Respecté Maître,
chers pratiquants,
Je suis un pratiquant polonais. J’ai obtenu le Fa en 2013. Je travaille pour NTD TV en tant qu’écrivain.
Je voudrais partager avec vous un certain problème et attachement. En ce qui me concerne, j‘attache trop d’importance à l’opinion des autres. Avant de commencer la cultivation, je me souviens que le simple fait d’entendre quelqu’un s’exprimer ou faire une remarque, voire même de lire une opinion dans le journal, pouvait me perturber.
C’était comme si je voulais que les autres pensent comme moi quoiqu’il arrive. Qu’ils aient les mêmes convictions. Je ne pouvais pas être plus dépendant du regard des autres, et de leur compréhension. Le simple fait d’une diffèrence d’opinion entre une personne et moi m’emplissait de peur. J‘avais deux possibilités pour y faire face: Soit je me forçais à être d’accord avec cette personne, mais cela m’éloignait de moi-même, détruisait qui j’étais et c’était également un manque de respect envers moi-même.
L’autre manière d’y faire face était de convaincre l’autre personne qu’elle n’avait pas raison et qu’il fallait qu’elle voit les choses comme je les voyais. Cette méthode générait généralement des conflits et de la souffrance. Avec le temps, j’ai appris à tolérer les convictions et les compréhensions des autres, parce que j’ai compris que chacun est un être diffèrent. De plus en plus souvent, je restais calme face à quelqu’un exprimant un point de vue diffèrent du mien et j ai même commencé à m intéresser à la diversité au niveau international.
Cependant, cet attachement est revenu quand j'ai commencé ma cultivation. alors que je pouvais écouter les opinions et compréhensions des personnes ordinaires, les compréhensions des pratiquants avaient à nouveau le pouvoir de me perturber. Avant la cultivation, la solution était simple: tu as ton opinion, j'ai la mienne et nous pouvons coexister en paix. Mais par rapport aux pratiquants, il y avait un nouveau problème: ils avaient le Fa. Cette situation était idéale pour faire réémerger mes peurs.
C'était plus difficile d'utiliser cette stratégie : ta compréhension est bonne et la mienne l'est aussi. Peut-être a-t-il raison parce qu'il se cultive mieux que moi ? Et peut-être qu'il n'existe qu'une vérité, et que si je suis en désaccord avec, je devrais en subir les conséquences ? Cette nouvelle récurrence de mon attitude me faisait souffrir et me laissait dans un état continu d'anxiété. Je n'avais toujours pas confiance en mes propres compréhensions et je n'arrivais pas à échapper à mes mauvaises habitudes pour y faire face : me forcer à être d'accord ou convaincre l'autre personne de la véracité de mon point de vue.
Ce problème allait et venait de manière cyclique. Parfois je pouvais gérer la différence de points de vue et d'autres fois, le point de vue de quelqu'un s'installait dans mon esprit et me torturait pendant longtemps, même en étant complètement opposé à ma propre compréhension sur ce point. Convaincre l'autre n'avait aucun sens, parce que je croyais en la liberté de pensée et la diversité. Mais d’un autre côté, vivre en constante opposition avec sa propre compréhension est extrêmement douloureux.
Un des moments clé du processus d’élimination de cet attachement fut mon voyage à Strasbourg. Des pratiquants de différents pays y étaient rassemblés afin de clarifier les faits aux membres du Parlement Européen. Nous séjournions dans une auberge de jeunesse. Autant de cultures différentes réunies dans un seul et même endroit était une excellente opportunité pour que des points de vue différents et souvent contradictoires émergent.
S’agissant de clarifier les faits aux membres du Parlement, j'ai été préparé par un anglais qui disait que lorsqu'on rencontre une personne, on doit toujours s'excuser pour le temps qu'elle nous accorde. J'ai essayé de faire cela, mais cette approche me semblait trop apologétique et ne me correspondait pas. On m'a ensuite associé à une pratiquante chinoise. Alors que nous étions en-semble pour la clarification, elle m'a dit que je parlais trop fort, qu'il fallait que je parle plus doucement, ce qui m’a rappelé le style apologétique de faire les choses. Je me suis alors dit que nous faisions la chose la plus importante et que nous devrions être directs et naturels dans notre comportement. Je fonctionne moi-même beaucoup mieux quand j'agis de la sorte.
Le soir nous étudions le Fa ensemble et partagions nos compréhensions. Ecouter toutes ces compréhensions et tous ces points de vue qui étaient opposés aux miens était épuisant. Mais le meilleur restait à venir. À un certain moment un pratiquant chinois s'est levé et a partagé à propos de quand il faisait les exercices devant le Parlement. Je ne peux pas le citer précisément mais je me souviens qu'en faisant une action en particulier, il ennuyait quelqu'un et qu'en ne faisant pas cette même action, il ennuyait quelqu'un d'autre. En essayant de faire plaisir à tout le monde, il s’est trouvé pris au piège et il ne pouvait plus faire plaisir à qui que ce soit ! Ce fut très amusant pour moi. Cela me montra qu'on ne peut pas faire plaisir à tout le monde et qu'il faut donc faire confiance à sa propre compréhension et en laisser découler nos actions.
À la fin du partage, un pratiquant grec a pris la parole. Il a parlé du même problème auquel je faisais face. Il a dit que la peur avait trop d'emprise sur nos actions. Nous sommes en train de faire la chose la plus importante de l'univers, cependant notre comportement est empreint de peur et de prudence inutiles. Il a dit qu'à son avis, nous manquions d'ouverture et nous n'agissions pas avec confiance. Son partage était donc en opposition avec le précédant, et c’était courageux de choisir de l'exprimer, en ayant confiance en sa propre compréhension, tout en acceptant le fait que d'autres comprennent les choses différemment. Le lendemain, j'ai été beaucoup plus ouvert, confiant, j'étais moi-même et la clarification des faits s'est déroulée plus naturellement.
Au début de la cultivation, j'avais pour idée qu'avec le temps et la cultivation, les compréhensions des pratiquants allaient converger en une seule et même compréhension. Que nous allions vers une seule et même pensée universelle. Mais avec le temps, je commence à croire que chacun s'éveillera à sa propre vérité, à sa part du Fa. Cela me donne une certaine tranquillité d'esprit et la possibilité de respecter la compréhension des uns et des autres.
Je me souviens d'un fragment du discours du Maitre à la réunion des pratiquants européens de New York en 2016, durant laquelle et selon ma compréhension, Maitre a dit qu'en tant que pratiquants et anciens rois nous devions être “ouverts” envers les compréhensions des autres, nous devions être capables d'écouter les autres points de vue souvent contradictoires au nôtre. De plus, dans un article du Maitre dont je suis incapable de citer le titre et la date, il était dit que l'on ne pouvait pas se cultiver en adoptant la compréhension et la croyance des autres, et que celles-ci doivent venir de nous-même.
Grace à tous ces évènements et lectures de passages du Fa, j'ai pu prendre plus légèrement les compréhensions des autres contraires aux miennes, j'étais plus apte à écouter les points de vue des autres qui étaient différents des miens, tout en restant calme. Bien que je ne sois pas toujours capable de rester calme dans ce genre de situation et que je souhaite m'améliorer, les moments de réussite sont une source de satisfaction, de paix et de joie. Je voudrais terminer mon partage par une citation tirée de la leçon neuf de Zhuan Falun qui pour moi est une inspiration à mieux avoir confiance dans sa propre compréhension: “Vous devez vous cultiver et vous éveiller par vous-même.”
[Soumis à l'occasion du Fahui européen 2017 à Paris]
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