New-York Times - Distorsions de la psychiatrie en Chine

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New York Times
26 mars 2001 8:56

Les abus en psychiatrie pour intimider et torturer les dissidents en Union Soviétique ont été bien documentés et largement déplorés par l’occident. La pratique en Chine a reçu moins de commentaires, mais Beijing, aussi, emprisonne les non-conformistes comme malades mentalement – une politique qui mérite l’attention mondiale et la condamnation énergique de la part des gouvernements étrangers, y compris les Etats-Unis.

Pendant la Révolution Culturelle, les malades mentaux authentiques étaient habituellement « traités » avec la politique de rééducation, et les personnes en bonne santé qui n’avaient pas le profil de la ligne politique étaient souvent emprisonnées dans des hôpitaux psychiatriques. De tels abus ont diminué tandis que la Chine s’ouvrait et la psychiatrie est devenue plus professionnelle et scientifique.

Aujourd’hui, cependant, les abus en psychiatrie semblent augmenter encore une fois en Chine. Le gouvernement a emprisonné de force des membres du Falun Gong dans des hôpitaux psychiatriques. Le Falun Gong, un mouvement populaire qui prône de canaliser l’énergie à travers de profondes respirations(Ndt. on n’accorde en fait dans le Falun Gong aucune attention particulière à la respiration, elle s’harmonise tout naturellement par la puissance de la pratique) et des exercices, a été la cible d’une répression particulièrement forte du gouvernement, marquée par des abus rappelant la Révolution Culturelle, parmi lesquels le mauvais usage de la psychiatrie.

Les dirigeants du mouvement revendiquent quelques 600 membres détenus de force dans des hôpitaux psychiatriques. Ce chiffre est impossible à vérifier, mais les journalistes et les rapporteurs des Droits de l’Homme ont documenté de nombreux cas de membres du Falun Gong ayant été emmenés dans des institutions psychiatriques et soumis à des traitements médicamenteux, restreints physiquement, mis en isolation ou ayant reçu des chocs électriques.

Robin Munro, chercheur à l’Université de Londres, examine certains de ces cas dans un article publié le mois dernier dans The Columbia Journal of Asian Law. M. Munro, qui a également travaillé pour Amnesty International et Human Rights Watch en enquêtant sur des abus en Chine, estime qu’au moins 3願 personnes ont été envoyées dans des hôpitaux psychiatriques parce qu’ils exprimaient leurs points de vue politique durant les deux dernières décades, sans compter les membres du Falun Gong.

Un autre développement alarmant est le réseau de nouveaux hôpitaux psychiatriques policiers – appelés Ankang, ce qui signifie « paix et bonheur » - construits depuis 1987. La loi chinoise inclut « la politique qui fait du tort à la société » comme un comportement légalement dangereux de malade mental. La police a reçu les instructions d’emmener en détention psychiatrique « les maniaques politiques », définis comme les personnes qui font des discours anti-gouvernementaux, qui écrivent des lettres réactionnaires ou « qui expriment leurs opinions sur des affaires importantes domestiques ou internationales. » Erik Eckholm du Times a rapporté qu’au moins un leader travailliste serait détenu et qu’il aurait reçu une thérapie de chocs électriques dans un hôpital psychiatrique. Il y a actuellement 20 Ankang, et le gouvernement projette d’en construire beaucoup plus.

Une rencontre internationale de psychiatres, qui ont enquêté sur de semblables abus en Union Soviétique, cherche à rendre public les pratiques de la Chine et organise une enquête par des membres de l’Association Mondiale Psychiatrique.

L’emprisonnement psychiatrique n’est pas un phénomène largement répandu comparé avec l’usage que fait le gouvernement chinois des prisons et des camps de travail pour les dissidents. Mais c’est une pratique particulièrement néfaste et qui mérite plus d’attention et de critique qu’elle n’en a reçu jusque là.

http://www.nytimes.com/2001/03/25/opinion/25SUN2.html?searchpv=nytToday

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