Vers une nouvelle définition de la vie

Sur Titan, les mers de méthane pourraient être propices à l’apparition de la Vie
 
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Francis Aymonier
La Grande Époque 10 Mar, 2005

Vue d’artiste de la surface de Titan, avec en arrière plan Saturne et ses anneaux. La surface pourrait être composée de méthane et d’éthane liquide. Photo : ESA/NASA

Le 14 janvier 2005, l'émotion était à son comble. La première image de la surface de Titan parvenait au centre technique de l’ESA, en Allemagne. Prise à une altitude de 16,2 kilomètres, cette image laisse apparaître des écoulements à la surface de Titan. Les zones sombres de l’image pourraient être des réservoirs de méthane, ce qui pose une question majeure : L’absence d’eau exclut-elle la possibilité de Vie ?

De la Vie sans Eau ?

A cette question, la plupart des chercheurs ont répondu positivement. En effet, la définition la plus commune de la vie implique des conditions chimiques et physiques restreintes : une atmosphère protectrice, un champ de température réduit, une température moyenne ni trop faible ni trop élevée (notion d’éloignement vis-à-vis du soleil) et la présence d’eau à l’état liquide. Cependant, est-ce la Vie qui dépend de l’eau liquide, ou est-ce la Vie sur Terre qui a été conçue pour s’adapter à son environnement aqueux ? Le seul point qui recueille l’unanimité est que la Vie nécessite un solvant pour assembler et transporter les molécules. Les préconceptions de la plupart des scientifiques sur la question pourraient avoir limité les avancées de l’astronomie et de la science en général. Par exemple, la NASA a lancé des explorations seulement vers des planètes où la présence d’eau liquide était soupçonnée : Mars et ses canyons, ou encore Europa, le satellite glacé de Jupiter.

Le méthane de Titan

Steven Benner, chimiste à l’Université de Floride à Gainesville, avance dans le journal Current Opinion in Chemical Biology que des solvants autres que l’eau pourraient remplir les conditions de l’apparition de la Vie. Outre l’ammoniac liquide présent sur Jupiter et l’acide sulfurique sur Vénus, l’éthane et le méthane de Titan seraient des candidats idéaux pour accueillir une Vie non-aqueuse. Pour Steve Benner, les hydrocarbures peuvent accepter des réactions organiques complexes, et sont beaucoup moins agressives envers les composés produits que l’eau. Même sur Terre, les réactions chimiques de la Vie et le matériel génétique sont protégés dans des parois cellulaires lipidiques qui repoussent l’eau. Ainsi, Titan aurait beaucoup de chance de contenir des êtres vivants. Il faudra attendre plusieurs années avant qu’une agence spatiale telle l’ESA ou la NASA ne renvoie sur Titan un robot capable d’explorer le plus gros satellite de Saturne en quête de Vie.

Bousculer les idées reçues

Il est très difficile de s’imaginer une forme de vie autre que celle que nous côtoyons quotidiennement. Pourtant, les dernières décennies ont été parsemées de découvertes sensationnelles qui ont révolutionné les Sciences de la Vie. L’exploration des endroits inaccessibles et impropres à la vie humaine a systématiquement payé : Des organismes ont été découverts vivant dans des conditions impensables de pression, température, salinité, ou d’énergie disponible. Il semblerait que toute notre planète bleue soit occupée en grande partie par des êtres vivants qui nous sont totalement étrangers.

Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.

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