La vaine guerre du Parti communiste chinois contre la religion

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Des statues bouddhistes sont brûlées durant la Révolution Culturelle (1966-1976), une longue décennie de campagne sanglante pour détruire la culture traditionnelle qui visait les religions et a tué des millions de personnes. (Domaine public)

La religion est une abomination pour le Parti communiste athée qui dirige la Chine, et le menu des choix politiques pour les dirigeants du régime a été limité à "écraser, contrôler ou coopter." L’administration du dirigeant Chinois Xi Jinping est, jusque là, largement resté dans ce moule.


Mais même face à cette panoplie de restrictions et de sanctions, le nombre des croyants en Chine continue de croître, selon les conclusions de ‘Freedom House’, une ONG des droits de l’Homme basée aux Etats-Unis.


" En dépit de contrôles contraignants, des millions de croyants défient les restrictions officielles dans la vie quotidienne ", déclare dans un rapport l’auteure Sarah Cook, principale analyste de recherche à ‘Freedom House’.


L’approche contradictoire du régime chinois envers la religion pourrait être due à sa perception de ce qui menace son autorité, une perception qui change en fonction des tendances géopolitiques.


Intitulé " La bataille pour l’esprit de la Chine: Renouveau religieux, répressions et résistances sous Xi Jinping " , le rapport se focalise sur la politique du régime chinois vis-à-vis des sept principaux groupes religieux en Chine. Plus d’un tiers des 350 millions de croyants estimés font face à une grave, ou très grave persécution, laquelle inclue" de lourdes sanctions, de longues peines de prison et une violence meurtrière. "


Dans certains cas, les politiques éliminationistes du Parti n’ont tout simplement pas fonctionné. " La survie des groupes et croyances que le Parti se promettait d’ écraser en investissant d’énormes ressources représente un remarquable échec de la répression du gouvernement", a dit Cook lors d' une conférence de presse.


D'après elle, dans la lutte prolongée pour l’esprit de la Chine, "un parti communiste non réformé finira par perdre "


Un chercheur d’Amnesty International William Nee adhère tant avec les principales conclusions de ‘Freedom House’ sur le contrôle religieux en Chine, que sur les trajectoires générales s’agissant des religions prises individuellement.


Sous la même dénomination, certains groupes— les musulmans Hui, par exemple—sont traités avec indulgence, tandis que d’autres—comme les Ouïghours—sont traités avec dureté. La répression des Chrétiens s’est intensifiée dans la riche province côtière du Zhejiang, mais nulle part ailleurs.


L’approche contradictoire du régime chinois vis-à-vis de la religion pourrait être due à sa perception de ce qui menace son pouvoir, une perception qui change en fonction des tendances géopolitiques, a déclaré Nee dans un e-mail. " Il semble que le Parti est très craintif s’agissant de sa ‘sécurité idéologique’ et voit des menaces à des endroits improbables. "


Un papi imam d’origine Ouighour dans la province du Xinjiang, par exemple, peut sembler ne pas correspondre au profil standard d’une menace politique. Pourtant, Zubayra Shamseden, la petite-fille de l’imam et coordinatrice du ‘Uyghur Human Rights Project’, a noté qu’il a été isolé de sa communauté, de ses enfants et petits-enfants par les autorités locales, simplement pour avoir tenu bon dans sa foi.


" La religion est partie intégrante de notre identité", a dit Shamseden, lors du lancement du rapport à Washington le 28 février. " Les Ouighours doivent lutter pour maintenir leur religion, leur culture, et leur langage. … Sans ceux-ci, nous sommes un peuple perdu—éteint. "


Andrew Jacobs, ancien correspondant pour le New York Times à Pékin, a dit lors du lancement du rapport qu’il s’était rendu à plusieurs reprises dans le Xinjiang et qu’il avait été témoin d’un "niveau choquant de répression " : Les étudiants sont forcés de manger durant le mois de jeûne du Ramadan; quiconque refuse de se raser la barbe est envoyé en prison; et les Ouighours sont arrêtés dans les rues pour des inspections aléatoires des téléphones portables.


" La peur est palpable et les dispositifs de sécurité lourds et visibles," a-t-il ajouté.


Jacobs a été en particulier surpris par les conclusions de ‘Freedom House’ sur le Falun Gong, une pratique traditionnelle d’ exercices méditatifs et d’enseignements basés sur les principes d'Authenticité, Bonté et Patience qui a été ciblée en vue de sa quasi élimination en 1999. Le rapport de ‘Freedom House’ note le net échec de la campagne d’éradication, dans laquelle le régime a dilapidé un incroyable capital tant matériel que politique. Maintenant, bien que la politique soit toujours en vigueur et que la persécution subsiste, l’intensité de la campagne s’est quelque peu atténuée.


"Je n’aurai jamais pensé voir un jour une accalmie", a dit Jacobs, notant que le Falun Gong est un sujet tabou pour les journalistes et que les pratiquants ne révèlent pas facilement leur foi. " Constater qu’il y a un assouplissement est incroyable. "


 
Un policier Chinois approche des pratiquants du Falun Gong qui ont traversé toute la Chine jusqu’à la Place Tiananmen pour faire pacifiquement appel contre la persécution en 2001. (Courtoisie de Minghui)

" La façon dont est traité le Falun Gong est terrifiante", a-t-il ajouté. Les pratiquants sont torturés pour leur faire abandonner leur foi, et s’ils refusent, ils sont " battus plus sévèrement. "


Carolyn Bartholomew, présidente de la Commission États-Unis-Chine pour les questions économiques et de sécurité, a lu la partie du rapport concernant les prélèvements d’organes sur les Ouighours, les Tibétains et les pratiquants du Falun Gong— première mention de telles atrocités par le régime Chinois dans un rapport de droits de l’Homme par une importante ONG.


Perturbée par les tests sanguins routiniers sur les prisonniers d’opinion, programmés par le régime, une étape nécessaire pour le prélèvement d’organes, Bartholomew, qui accueillait la commission pour le lancement du rapport, a surfé sur le net pour voir si cette routine était de mise autre part dans le monde, mais n’a trouvé aucun parallèle.


Bartholomew et les autres membres de la commission prônent l’utilisation de la Loi Magnitsky sur la responsabilité globale sur les droits de l’Homme—une nouvelle législation qui sanctionne ceux qui violent les droits de l’homme et les fonctionnaires corrompus—pour décourager d’autres répressions religieuses en Chine. "C’est comme tuer les poulets pour effrayer les singes", a dit Bartholomew, se réappropriant une expression que les autorités chinoises utilisent souvent.


" En dépit de cette énorme machine de répression, la pratique religieuse continue de prospérer", dit Jacobs. " Le gouvernement gagne des batailles, mais pas la guerre. "


" Et s’ils ne peuvent anéantir la religion maintenant avec tous les outils qu’ils ont, alors quand le pourront-ils? " a-t-il dit.


Version anglaise
the-chinese-communist-partys-futile-war-against-religion

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