ci…Curieusement, les sujets traités par l’ancien occupant du 21 rue Guénégaud sur La survivance de l’âme et son évolution après la mort me reviennent en conscience, comme si un lien invisible des lieux, unissait encore le questionnement de ces deux êtres au fil du temps et de l’histoire…La galerie : cette galerie, au nom doux de la Porte du Ciel est finalement demeurée un lieu de réflexion sur ces sujets intemporels…Incroyable, non ?
La seconde toile sur mon chemin, se nomme : En harmonie, de Xiaoping Chen (2004). Sur le petit affichage est écrit que l’artiste a été inspiré par l’apparition des « trois fleurs réunies au sommet de la tête » décrite dans le livre Zhuan Falun. Il s’agit d’un phénomène extraordinairement merveilleux manifesté dans d’autres dimensions quand les pratiquants atteignent un certain niveau dans leur xiulian (ou pratique du corps et de l’esprit). Des petits angelots gravitent autour d’une colonne et accompagnent la méditation du personnage central du tableau. Ce tableau reflète la sérénité totale, la quiétude : plus rien de mal ne peut venir perturber cette jeune femme.
Le troisième tableau observé, s’intitule tout simplement Bouddha et représente en fait, une statue réalisée en 2002 par Kunlun Zhang. Cette statue exprime le plus grand respect de l’artiste envers le Seigneur des Bouddhas.
L’artiste est né en Chine en 1941 et a été endoctriné dès son plus jeune âge par l’idéologie communiste athée. Lorsque Kunlun Zhang a commencé à pratiquer le Falun Gong, il a compris l’immensité de l’Univers et la profondeur de la vie. En raison de sa croyance, il a été arrêté et torturé dans un camp de travaux forcés. Mais sa foi n’a pas été ébranlée par les souffrances qui lui ont été infligées en tant que prisonnier de conscience. Grâce à des amis, et au gouvernement canadien, il a pu être libéré. Il a exprimé toute sa gratitude en réalisant cette statue de Bouddha et en l’offrant à la vue du Monde.
Mon regard se porte ensuite sur le mur d’en face…
Le quatrième tableau a pour titre : Rectifier l’Univers, de Zhengping Chen (2004), assis sur un imposant char tiré par des dragons auspicieux dorés, le Seigneur Bouddha réalise un mudra, des gestes des mains, tout en conduisant une foule d’êtres célestes. Dans cette scène, nous pouvons observer une quantité considérable d’ethnies différentes. Le mélange de toutes ces ethnies illustre le caractère universel du Falun Gong. Le svastika apparaît, représentant le symbole millénaire de l’école de Bouddha, ainsi que le taiji représentant l’école taoïste.
Puis, s’ensuit le cinquième tableau sur lequel mes yeux se portent. Il s’intitule :Réaliser ses vœux, de Xiaoping Chen, Xiqiang Dong et la composition étant réalisée par Tingyin Shi (2004). Une multitude d’êtres célestes, divins semblent descendus du Ciel pour venir sur Terre réaliser leurs vœux et promesses. Ils portent tous des vêtements et coiffes traditionnels.
Le tableau suivant sur lequel je m’attarde s’intitule Courage, de Weixing Wang (2005). Sur ce tableau, se tient un homme occidental, solitaire, très calme, seul au milieu de la neige et du froid glacial, déterminé. Il porte une banderole pour défendre les Droits de l’homme en Chine. La rudesse de la neige sur ce tableau semble représenter la rudesse de la cruauté que subissent les pratiquants de Falun Gong en Chine.
Sur l’affiche, nous découvrons atterrés, stupéfaits, différents types de tortures, endurées par les pratiquants de Falun Gong. L’une des photos, nous déchire le cœur et l’âme, celle de Gao Rongrong, comptable dans une école d’art, qui aurait été torturée pendant plusieurs heures et qui a succombé à l’âge de 37 ans, le 16 juin 2005, dans un hôpital universitaire, à Shenyang, province de Liaoning. L’état effroyable de son visage témoigne ici, de l’indicible cruauté dont peuvent faire preuve certains êtres en Chine…
En arrière-plan, nous distinguons la silhouette de la statue de la Liberté de New York, symbole fort d’espoir, indiquant ainsi que dans le monde, malgré tout, des pratiquants continuent toujours de résister pacifiquement et soutiennent, leurs amis, encore aujourd’hui, privés de liberté et persécutés en Chine par l’État chinois.
Puis, mes yeux se posent sur le tableau suivant, une enfant au regard si triste, si empreint de mélancolie, mais si digne, qu’il vous bouleverse…Ce tableau s’intitule Le chagrin d’une orpheline, de Xiqiang Dong (2006). Cette enfant porte sur les épaules la veste de son père assassiné et dans ses mains les restes de ses parents défunts… dans une boîte : leurs cendres…Leurs corps ont été incinérés, sans aucun doute pour détruire des preuves…
L’atmosphère sombre de ce tableau souligne la lourde présence de ces victimes silencieuses que trop souvent le monde oublie : les enfants des pratiquants, dont le nombre encore aujourd’hui semble incalculable et invérifiable. Ces enfants qui doivent, de plus, supporter le poids des discriminations institutionnelles, les harcèlements en milieu scolaire, tant par leurs professeurs que par leurs camarades : simplement parce que leur famille pratique le Falun Gong. À gauche, nous pouvons observer une banderole sur laquelle est écrit le nom du camp dans lequel ses parents étaient détenus.
