Red Ink: Un aperçu sur l'économie chinoise (1ère partie)

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1. Une revue de l'histoire

“Il faut plus d'un jour à une rivière pour geler sur trois pieds de profondeur”. Le problème mijote depuis quelque temps déjà. Il est donc nécessaire de passer en revue les dernières décennies en Chine pour comprendre son statu quo économique actuel. Pendant cette période historique, il a existé une balance inégale entre l'offre et la demande. L'économie chinoise allait de la précédente pénurie d'un système de distribution de marchandises et de services jusqu'à l'apparente abondance d'aujourd'hui, un processus accompagné d'un déclin rapide des standards moraux et sociaux. L'exploitation abusive des ressources naturelles amena des profits économiques, alors même que l'érosion des valeurs morales et sociales imposait au peuple de considérables dépenses économiques et sociales.

Si vous posez la question à des chinois ayant vécu dans les années 50, ils vous diront qu'à cette période ils menaient une vie agréable, non en termes d'abondance des stocks, mais de standards moraux élevés. Malheureusement, vers la fin des années 50 un mouvement anti-droite fut lancé contre des citoyens exemplaires, ceux qui osaient dire la vérité sur les points faibles du pays en espérant les enlever pour permettre une amélioration du système. Le résultat pour ces gens était de se voir catalogués de "réactionnaires", de devenir des suspects publiquement surveillés, de devoir quitter leur foyer, et d'être envoyés dans des régions rurales afin d'y subir la "rééducation par le travail" pour une transformation idéologique. Les gens frissonnaient à l'évocation de ce cauchemar, et aux conséquences qu'impliquait la divulgation de la vérité.

Le "grand bond économique" de 1958 fut suivi d'une récession économique, avec un impact social durable. Le peuple apprit les conséquences de vouloir dire la vérité et commença à fanfaronner et à parler de sujets mondains et fabriqués. Crier des slogans comme “5 000 kg par mu cédé” pendant qu'on avait l'estomac vide devenait habituel dans le pays (Note: mu: unité de mesure agricole, environ 0.067 hectares). Les traditions chères à la nation chinoise commençaient à s'éroder. Les traditions de dur labeur, d'honnêteté, de justice et de compassion représentaient quelques-unes d'entre elles. Regardant auparavant vers les vastes cieux et vers la terre jaune qui les nourrit, le peuple chinois affligé baissait la tête!

La perte des traditions et vertus, le déclin des standards moraux furent suivis par des châtiments célestes. Des désastres naturels sévirent pendant trois années consécutives. Un coup d'œil aux annales historiques nous révèlent comment de nombreux chinois moururent de faim. Puis il y eut très vite le prélude de la Révolution Culturelle", qui dura dix ans, et poussa la Chine au bord de l'effondrement économique. De surcroît, elle ruina la culture chinoise, cette brillante culture vieille de plusieurs milliers d'années. Avec la suppression des valeurs morales, les gens ne croyaient plus aux rétributions selon les mérites de chacun, et commençaient à exercer leur propre volonté quand et où ils le voulaient.

En consultant les archives nous constatons que le déclin des valeurs morales en Chine est toujours étroitement suivi d'une grave crise économique. Les crises morales et économiques sont comme "la forme et son ombre" se suivant étroitement. En se penchant sur les faits historiques on peut se rappeler que sans de solides fondations morales, la réforme et l'ouverture au monde de la Chine ne peuvent lui assurer une progression stable, et la condamnent à un effondrement pouvant survenir à tout moment.

2. De multiples crises sociales et économiques

(1) Fraude et corruption dans le gouvernement et dans le secteur privé
Visiblement, les gens jouent un rôle majeur dans les activités sociales et économiques. Le comportement des gens peut refléter l'état économique d'un pays. Selon de récents rapports fiscaux publiés en Chine, les institutions judiciaires ont concentré leurs efforts de l'année passée sur les enquêtes concernant la fraude et la corruption. La totalité des cas s'élevait à 36 447, impliquant 40 195 personnes. Plusieurs de ces cas (1 319), dépassait le million de Yuan. Les 9 452 personnes impliquées avaient travaillé pour le Parti, le gouvernement, les institutions d'application de la loi, les institutions judiciaires, l'administration économique et commerciale.

