Histoires de la Chine ancienne : La différence entre “Etre loyal envers son Empereur” et “Aimer son Empereur”

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

 


De nombreux chinois contemporains associent l’ancien concept de loyauté avec ces haut fonctionnaires qui suivaient aveuglément les ordres de leurs empereurs, même s’ils savaient que ces ordres compromettraient l’intérêt de leur pays et de leur empereur.


Beaucoup de chinois actuels associent faussement l’ancienne doctrine du Milieu prêchée par Confucius avec ces soi-disant sages qui ne savent que ce qui est bon pour eux-mêmes, protégeant leur sécurité personnelle et jouant la carte de la sécurité dans ce monde incertain en demeurant neutres, en particulier face à deux factions opposées.


En pensant au statut social des femmes dans la société de la Chine ancienne, de nombreux chinois contemporains pensent à ces femmes chinoises impuissantes dans la société patriarcale chinoise. On leur déniait tout moyen et opportunités d’assurer leur propre existence. Les hommes leur enseignaient à croire que lorsqu’elles deviendraient veuves, elles resteraient veuves pour le restant de leurs vies, gardant leur chasteté par respect pour leurs maris décédés. Même si elles étaient indigentes, on attendait d’elles qu’elles meurent de faim plutôt que d’épouser un autre homme qui aurait pourvu à leur subsistance.


J’ai fait partie de ces chinois qui se méprenaient sur les anciens concepts et valeurs de la Chine ancienne, et les considéraient comme rebut. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de lire de nombreux classiques chinois avec un état d’esprit paisible, impartial et sans jugement. Alors, j’ai réalisé qu’en fait je ne connaissais rien de l’ancienne culture chinoise. Ma connaissance antérieure de l’ancienne culture chinoise était la version déformée que le Parti Communiste chinois avait implanté dans l’esprit des chinois depuis qu’il a pris le contrôle de la Chine en 1949. J’ai réalisé que l’ancienne culture chinoise authentique était immensément profonde. L’ancienne culture chinoise a été déformée, menant à la disparition de nombreuses et précieuses traditions chinoises et faisant que l’immense majorité des chinois ont perdu la compréhension de leur culture et adopté des comportements en opposition aux précieuses traditions chinoises. En conséquence, la moralité des gens de la Chine contemporaine a continué à se détériorer au point que la société chinoise toute entière est plongée dans un chaos moral. J’espère pouvoir clarifier certaines des vrais significations des valeurs de la Chine ancienne et fournir aux gens une opportunité de comprendre la véritable ancienne culture chinoise.


Durant le règne de l’Empereur Chengdi de la Dynastie Han (51-7 av. J.C.), il y avait un jeune homme du nom de Zhang Fang, dont la famille avait tenu un rang officiel pendant plusieurs générations, la mère de Zhang Fang était une princesse, et sa propre femme était la plus jeune sœur de l’Impératrice. L’Empereur Chengdi et Zhang Fang étaient amis intimes L’Empereur Chengdi se plaisait à boire et à s’amuser avec Zhang, souvent tard dans la nuit, négligeant ainsi d’administrer les affaires de l’état. Zhang Fang appréciait la compagnie de l’Empereur Chengdi et réciproquement. La mère de l’Empereur Chengdi, la Grande Impératrice douairière Wang, pensait que Zhang Fang était responsable de la négligence du son devoir d’Empereur de Cheng Di. Elle finit par faire pression sur l’Empereur Chengdi pour qu’il bannisse Fang de la capitale. Selon des annales historiques, des années plus tard, lorsque l’Empereur Chengdi mourut en 7av. J.C., Zhang Fang, apprenant la nouvelle ne pouvait plus s’arrêter de pleurer et il mourut peu après.


Ceci est habituellement considéré comme un épisode historique trivial. Ce qui a commencé à me faire réfléchir fut le commentaire d'un ancien historien chinois à propos de Zhang Fang. La traduction approximative en est " Zhang Fang chérissait l’empereur, mais il n’était pas loyal envers lui. A cause de son amour et de sa déloyauté envers l’empereur, Zhang Fang était loin [d'être un modèle] de bienveillance et de justice. "


Sur la base des concepts d’aujourd’hui, Zhang Fang était totalement dévoué à l’Empereur Chengdi parce qu’il était le très cher ami de l’Empereur Chengdi dans toutes sortes de divertissements. En fait, Zhang Fang était un ami si cher qu’il mourut de chagrin à la mort de l’Empereur Chengdi. Mais les anciens pensaient que Zhang Fang " aimait son empereur " mais " n’était pas loyal envers lui ". Ils pensaient que Zhang Fang était " loin [d’être un modèle] de bienveillance et de justice. " Le commentaire de l’historien nous fait considérer la perspective des anciens chinois quant à la signification de la " loyauté envers son maître ou son empereur. " C’est apparemment une perspective complètement différente de celle des chinois d’aujourd’hui. Pour les anciens chinois, la signification de la véritable loyauté est un honorable caractère moral, bien loin [du concept usuel) de l’amour.


