Dans la Chine ancienne, la famille est une question de ying et de yang

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26-07-2008

La tradition confucéenne, qui a profondément imprégné l’histoire de Chine, a donné à la vertu et à l’équilibre des relations familiales une place centrale dans la construction du bonheur des hommes. Cette famille reste aujourd’hui encore l’élément indissociable, le ciment vital pour tous les Chinois, qui peuvent trouver dans leurs classiques une abondante littérature sur les rites familiaux de bienséance et sur les relations entre hommes et femmes.

On constate qu’au-delà des sentiments, les règles morales constituaient la base de la relation entre les hommes et les femmes. Les Chinois pensaient que l’amour se développait à partir du mariage et non l’inverse. De cette façon, l’union était ordonnée, stable et raisonnable. Toute affection en dehors du mariage était interdite et considérée comme incorrecte. Pendant la cérémonie du mariage, les jeunes mariés se prosternaient successivement devant le ciel, la terre et les parents pour valider leur union.

ENGAGEMENTS DU MARI, VERTUS DE LA FEMME
Selon les anciens, le mariage était une combinaison de la moralité et des engagements pris comprenant la bienveillance, l’engagement, l’affection et l’amour. Le mari et la femme manifestaient leur confiance l’un dans l’autre pour la vie, ce qui s’exprimait par le respect des rites de bienséance (Li) très stricts. Le mari devait tenir ses engagements de bienveillance, d'affection, et de moralité, tandis que l'épouse montrait des vertus de respect, des convenances dans son comportement. Elle se devait de contrôler sa parole et son apparence. Quelle était la signification des engagements du mari?

Le mot chinois Fu (mari) signifie soutenir. L'homme, pilier de la famille, est celui sur lequel toute la famille peut compter. Il a des responsabilités envers ses parents, son épouse et ses enfants, et prend des engagements moraux pour la famille et la société. La femme est fidèle, maîtrise son comportement, montre de la retenue dans ses mouvements et agit du mieux que possible. C'est le Li du comportement. Elle choisit ses mots avec délicatesse, n’utilise pas de langage vulgaire, s’exprime aux moments opportuns et n’abuse pas de l’attention d’autrui en accaparant la conversation.

C’est le Li de la parole féminine. Les critères de beauté de la femme n’étaient pas fondés sur un joli visage ou de belles lignes. Elle arborait une tenue vestimentaire soignée et de couleur vive. On parlait du Li de l’apparence féminine. Une femme ne s’attachait pas à développer une grande habileté. Elle s’occupait de la maison, des enfants et recevait les invités. C’était le Li du travail féminin. Ces quatre Li ont pendant des siècles caractérisés les plus grandes vertus féminines.

CONFUCIANISME ET RESPECT MUTUEL
À cette époque, le mariage traduisait la bonté culminant dans l’union entre les deux sexes. Dans la relation entre mari et femme, on mettait surtout l’accent sur le mot «respect». Quand l’épouse d’un ministre très connu prénommé Liang Hong de la dynastie Han apportait le repas à son mari, elle portait toujours le plat au niveau de ses sourcils et demandait avec gentillesse à son mari s’il voulait bien dîner.

D’où l’expression: «lever le plat de nourriture au niveau des sourcils», pour décrire le respect mutuel entre mari et femme. Ban Zhao, une historienne et une personnalité littéraire de la dynastie Han de l'Est de la Chine a écrit le premier livre complet en Chine traitant des normes de l'étiquette pour les femmes, le Nu Jie (ou Préceptes des femmes).

Celui-ci indique que c'est seulement avec des attributs réciproques comme le yin et le yang, ainsi que le respect mutuel entre le mari et la femme, que leur relation peut devenir harmonieuse et parfaitement satisfaisante. Ban Zhao déclare dans le Nu Jie que les caractères yin et yang sont différents. Par conséquent, le comportement de l'homme et de la femme doit aussi être adapté. Yang est caractérisé par la force et yin par la délicatesse.

Alors qu'on honore un homme pour sa force et sa robustesse, une femme sera considérée comme belle par son amabilité et sa délicatesse. Sous la dynastie de Qing, un célèbre disciple confucianiste, Li Yong, a dit: «Mari et femme, respectez- vous l’un l’autre comme si l’autre était votre invité, alors vous vous conformerez au Tao (chemin, loi). Quand les deux suivent le Tao, les relations globales entre père et fils, frères et sœurs, le souverain et ses sujets seront conformes au Tao».

Cela signifiait que le respect unit et renforce la famille, et que l’union de toutes les familles aboutit à l’harmonie et à la paix dans la société. Un philosophe et érudit de la fin de la dynastie Ming et du début de la dynastie Qing (au début du XVIIe siècle) a marqué l’histoire. Il s’agit de Wang Fuzhi. Wang est réputé pour avoir gardé sa dignité et s’être accompli grâce à l'éducation dispensée par son père, Wang Zhaopin. Wang Zhaoping a donné à ses enfants une éducation toute particulière.

Il n'avait jamais le verbe haut ni ne se mettait en colère. Chaque fois que ses enfants ne se conduisaient pas correctement, il leur expliquait avec calme comment se comporter et les guidait avec patience. Il n’autorisait pas ses enfants à participer à des jeux ou à des spectacles de variété. Lorsqu'ils disposaient de temps libre, il prenait un échiquier pour jouer avec eux. Il leur faisait la lecture et commentait les écritures d'érudits du passé. Wang Fuzhi, le fils, ne se maîtrisait pas toujours lorsqu'il était jeune.

Il se laissait aller à dire de mauvaises choses. Cependant, Wang Zhaopin ne le punissait jamais. Mais il refusait de s’adresser à son fils, tout en donnant à voir une expression de sévérité, pour que Fuzhi réfléchisse à son acte. Un jour, Wang Fuzhi a pris conscience de ses erreurs. Il s’est mis à pleurer en promettant à son père de changer. Wang Zhaopin s’est longuement entretenu avec lui pour l’aider à mieux comprendre ses fautes.

A son tour, Wang Fuzhi a été très attentif à l'éducation de ses propres enfants. Il leur a enseigné à ne pas se laisser influencer par des tendances vulgaires. Il disait que de telles influences pouvaient facilement modifier le comportement humain, par exemple, boire de l'alcool rend les gens ivres.

Il leur expliquait comment «lorsque les gens sont vulgaires, ils agressent brusquement les autres ou les poignardent dans le dos et en arrivent à se battre violemment pour des broutilles. Un véritable gentilhomme n'agit jamais comme cela. Il n'apprécie pas une telle compagnie. La fortune n'est pas à rechercher. Il ne faut pas être obsédé par l'argent. Les gens devraient être raffinés et détachés de ce monde avec l’esprit libre. C’est arrivé à ce niveau-là qu’on peut appréhender la sagesse des anciens. Avec une telle attitude, accéder au pouvoir n’est plus si important. Lorsqu’on respecte les aînés avec un tel état d’esprit, on fait preuve d’élévation. Auprès de ses amis, on fait preuve de politesse et de courtoisie».

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