Parmi eux, 2 670 occupaient des postes élevés. Ces cas deviennent de plus en plus répandus dans le pays, où les fonctionnaires corrompus sont légion, laissant supposer que le Chine est peut-être au sommet de sa corruption depuis la création de la forme actuelle du gouvernement en 1949. On estime que la perte dans les taxes et droits de douane provoque l'érosion de 8% du PNB. Les pertes de cette importance atteignaient l'année passée l'équivalent de 80 milliards de dollars. Les cas de fraude augmentent de 9% chaque année, dépassant le rythme national de croissance économique.

(2) "Gros chiffres" de croissance économique contre larges déficits fiscaux
Le Bureau des Statistiques de l'Etat confirma que le rythme de croissance économique de la Chine était de 7.3% l'année passée et admettait l'existence d'un problème concernant la précision de la plupart des registres économiques en Chine (28 février, site web chinois de la BBC). Le rythme de croissance du PNB 1998, selon les chiffres officiels de la Chine, s'élevait à 7.8%, alors que la croissance actuelle oscille entre -2 % et 2%, selon le résultat des recherches du Professeur Roschi à l'université de Pittsburgh. De même, le chiffre officiel en 1999 était de 7.1%, alors que le résultat des recherches indiquait -2.5% à 2%. Selon les données les plus récentes du Bureau des Statistiques de l'Etat (BSE), la croissance PNB pour 2001 s'élevait à 7.3%. Dans sa déclaration publique, le BSE prétend qu'en raison de l'augmentation de la demande du marché domestique, le PNB total s'élevait à 9 5933.3 milliards de Yuan. Les fonctionnaires responsables de la gestion des prêts à la Chine au sein de la World Bank et Asia Bank déclaraient, “Le rythme de croissance du PNB de la Chine pourrait avoir été exagéré, pendant que d'autres indications ont été réduites".

De plus, selon le Time de Chine du 1er mars 2002, M. Shao Zheng-nan, directeur des polices et règlements au BSE révéla au “Financial Times” à Londres qu'une enquête menée entre mai et octobre 2001 avait permis de découvrir que dans au moins 60 000 cas on ne remplissait pas correctement les statistiques. Parmi eux, 20 000 avaient déjà été poursuivis, et mis à l'amende pour un montant total de 30 millions de Yuan. Quand les agences d'application des lois deviendront plus strictes et mieux financées, elles pourront découvrir plus d'infractions. Une lettre interne au BSE précise que les problèmes de falsification des chiffres économiques sont très sérieux (28 février 2002, site web chinois de la BBC) et qu'entre mai et octobre il y a eu 62,000 cases d'infraction sur l'enregistrement des statistiques.

Sur ce sujet de l'enregistrement des statistiques, les experts et universitaires ont émis des doutes sous de nombreux angles. Lors d'une conférence à Hong Kong sponsorisée par le Crédit Suisse et la First Boston Bank, le professeur Lester Thurow du MIT déclara que les chiffres économiques officiels de Beijing ne sont pas fiables et ne reflètent pas le statut économique réel de la Chine. Selon l'AFP, le Professeur Thurow arrivait à la conclusion que lorsque la Chine annonçait un rythme économique de 7.3%, l'indice de Hong Kong était proche de zéro, alors que Hong Kong constituait l'un des principaux moteurs économiques pour le développement du sud de la Chine. Comment cela peut-il être expliqué? Il déclarait: l'un des deux chiffres doit être faux. Il ne peuvent être justes tous les deux, ajoutant qu'au cours des cinq dernières années le commerce avec l'étranger connaissait de violents soubresauts, pendant que l'économie maintenait un rythme régulier, ce qui est pour le moins suspect. Dans son exposé sur l'économie chinoise, Thurow analysait un autre point étonnant: le taux d'inflation, qui avait passé de 10% à zéro l'année précédente. Pendant ce temps, l'économie de la Chine était décrite comme une progression stable. De plus, Beijing fait part d'une progression de 7 à 8%, pourtant cette progression est minime dans les zones rurales où vit 80% de la population. “Alors quelle rapidité de développement doivent manifester ces 20% pour compenser le 80% qui ne progresse pas du tout? De nombreux fonctionnaires chinois ne pourraient probablement pas répondre à cette question.

