Un "tsunami" pour briser le nouveau «barrage» d'Internet en Chine

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Le régime chinois a récemment ordonné que tous les ordinateurs achetés en Chine après le 1er juillet 2009 soient équipés d'un logiciel préinstallé ayant pour fonction, selon les autorités, de bloquer la pornographie et autres «informations néfastes».

En fait, des recherches démontrent que le logiciel vise principalement à contrer le contenu web relatif à la discipline spirituelle Falun Gong et à la série éditoriale Neuf commentaires sur le Parti communiste, publiée par La Grande Époque.

Le logiciel de filtrage, «Barrage vert – Escorte de la jeunesse», a été développé par Jinhui Computer Systems Inc. et Dazheng Language Process Inc., respectivement en charge du filtrage des images et des mots-clés.

Les deux firmes collaborent avec l'armée et/ou les services d'ordre chinois.

Le régime affirme que le Barrage vert peut bloquer la pornographie, filtrer le contenu illicite, contrôler la durée de navigation sur Internet et surveiller les dossiers de navigation. En fait, le logiciel est capable de censurer les sites politiquement sensibles, de filtrer le contenu selon une liste de mots-clés, d'enregistrer les frappes sur le clavier et les mots de passe, d'effectuer des captures d'écran toutes les trois minutes et d'enregistrer tous les sites visités en plus de toute autre activité sur Internet.

Ce nouveau pas en matière de censure d'Internet vise à donner un contrôle de l'information sans précédent au régime, mais le logiciel suscite l'indignation, et déjà au moins un outil informatique pour le contrer vient tout juste d'être lancé.

Le 16 juin, quelques jours après l'annonce de la mise en place du «Barrage vert», un regroupement d'entreprises informatiques luttant contre la censure sur le web, le Global Internet Freedom Consortium, a lancé le Green Tsunami (Tsunami vert) afin de faire céder le barrage informatique.

Le Falun Gong ciblé

Des pirates informatiques en Chine ont réussi à pénétrer dans la liste noire de mots-clés du Barrage vert et dans son code de programmation.

Selon l'information fournie par ces pirates informatiques, la liste de mots-clés prohibés de Barrage vert possède 2700 mots relatifs à la pornographie et 6500 mots à connotation politique. Alors que ces mots incluent des références au massacre de la place Tiananmen et au Tibet, la grande majorité concerne le Falun Gong, la discipline spirituelle bannie et persécutée par le régime chinois.

La liste noire de mots-clés cible également les Neuf commentaires sur le Parti communiste, un texte qui a incité, depuis 2004, 55 millions de Chinois à démissionner du Parti communiste chinois et ses organisations affiliées.

Contrôle sans précédent

Les analystes estiment que le Barrage vert permet au régime de renforcer son contrôle en compilant les informations personnelles des usagers et en les stockant dans une base de données centrale, tout en augmentant la censure d'Internet. L'information compilée peut être utilisée pour persécuter les dissidents.

En 2003, le régime chinois a introduit le Bouclier d'or, aussi connu sous le nom de Grande Muraille pare-feu de Chine, un système de filtrage Internet qui a coûté des centaines de millions de dollars. Le Global Internet Freedom Consortium (GIFC) considère qu'il s'agit du système de filtrage Internet le plus rigoureux de la planète.

Cependant, le Bouclier d'or peut être contourné en utilisant des logiciels comme FreeGate, UltraSurf et Garden. FreeGate et Ultrasurf ont été développés par le GIFC et distribués librement à tous les internautes désirant contourner la censure gouvernementale ou naviguer sur le web dans l’anonymat.

Le Barrage vert peut bloquer ces logiciels.

Les utilisateurs chinois du Barrage vert ont découvert que le logiciel injecte un fichier .dll dans Internet Explorer qui bloque l'usage de FreeGate.

Les concepteurs du Barrage vert affirment que, même si le logiciel est préinstallé, les utilisateurs peuvent le désinstaller.

En réalité, seulement l'interface du logiciel peut être désinstallée, alors que le programme lui-même continue à fonctionner en arrière-plan.

Vulnérabilités

Trois membres du Département d'ingénierie et de science informatique de l'Université du Michigan – Scott Wolchok, Randy Yao et J. Alex Halderman – ont publié une analyse du Barrage vert.

Le résumé de cette étude indique : «Une fois que le Barrage vert est installé, n'importe quel site web visité peut exploiter ces problèmes [de programmation] pour prendre contrôle de l'ordinateur. Ceci pourrait permettre à des sites malicieux de voler des données personnelles, d’envoyer des pourriels ou de transformer l'ordinateur en machine zombie reliée à un réseau de zombies (botnet). De plus, nous avons découvert des vulnérabilités dans la manière que le Barrage vert traite les mises à jour de la liste noire qui pourraient permettre aux concepteurs du logiciel ou à d'autres d'installer des codes malicieux durant le processus de mise à jour.»

Cette analyse est basée sur douze heures de travail par trois ingénieurs. Ils estiment que les résultats obtenus à ce jour pourraient être «seulement la partie visible de l'iceberg» en ce qui a trait aux vulnérabilités auxquelles sont confrontés les utilisateurs du Barrage vert.

Opposition

L'opposition au nouveau logiciel de censure est apparue autant en Chine qu'à l'étranger.

Li Fangping, un avocat chinois défenseur des droits de la personne, a fait circuler une lettre qu'il a envoyée au ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information, demandant la tenue d'audiences pour débattre de la légalité du Barrage vert.

Le magazine Caijing, le Quotidien du peuple et le China Youth Daily ont tous publié des articles critiques du logiciel.

Le 12 juin dernier, une pétition s'opposant à la pré-installation du Barrage vert a commencé à circuler sur le web chinois et les internautes expriment abondamment leur frustration dans les forums de discussion.

Cette effervescence sur le web est justement la raison pour laquelle le Barrage vert a été conçu. Le régime craint de perdre le contrôle d'Internet et de l'opinion publique.

Briser le barrage

Le Global Internet Freedom Consortium n'a pas perdu de temps à développer un outil permettant de désactiver temporairement le Barrage vert ou de s'en débarrasser complètement. Le Tsunami vert applique des contre-mesures en intégrant FreeGate ou UltraSurf et est également disponible gratuitement sur Internet. Les utilisateurs chinois doivent cependant se le transférer entre eux pour l'obtenir.

Michael Horowitz, membre du Hudson Institute et conseiller du GIFC, estime que ce sont les efforts anticensure du consortium qui ont forcé le régime chinois à vouloir implanter un système de type Big Brother à même tous les ordinateurs.

«Le désamorçage du Barrage vert du régime représente un pas important pour fracasser les pare-feu Internet que les dictatures du 21e siècle utilisent pour se maintenir au pouvoir. Aujourd'hui, le développement du Tsunami vert est d'une aussi grande importance pour les peuples de l'Iran, de la Birmanie, de Cuba, du Vietnam et de la Syrie que pour le peuple de Chine», affirme M. Horowitz dans un communiqué du GIFC.

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