Les Cieux voient le cœur de l’homme

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La nuit est très avancée. Je suis assez fatigué mais ne veux pas dormir. J’allume mon ordinateur dans le silence, incapable d’empêcher mes doigts de parcourir le clavier. Ces jours-ci, je ne cesse de repenser à un évènement qui s’est produit il y a très longtemps. Chaque fois que j’y repense, cette phrase me vient à l’esprit : "le Ciel voit le cœur de l’homme".


C’était un matin et il venait de pleuvoir, une jeune femme est entrée dans mon magasin. Après son départ, en rangeant ma marchandise, j'ai vu un parapluie sur le comptoir. Il devait appartenir à cette jeune femme. Je me suis précipité mais la jeune dame était déjà loin. J’ai crié : " Votre parapluie! Votre parapluie…», mais la dame a continué de marcher sans se retourner, disparaissant dans la foule.


Je suis rentré dépité au magasin. Au moment où mes yeux sont revenus sur le parapluie, j’ai soudainement eu une pensée: "Peut-être que c’est une bonne chose qu’elle ait oublié son parapluie. Je le laisserai à la disposition des clients ". Pendant une seconde, je me suis rendu compte que ce n'était pas quelque chose qu'une personne ayant une croyance penserait, prendre avantage des circonstances. Puis une autre notion m'est venue à l’esprit : "S’il pleut et que quelqu’un n’a pas de parapluie, aussi longtemps que la personne rapporte la parapluie après l'avoir utilisé, ce n’est pas prendre avantage des circomstances ". Cette fois, je n’y ai pas repensé.


Ce parapluie de couleur gris pâle est resté sur le comptoir attendant sa propriétaire, mais elle n’est jamais réapparu. Plusieurs jours ont passé.


Un après-midi nuageux, il a commencé à pleuvoir des cordes et j’étais sur le point de sortir faire une course. Ce jour-là, je n’avais pas pris de parapluie, alors dans ma précipitation j’ai attrapé celui qui était sur le comptoir.


Une fois ma course faite, la pluie s’est mise à tomber encore plus fort. J’ai attendu sous un abri-bus. Lorsque le bus est arrivé, j’ai ouvert mon parapluie et suis retourné sous la pluie. Mais avant que j’ai pu faire quelques pas, le parapluie s’est cassé dans ma main et s'est affaisé comme des pétales de fleurs qui tombent. Pendant un instant, je me suis senti comme un brin d’herbe luttant contre une pluie torrentielle. J'ai vite repris mon allure, et courant et sautant je suis monté à bord du bus. Lorsque je me suis assis et que je me suis vu trempé avec le parapluie brisé, j’ai réalisé que cette situation était dû à ma première pensée égoïste d'avoir voulu garder le parapluie.


Aprés que sa propriétaire ait oublié son parapluie dans mon magasin, j’ai pensé égoïstement à mon propre bénéfice. Comment pouvais-je utiliser quelque chose qui n’était pas à moi? "Le ciel voit le coeur de l’homme" , "Les Buddhas sont présents partout". Les dieux peuvent voir chaque pensée de chaque personne puis en arrangent les conséquences. L’utilisation non autorisée du parapluie d’une autre personne comme protection contre le vent et la pluie m'a complètement exposé à la grosse averse. Les conséquences de nos actions sont vraiment omniprésentes. Alors une pensée m’est venue: " N’en est-il pas ainsi pour toutes les tribulations qui arrivent dans la vie d’une personne?".


L' ancienne culture traditionnelle chinoise parle de l'harmonie entre le ciel et le monde humain. Le corps humain correspond à l’univers et est en circulation avec l’univers. L’univers incarne le principe Zhen-Shan-Ren ( Vérité-Bonté-Tolérance.) Quelqu'un qui satisfait à ce principe suit le mouvement des Cieux. Les anciens disaient: " Ceux qui suivent le ciel propèrent, ceux qui en dévient périssent". Celui dont les penséees suivent Vérité-Bonté-Tolérance auront une vie sans heurts, tandis que ceux qui en dévient expérimenteront quantité de hauts et de bas. Si une personne suit, un groupe, un pays ou même l’humanité entière suivra.


La nuit est froide comme de l'eau. La lune derrière la fenêtre est comme l'assiette de jade dans le poéme de Li Bai, émettant une faible lumière. J’écris ces mots, espérant que mon coeur, et celui des autres seront nettoyés de toute impureté et deviendront aussi brillants et clairs que la lune derrière la fenêtre.


Version chinoise

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