Quelle que soit la beauté apparente de ces chiffres, ils ne suffisent pas à couvrir la réalité économique. Le rapport officiel de la Chine sur son budget fiscal indique que les déficits 2002 constitueront un record de 309.8 milliards de Yuan (environ 37 milliards de dollars ). En comparaison avec les déficits de l'année passée, ces chiffres suggèrent une hausse du déficit de 19%, et une hausse de 25% depuis la fin de l'année jusqu'à maintenant. De plus, la politique du déficit financier adoptée par le gouvernement chinois pour plusieurs années consécutives a accumulé une énorme dette de 400 milliards de Yuan, et les déficits budgétaires pour 2002 dépasseront 3% du PNB estimé, très proche de la ligne de démarcation de l'insécurité d'emprunt spécifiée par le FMI (Fond Monétaire International).

Que nous disent ces énormes déficits fiscaux? La prétendue rapide expansion économique de la Chine au cours des dernières années dépend actuellement d'énormes déficits pour vitaliser la demande interne, qui cache la lenteur économique et présente un tableau trompeur de fausse prospérité.

Les fonctionnaires chinois espèrent premièrement se reposer sur les énormes déficits pour apaiser les conflits sociaux dus au taux de chômage élevé. Les 100 million de chômeurs dans les zones rurales et les dizaines de millions de personnes sans travail en zone urbaine donnent la migraine aux dirigeants chinois. Ces gens vivent en général en-dessous du seuil de pauvreté, n'ont aucun encadrement social, et deviennent de ce fait un grand facteur d'instabilité invisible. Le gouvernement n'a plus d'issue si ce n'est d'augmenter continuellement le déficit fiscal et d'investir dans les entreprises contrôlées par l'état pour maîtriser le taux progressif de chômage, afin d'enrayer les conflits. La plupart des économistes considèrent que la Chine doit maintenir au moins un 7% de rythme économique pour stabiliser le taux de chômage.
Deuxièmement, les énormes dépenses militaires sont devenues un immense fardeau pour ses ressources financières. Selon l'Agence d'Information Centrale (Taiwan), les dépenses militaires vont augmenter de 17.6% cette année, atteignant l'équivalent de 20 milliards de dollars. Pendant 13 années consécutives, les budgets militaires ont progressé à un rythme redoublé. Les experts ont souligné que les dépenses actuelles de l'Armée de Libération du Peuple représentent certainement cinq fois plus que la somme annoncée publiquement.

Selon un expert de l'économie chinoise à l'université d'Oxford, les chiffres d'expansion économique soutenus par les budgets du gouvernement et les investissements des entreprises contrôlées par l'état génèrent des conséquences préoccupantes. Les investisseurs perdront confiance s'il n'y a pas de profit, et la baisse du pouvoir d'achat réduira la demande des consommateurs. Dans ces conditions il est donc logique de voir que si les dépenses du gouvernement augmentent les investissements publics finissent par se réduire. Les investissements totaux n'augmentent pas. Pendant trois années consécutives, les investissements du gouvernement ont été plus élevés que le revenu privé, et l'augmentation des investissements privés a été bien plus basse que l'augmentation du revenu privé. Ces faits démontrent la difficulté politique à développer la situation financière. Plus cette politique demeure, et plus les effets pernicieux de sa passivité se feront sentir.

L'expansion financière a réduit les investissements publics. Les gains tirés des investissements sont très faibles parce que les entreprises gérées par l'état ont connu des difficultés dans leurs réformes. Quand ces deux facteurs s'additionnent, le résultat se traduit immanquablement par une économie faible. Ceci est déjà prouvé par le fait que le rythme de croissance économique élevé d'il y a deux ans s'est affaibli par la suite. De plus, l'économie mondiale est maintenant en crise, ce qui ne facilite pas l'augmentation de l'exportation chinoise. L'expansion financière a également amené de grands risques pour les systèmes financiers du pays.

A suivre.

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