Discours de Frank Jennings d’ Amnesty International, Section Irlandaise (extrait)

Libérons Zhao Ming.
 
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1 octobre 2001

Frank Jennings, Directeur de campagne
Section Irlandaise


Le développement de la situation des droits de l’homme en Chine durant les derniers mois représente un recul majeur pour les droits de l’homme et pour l ‘« autorité de la loi », et un nouveau pas en arrière depuis la détérioration des droits humains commencée fin 1998

En 2001, les autorités chinoises ont continué de manifester leur volonté d’adhérer, sur un terrain de pure forme, au système international des droits humains – notamment en ratifiant l’entente internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels. Au même moment, les autorités ont mis en place des mesures internes qui ont eu pour résultat de sérieuses violations des droits humains à grande échelle

En particulier, les autorités chinoises ont lancé une nouvelle campagne « Frapper fort » contre le crime qui en quelques semaines a conduit à un record du nombre d’ exécutions, dont un grand nombre, pense-t-on, après un semblant de procès. Ils ont accru la persécution du mouvement spirituel Falun Gong en légitimant pour la première fois la violence contre les pratiquants. Une vague d’arrestation et de rapatriement forcé contre les demandeurs d’asile de la Corée du Nord a également été lancée, leur refusant tout recours à des demandes de statut de réfugié, ce qui contrevient aux Lois de 1951 de la Convention sur les Réfugiés dont la Chine est un état membre.De plus, la répression de la dissidence a continué, et de nouvelles restrictions ont été imposées sur les médias, et de nombreux incidents de détentions arbitraires, tortures et violations des droits humains ont été rapportées dans tout le pays.

La campagne contre le Falun Gong – allégations de violence autorisée par l’Etat :

Au cours des derniers mois, les sources du Falun Gong en Chine et outremer ont rapporté des cas de violence contre les pratiquants du Falun Gong détenus, à travers toute la Chine, et officiellement approuvées. Elles décrivent cela comme une nouvelle tendance et rapportent qu’un bureau spécial nommé 610 a été mis sur pied à Beijing pour mener cette campagne contre le Falun Gong. Ce bureau a émis des instructions orales permettant à la police et aux autres officiels d’outre-passer les contraintes légales dans cette campagne, les déchargeant de responsabilité légale si un pratiquant décède en détention suite aux coups. Selon ces sources, plus de 250 pratiquants sont ainsi morts en détention depuis l’interdiction du Falun Gong en juillet 1999, dont près de la moitié sont morts cette année et de nombreuses morts dues aux mauvais traitements sont officiellement rapportés comme « suicides ».


Des allégations que la violence contre les pratiquants du Falun Gong serait maintenant officiellement autorisée ont également été rapportées en août 2001 dans un article détaillé du Washington Post qui cite des sources gouvernementales non-identifiées. Selon cet article, les autorités centrales ont développé une nouvelle approche pour éradiquer le mouvement en février cette année, après 18 mois d’un succès mitigé, dû à un renforcement parfois inégal et hésitant de la campagne par les officiels locaux. La nouvelle approche serait basée sur trois éléments concoctés pour obtenir des résultats, le premier étant l’utilisation de la force contre les pratiquants qui refusent de renoncer à leurs croyances. L’article cite des sources selon lesquelles avant cette date il n’y avait pas de campagne systématique de violence pour briser le Falun Gong, et que les pratiquants n’enduraient que la brutalité policière « normale », comme les autres détenus. Les deux autres éléments de la nouvelle approche consistent en l’établissement systématique de « sessions d’étude » obligatoires pour forcer tous les pratiquants connus à abandonner le Falun Gong et à le dénoncer comme ...(mot diffamant omis utilisé par le régime de Jiang Zemin )et une campagne de propagande plus efficace visant à retourner l’opinion publique contre le Falun Gong. La campagne de propagande capitalisait sur l’événement du 23 janvier au cours duquel cinq présumés pratiquants, incluant une enfant de 12 ans et sa mère, se seraient immolés sur la Place Tiananmen. Les médias d’état ont diffusé à répétition les images du corps de la jeune fille en flammes ainsi que du matériel visant à discréditer le groupe après cet incident, ce qui a influencé l’opinion publique.

Amnestie Internationale est très préoccupée par ces allégations de violence sanctionnée par l’état contre les pratiquants du Falun Gong. Nos préoccupations couvrent la détention arbitraire de milliers de pratiquants, dans des classes de réforme, des centres de détention réguliers ou dans des camps de travail, les procès injustes, ainsi que plusieurs allégations de torture contre les détenus. Ces préoccupations ont été documentées dans de nombreux rapports publiés par Amnestie Internationale. Dans un de ces rapports publié en février 2001, nous citions des allégations de décès en détention dont la plupart suite à la torture et aux mauvais traitements. Des tentatives effectives des officiels chinois de masquer ou de détruire les preuves ont été constatées pour plusieurs de ces morts. Comme la crémation rapide des victimes avant même que la famille ne puisse voir le corps ou que des autopsies puissent être faites, ainsi que la détention de personnes ayant souhaité publier l’information du décès en prison de leurs proches ou amis. Devant les preuves flagrantes, la tentative de nier les allégations de torture et de mauvais traitements était peu convaincante et peu appropriée.

Ces préoccupations demeurent et ont même été renforcées par les témoignages de plus en plus nombreux de pratiquants du Falun Gong emprisonnés dans différents endroits et dans les classes de réforme, ainsi que l’augmentation des décès au cours des derniers mois. Depuis la mi-janvier 2001, au moins 120 décès ont eu lieu en détention depuis l’interdiction du Falun Gong en juillet 1999. Ce nombre a maintenant doublé depuis 6 mois. Les allégations de mauvais traitements et de dissimulation de la part des autorités chinoises par des crémations hâtives sont aussi rapportées. Des sources officielles ont attribué plusieurs cas de décès au suicide sans donner de détails et, contrairement au immolations largement médiatisées de la Place Tiananmen, il n’y a eu aucun reportage des médias sur ces présumés « suicides ».
Amnestie Internationale appelle le gouvernement chinois à mettre fin à la violence exercée sur les pratiquants du Falun Gong, et donner des preuves convaincantes que des enquêtes, en règle avec la loi Chinoise, sont menées sur les allégations de torture des détenus Nous demandons également la libération de tous les pratiquants emprisonnés arbitrairement dans les classes de réforme et autres centres de détention.

La section irlandaise d’Amnestie Internationale continuera de faire pression sur le gouvernement irlandais pour qu’il continue d’exiger du gouvernement chinois de relâcher Zhao Ming afin qu’il puisse revenir en Irlande reprendre ses études et pratiquer ses croyances en toute liberté.


Frank Jennings
http://www.clearwisdom.net/emh/articles/2001/10/23/14980.html

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