Le Soir (Journal belge) : Réprimer le tourisme des organes

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Un sénateur va déposer une proposition de loi, soutenue par Rudy Demotte

Mardi 28 novembre 2006

Acheter en Chine, un organe prélevé sur un condamné à mort ou un prisonnier politique ? Ici, on songe à une loi.

Commander un rein sur Internet et bénéficier à cette fin de l’exécution d’un condamné à mort. Il y a peu, l’information aurait mérité de figurer dans un roman d’anticipation. Mais il semble qu’aujourd’hui, en Chine, elle puisse s’écrire au présent de l’indicatif. Le sénateur VLD Patrick Vankrunkelsven a tenté l’expérience. Par le biais d’un site Internet, il a pris contact avec un intermédiaire japonais. Celui-ci lui a confirmé que l‘organe commandé - 50.000 euros - provenait « d’une personne emprisonnée âgée d’une vingtaine d’années ».

Le sénateur déposera une proposition de loi visant à réprimer cette pratique. « Le texte est prêt, il va être discuté au sein de mon groupe politique. La rédaction du texte est délicate, mais l’idée est de s’inspirer de la loi réprimant le tourisme sexuel. Il faut donner un signal, notamment aux personnes dont le nom figure actuellement sur une liste d’attente. Une campagne d’information, comme celle qui a eu lieu en Australie, n’a des effets qu’à court terme. Une loi est donc nécessaire. Ainsi qu’un effort diplomatique ». Lundi, le sénateur rencontrait le ministre des affaires étrangères, pour le sensibiliser.

C’est ce jour-là que la Société belge de transplantation évoquait l’éthique et les transplantations lors d’un colloque qui s’est tenu à l’hôpital Erasme. La SBT a redit son opposition aux pratiques de vente d’organes et a mis en garde les patients. Lors de la conférence, deux juristes canadiens, l’ex-secrétaire d’Etat, David Kilgour et l’avocat David Matas, ont présenté les conclusions d’une enquête de trois mois sur les allégations de prélèvement d’organes vitaux auprès de prisonniers chinois. Ils ont notamment fait état du témoignage d’un directeur d’hôpital dont l’établissement effectue chaque année 2000 transplantations de foies, alors que tous les hôpitaux allemands réunis n’en réalisent que 700. Il s’agirait de condamnés à mort mais aussi, disent les deux Canadiens, de membres du mouvement religieux Falun Gong, dont « un nombre considérable mais inconnu ont été mis à mort ces cinq dernières années ». Les deux juristes ont évoqué le cas d’un chirurgien chinois qui aurait prélevé la cornée d’environ 2.000 prisonniers du Falun Gong sur une période de deux ans, empochant « des centaines de milliers de dollars ».

Oublier le secret médical ?

Du côté du ministère de la santé, on dit ne pas avoir connaissance de Belges qui auraient cherché à se fournir en « pièces détachées » en Chine. « Il est illégal de vendre un organe en Belgique », rappelle le porte-parole de Rudy Demotte (PS). La loi prohibe en effet « les cessions d’organes et de tissus » dans un « but lucratif ». Par ailleurs, poursuit-on, « toute personne qui se fait transplanter doit faire l’objet d’un suivi médical. Opter pour une opération en Chine, c’est risqué ». Une loi réprimant le délit d’achat d’organes à l’étranger aurait les faveurs du ministre. Mais encore faut-il apporter la prévue du délit. Or, seul le médecin assurant le suivi du patient pourrait le faire. Mais ce serait remettre en question le secret médical. Dans une lettre qu’il compte leur adresser, le ministre de la Santé posera la question à l’Ordre des médecins et au Conseil supérieur de la transplantation.

Source :
http://www.lesoir.be/services/archives/index.php?action=getArticle&articleId=495748&backUrl=%26query%3Dfalun%26when%3D-1%26sort%3Ddatedesc%26amp%3BfirstHit%3D

Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.

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