Le calvaire vécu en Chine par Wang Zhe, pratiquant de Falun Gong de 33 ans, aujourd’hui demandeur d'asile en France

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Je m'appelle Wang Zhe. J'ai 33 ans. J'ai commencé à pratiquer le Falun Gong à la fin de 1997. En novembre 1999, je suis allé à Pékin au Bureau des Plaintes pour déposer une plainte pour les persécutions subies en tant que pratiquant de Falun Gong. Pour toute réponse, on m'a incarcéré pendant un mois à la police municipale de Tianjin, quartier de Beichen . Ensuite, j'ai été licencié de mon travail.


Le 20 juillet 2001, j’ai été arrêté après avoir distribué des DVD qui disaient la vérité sur l'affaire d' "auto-immolation de la Place Tiananmen".


Une fois arrivé au commissariat de police, comme je ne voulais pas coopérer avec eux, ils m'ont forcé à rester dans une position pénible dite " piloter l'avion" pendant plusieurs heures sans me laisser bouger. Ma tête tournait et j’avais si mal qu’il ne m’est pas possible de le décrire. Le soir même, la responsable du commissariat nommée Wang m'a enchainé avec des menottes aux pieds et aux mains.


Simulation de la torture dite "Piloter l'avion"


Je suis resté muet, refusant toujours de coopérer avec eux. À minuit, ils m'ont ligoté entre les deux lits, me forçant à rester accroupi toute la nuit jusqu'au lendemain matin 6h ou 7h. Vers 9h le responsable adjoint du commissariat a recommencé à me questionner, il m'a posé une question à laquelle je n'ai pas répondu, il m'a giflé la joue gauche, puis il a continué à poser ses questions. Comme je ne lui répondais toujours pas, il m'a giflé sans arrêt jusqu'à ce que je saigne du nez, et le tympan de mon oreille gauche s’est brisé. Jusqu’à maintenant, je n’entends plus de l' oreille gauche.


J’ai subi plusieurs tortures durant plus deux mois. Parfois ils m'attachaient au lit avec des menottes, je ne pouvais ni me tenir assis ni debout. Puis ils ouvraient le ventilateur sur moi et le vent me soufflait dessus durant plusieurs heures. Ne pouvant plus supporter les interrogatoires de ce genre, j'ai finalement signé des aveux disant que je distribuais des documents de clarification sur le Falun Gong. Grâce à ce document signé, le bureau de police du quartier Hexi m'a condamné à 3 ans de rééducation par le travail.


En octobre 2001, j'ai été envoyé au 3eme district du centre de rééducation par le travail de Shuangkou de Tianjin. Là, on était obligé de travailler des 18 heures par jour. Souvent on commençait à 6 heures du matin pour terminer à 1 ou 2 heures le lendemain matin. Après le travail, ils ne me laissaient pas dormir. Comme j'étais nouveau, pas encore "transformé", je devais passer plusieurs heures à "réfléchir", assis sur les pièces fabriquées à l'usine. Je ne pouvais dormir que 2 ou 3 heures par jour.


En juillet 2002, ils ont considéré que je n'étais pas" transformé". J’ai été accusé d' "anti transformation active", de ne pas être " honnête", et j'ai été transféré au 2eme district du centre de rééducation par le travail de Shuangkou.


Le 15 août 2002, tous les disciples de Falun Gong du district ont fait une grève collective. À la demande des policiers, des criminels incarcérés dans le même centre nous ont frappés avec des bâtons. Ils nous ont renvoyés de force à l'usine. Deux d'entre nous étaient gravement blessés. J'ai aidé l'un d'entre eux à se tenir debout. L'autre venait du même centre de pratique de Falun Gong que moi. En arrivant à l'usine, ils ont continué à nous frapper. Un pratiquant âgé de plus de 60 ans, nommé Chen Baoliang a voulu les arrêter.


Les chefs du centre ont demandé aux criminels de le frapper avec un grand bâton. Ses deux bras ont été attachés derrière son dos, du scotch a été collé sur sa bouche. Chen a été frappé jusqu'à ce qu'il s'écroule à terre . Puis ils l'ont piétiné, lui ont sauté dessus et lui donné de violents coups de pied au niveau du thorax. Chen Baoliang suffoquait, il était pâle. Alors qu'il se relevait difficilement, quelqu'un a voulu l'aider mais il a été repoussé violemment par les chefs qui ne laissaient personne l'approcher, et qui criaient "Comment osez-vous bouger ? Vous ne voulez plus vivre ?......". M. Chen a fait quelques pas en tituban et il est tombé.


À chaque fois que je pense à cela les larmes me montent aux yeux. Le soir je suis allé au bureau pour demander les nouvelles de Chen Baoliang. Le chef a répondu "Il est mort d'une crise cardiaque, je l'ai déjà annoncé à sa famille ; Ne discutez pas...". En entendant cela je me suis mis en colère : " Vous mentez, ce n'est pas comme vous dites, il a été frappé à mort. Je vais vous accuser. Vous êtes un assassin ".


Je me rappelle encore le regard menaçant que m'a lancé le chef en disant "jeune homme, mêle-toi de tes affaires ".

Le lendemain matin il y avait plein de policiers dans le couloir du dortoir. J'ai alors été appelé ainsi que trois autres pratiquants de Falun Gong. Quand je suis arrivé au bureau, ils m'ont demandé hypocritement de montrer mes mains pour voir si elles étaient soignées. Les conditions d'hygiène là-bas étant très mauvaises, j'avais la gale et des boutons commençaient à s'infecter. Dès que j'ai sorti mes mains, on m'a mis des menottes et on m'a conduit jusqu'à une camionnette.