Avec cela à l’esprit, nous devrions probablement revisiter ces personnages mémorables dans l’histoire chinoise ancienne qui sont connus pour leur impérissable loyauté. Ces sujets loyaux présentaient des demandes courageuses à leurs empereurs pour le bénéfice du peuple, accomplissaient leurs devoirs jusqu’à leur mort, risquaient leurs vies pour faire d’honnêtes suggestions aux tyrans, s’opposaient bravement à ces haut fonctionnaires corrompus, qui avaient une influence très négative sur les empereurs ou les administrateurs du gouvernement imprudents . Nous connaissons déjà l’ancienne pensée chinoise selon laquelle Zhang Fang "aimait son empereur " mais " ne lui était pas loyal". Alors se pose la question suivante : qu’est-ce que la vraie loyauté ?


Ji An était un important courtier durant le règne de l’Empereur Wudi de la Dynastie Hang (157 – 87 av. J.C.). Ji An mit une fois l’Empereur Wudi en colère avec ses franches suggestions, et nombre de ses collègues le lui reprochèrent par la suite, le qualifiant de " sans détours" et de "brusque". Ji An expliqua : " le but d’avoir des courtiers est d’aider l’empereur à réguler le pays. Sommes nous des bouffons de cour responsables du divertissement de l’empereur ? Est-ce notre tâche d’observer sans rien faire l’empereur ruiner le pays ? Nous a t-on confié l’importante position de courtiers seulement pour mettre nos intérêts et notre sécurité avant l’intérêt et la sécurité du pays ? Si oui, que deviendra ce pays ? "


Il y a, relatée dans “XV Piété filiale en relation à la réprobation et à la remontrance” dans Le Livre de la Piété Filiale, une discussion sur la loyauté. Un des disciples de Confucius nommé Zeng demanda, " je me risquerais à demander si l’obéissance inconditionnelle aux ordres d’un père peut être appelée piété filiale." Confucius répondit : "Quels mots sont-ce là ! Historiquement, si le Fils du Ciel (un empereur) avait sept ministres lui faisant des remontrances, bien que n'ayant pas les justes méthodes de gouvernement, il ne perdrait pas la possession de son royaume. Si le prince d’un état (ou un seigneur féodal) avait cinq ministres, bien que ses mesures puissent être également erronées, il ne perdrait pas son état. Si un grand officier en avait trois, lui non plus, dans un cas similaire, ne perdrait pas {la tête] de son clan. Si un officier inférieur avait un ami lui faisant des remontrances, un bonne renommée continuerait d’être associée à sa personnalité. Et le père ayant un fils qui lui ferait des remontrances ne tomberait pas dans la fosse des actions injustes. Lorsqu’il s’agit de conduite injuste, la raison veut qu’un fils ne doit en aucune façon se garder de faire des remontrances à son père, pas plus qu’un ministre à son dirigeant. Par conséquent, puisque la remontrance est de rigueur dans le cas d’une conduite injuste, comment l’obéissance inconditionnelle aux ordres d’un père pourrait elle compter comme piété filiale ? "


La vraie loyauté inclut d’empêcher son maître ou son empereur de prendre de mauvaises décisions. Autrement dit, un sujet est loyal lorsqu’il est responsable envers le pays, le peuple et son empereur. Avec cela à l’esprit, nous savons qu’en s’amusant sans restreinte avec l’Empereur Chengdi, Zhang Fang avait fait de l’empereur un dirigeant imprudent et égoïste. En fait, Zhang Fang était tout sauf loyal envers l’Empereur Chengdi.


Je me demande s’il y a encore un “courtier loyal” dans la Chine d’aujourd’hui qui risquerait sa vie pour être véritablement responsable pour la Chine et son peuple. Avec la culture traditionnelle chinoise profondément gravée dans l’esprit des anciens, ils étaient capables de discerner le juste de l’injuste. Même durant les périodes les plus chaotiques de l’histoire chinoise, grâce à la forte influence des valeurs morales traditionnelles, les chinois à travers leur histoire ont toujours soutenu, ou sympathisé avec les personnages historiques véritablement loyaux, même s’ils ont été persécutés par d’autres. Le soutien public des sujets loyaux était une manifestation naturelle au coeur des valeurs morales chinoises. Toutefois, depuis que le Parti Communiste a pris le contrôle de la Chine : "Si une personne ne recherche pas son intérêt personnel, le ciel et la terre le tueront " est déjà devenu une devise prévalant dans toute la société chinoise ! Apparemment, avec l’érosion de la culture traditionnelle chinoise et des valeurs morales, le véritable esprit de loyauté est en train de disparaître.


* * *

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.