Balayant la salle du regard, un autre tableau, apaisant celui-ci, m’attire. Il s’appelle Après le défilé, de Xiqiang Dong (2005). Une belle jeune femme, vêtue d’un vêtement traditionnel chinois, assise sur le sol, tenant au creux de sa main une fleur de lotus en papier, semble se reposer un peu, avec grâce, après avoir sans doute participée à l’un de ces nombreux défilés qui sont organisés hors de Chine, pour montrer au monde la grandeur, la beauté du Falun Gong, et ses valeurs universelles transmises à tous, à savoir : « L’authenticité, la bienveillance et la tolérance », Zhen Shan Ren en chinois. (prononcez : Djènn, chann, jeunn).
Les pratiquants de Falun Gong renouent avec leurs traditions culturelles ancestrales, celles qui avaient été mises à mal lors de la Révolution Culturelle en Chine avec l’arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois. D’où, ici, l’importance symbolique de ce magnifique costume traditionnel.
Guidée par l’instant, me voici face à un tableau qui m’interpelle…Il a pour nom : Venus pour vous, de Yixiu Zhou et Xiaoping Chen (2004). L’affichette sur le côté informe que « cette peinture a été inspirée par une photographie de 33 pratiquants de Falun Gong du monde entier qui ont lancé ensemble un appel pacifique au gouvernement chinois sur la Place Tiananmen, le 20 novembre 2001.
Risquant leurs vies, les pratiquants occidentaux de Falun Gong, de 13 pays, ont parcouru des milliers de kilomètres et ont déployé une banderole portant les mots " Authenticité-Bienveillance-Tolérance " , en chinois et en anglais. Cet événement a ému le monde entier. Peu de temps après que la photo a été prise, les pratiquants occidentaux ont été jetés dans des fourgons de police et battus. Tous ont été, ensuite, expulsés de Chine. Les artistes ont souhaité illustrer dans ce tableau toute l’attention du ciel et de la terre, portée sur cet événement historique.
Un autre tableau m’interpelle profondément, car dans mon cœur, il fait fortement écho à la Fontaine Saint-Michel que nous avons croisée sur notre chemin …L’Archange Saint-Michel, chef des anges, terrassant le mal…La bataille du Bien et du Mal s’achève ici, à travers ce tableau, intitulé : Larmes de peine et de joie, de Kunlun Zhang (2007), où chaque personnage reçoit sa juste rétribution…L’artiste signifie ainsi qu’un crime contre l’humanité ne pourra jamais rester impuni et que c’est aux pratiquants de Falun Gong eux-mêmes d’éveiller les consciences et de dire au monde la vérité pour qu’ enfin les gouvernements, les médias, les gens aient l’opportunité de réagir et de se positionner du côté du bien.
Cette exposition nous a, non seulement, fait voyager culturellement vers l’extérieur : du confort de la France riche de son patrimoine architectural toujours présent encore aujourd’hui et de ses libertés, vers la Chine millénaire encore persécutée à l’heure actuelle…,mais nous avons également débuté un voyage plus profond : un voyage à l’intérieur de nous-mêmes, un voyage aux confins de nos consciences où le Bien et le Mal s’affrontent. Bouleversés, nous ne ressortirons pas indemnes de cette visite, mais profondément émus et honorés d’avoir fait ces découvertes, parfois cruelles mais aussi si belles et nécessaires. Cette exposition est une ode à la vérité, un voyage si riche de sens et de compréhensions profondes, qu’elle nous marque pour toujours.
Il est à noter que nous n’avons pas pu voir toutes les toiles, car elles sont beaucoup trop nombreuses et la galerie étroite, aussi la galeriste nous a-t-elle gentiment expliqué que les tableaux tournent régulièrement dans la salle principale d’exposition afin que le public puisse toutes les admirer sur le long terme.
De plus, afin de partager ces magnifiques toiles avec la famille, les amis, mes collègues, j’ai pu acquérir le fabuleux livre, compilant et expliquant chacune d’elle en détails.
Et enfin, pour conclure notre voyage culturel, une excellente nouvelle pour la région toulousaine.
L’exposition internationale l’Art de Zhen Shan Ren qui a voyagé dans plus de 50 pays et 300 villes, aura lieu du 15 au 28 septembre 2022, à la Maison des Associations 3, place Guy Hersant. 31400 Toulouse.
Ne manquez surtout pas cet événement exceptionnel, de haut niveau, de par la qualité de ses techniques artistiques utilisées : peintures à l’huile et aquarelles, ainsi que par la profondeur émouvante qui s’en dégage et éveille les consciences, en exposant le drame cruel que vivent encore aujourd’hui les pratiquants de Falun Gong en Chine.
Et si vous passez par Paris, n’oubliez pas de venir vous perdre à plusieurs, dans le 6ème arrondissement, au 21 rue Guénégaud et poussez la porte d’entrée de La Porte du Ciel, vous entrerez alors dans « votre monde intérieur ». Vous ferez d’émouvantes découvertes…
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