C'est ainsi j'ai été transféré dans le 7eme district du centre de rééducation par le travail de Qingbowa. Là, il n'y a que des toxicomanes et très peu de pratiquants de Falun Gong incarcérés. Une fois arrivés, nous avons vu à quel point l'endroit était nauséabond: c'est un endroit où la drogue ne manquait pas, les policiers faisaient le trafic pour gagner de l'argent. Comme je n'ai pas voulu coopérer dans cette affaire, on m'a accusé d'antiréeducation et on a suspendu les visites mensuelles de ma famille.


En novembre 2002, on m'a fait des prises de sang sans que je sache pourquoi. J'ai appris depuis, qu'à cette époque le trafic d'organes prélevés sur les pratiquants de Falun Gong était en pleine expansion.

En janvier 2003, au centre de Qingbowa on a commencé à utiliser des méthodes fortes pour obliger les pratiquants de Falun Gong à dire et écrire qu'ils renonçaient à leur pratique. J'ai fait la grève de la faim pendant un mois pour protester.


Ensuite, on m'a envoyé dans la "classe de lavage de cerveau". Tout un étage d'un bâtiment avait été vidé et consacré à cela, pour quatre pratiquants de Falun Gong, dont j'étais.


Dans ma chambre il y avait des slogans contre le Falun Gong. Une pièce était consacrée à la projection de films de propagande contre le Falun Gong. Une autre aux tortures.

Quand je suis arrivé dans la chambre de torture , sept personnes ont commencé à me frapper à coups de poings et de pieds, jusqu'à ce que je tombe par terre. Puis six personnes m'ont maintenu au sol, chacune utilisant en même temps une "matraque électrique" pour m'en donner des décharges. Visant les parties sensibles : paumes des mains et plantes de pieds, sommet de la tête, le cou, la bouche. Après ma grève de la faim, j'étais très faible. Ils se sont arrêtés quand ils ont vu que je ne bougeais plus. J'étais encore un peu conscient, mais je commençais à m'évanouir. J'avais très mal. Je n'avais plus aucune force.


Ils ont recommencé le même traitement pendant plusieurs jours : films de propagande, tortures, séances d'interrogatoires. Après quelques jours, une grosse tumeur s'est formée sur mon dos. Dans le couloir de l'étage, il y avait une odeur de chair brûlée j'entendais le grésillement des bâtons électrique utilisés sur les autres pratiquants. J'entendais aussi leurs cris.


Mon esprit et mon corps arrivaient à leur limite.


À ce moment, je n'avais pas encore assez avancé dans l'étude des principes du Falun Gong et j'ai commis une erreur: le soir je me suis entaillé une veine avec un clou. J'avais envie d'en finir avec ces actes pervers des policiers. Mais ce n'était pas correct.


J'ai été emmené en urgence à l'hôpital, où je suis resté quelques jours. On m'a ensuite renvoyé dans la classe de lavage de cerveau. J'étais très faible et j'avais besoin que quelqu'un me soutienne pour marcher. Je suis resté quelques semaines dans ma chambre, sous perfusion. Je ne sais pas exactement combien de temps: il n'y avait pas de fenêtre pour voir le jour ou la nuit et je perdais la notion du temps.


En juin 2003, je suis tombé malade, un médecin m'a examiné et a vu que j'avais la tuberculose. On m'a alors libéré pour que je puisse me soigner. Une fois chez moi, mon état de santé s'est rapidement dégradé.


En juillet 2005, j’étais atteint d'une paralysie et d'une insensibilité de tout le corps en dessous du cou. Depuis le début de cette persécution, il n'y avait plus d'argent à la maison, car mon père avait été arrêté en même temps que moi en 2001. On a dû vendre la maison pour que je me fasse opérer.


En 2009, j'ai pu obtenir mon passeport. Depuis tout ce temps je voulais témoigner du fait qu'on avait frapper à mort des pratiquants de Falun Gong. Dès que j'ai eu mon passeport, des policiers sont venus chez moi, et sous le prétexte de demander de mes nouvelles mais c’était pour me surveiller.


En juin 2011, j'ai voyagé en Asie du Sud Est. En septembre, je suis allé au Japon. Mais comme le passeport était gardé par le guide, je n'ai pas pu me sauver.


En février 2012, j'ai effectué un voyage en Europe, voyage de tourisme organisé, le guide gardant toujours les passeports. Nous sommes arrivés en Hollande le 24 février. Puis nous avons pris un bus pour l'Allemagne. Là un pratiquant de Falun Gong résidant en Allemagne a téléphoné à la Police qui est venue à notre hôtel pour exiger de la part du guide que mon passeport me soit restitué. J'ai pu ainsi, muni de mon passeport quitter le groupe de touristes. Le pratiquant allemand a ensuite consulté un avocat, qui a dit que le visa avait été demandé auprès de l'ambassade de France en Chine par l'organisme de voyage. C'est pourquoi je suis arrivé en France le 28 février.


L'agence a fait depuis un rapport aux autorités chinoises. Des policiers sont venus chez mes parents pour avoir des explications.


Les autorités chinoises savent maintenant à quel point leurs séances de lavage de cerveau n'ont pas réussi. Vous comprendrez pourquoi mon retour en Chine est impossible.

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