Journal Wall Street Europe: Lettre d’Amérique

Une bête dans notre ventre
 
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Par Claudia Rosett

02/21/2002

Fut un temps où les Américains devaient voyager à l’autre bout du monde pour sentir la main d’acier de l’appareil de sécurité d’état Chinois. Plus maintenant. Dans leur ferveur à détruire tout mouvement populaire qui pourrait défier leur main-mise sur le pouvoir, les dirigeants de la Chine se démènent ces temps ci pour partager leurs bizarres et répressives tactiques non seulement avec leurs propres 1,3 milliards de citoyens, mais avec les gens de toute l’Amérique.

Beijing en particulier, a offert sa propre vilaine marque de conseils spirituels à des centaines de maires Américains, dans de grandes cités et de petites villes, de Los Angeles à Baltimore et jusqu’en Illinois. La cible la plus visible de ces programmes de terrain de Beijing est le mouvement spirituel Falun Gong, aussi connu sous le nom de Falun Dafa – composé en Chine en grande partie de travailleurs dans la cinquantaine cherchant une foi plus attrayante que l’idéologie en faillite du communisme.

Après que quelques 10 000 pratiquants de Falun Gong aient fait une démonstration pacifique en Avril 1999, face au siège du Parti Communiste Place Tiananmen, les dirigeants de la Chine ont interdit le mouvement, le condamnant comme une “[terme calomnieux utilisé par le gouvernement Chinois]” et s’embarquant dans une campagne officielle pour l’éradiquer. Depuis lors, le gouvernement de la Chine a raflé tous les records d’emprisonnement, de torture et les scores de cas de décès d’adeptes du Falun Gong à l’intérieur de la Chine.


Les pratiquants de Falun Gong en dehors de Chine ont répondu – chose raisonnable– en cherchant des gestes de soutien. Et c’est là qu’interviennent les maires d’Amérique. C’est une habitude répandue et largement ornementale pour les maires des Etats-Unis d’émettre des proclamations célébrant des groupes, des thèmes et des causes du jour. Aux Etats-Unis, les pratiquants de Falun Gong ont demandé à de nombreux maires d’émettre des proclamations honorant leur mouvement.


Le gouvernement Chinois, non content de persécuter le Falun Gong en Chine, a répondu en insistant auprès des officiels Américains pour qu’ils les évitent ou même les persécutent ici même en Amérique. Les approches diverses par lettres, appels téléphoniques ou visites personnelles des officiels Chinois de l’ambassade de Chine de Washington ou d’un de ses consulats, tendent à combiner des tactiques d’intimidation avec des pressions diplomatiques ou commerciales sournoisement implicites.


Assez typique est l’expérience du Maire Randy Voepel, de Santee, Californie, un ville de 58 000 habitants dans la banlieue de la région de San Diego. Il y a un peu plus d’un an, M. Voepel a reçu une lettre d’un Consul Général Chinois fraîchement arrivé dans les environs de Los Angeles, Lan Lijun. La lettre à M. Lan commençait avec des compliments chaleureux pour continuer directement par une description du Falun Gong comme étant une [Terme calomnieux utilisé par le gouvernement Chinois] créant une “atmosphère de panique” et qui non maîtrisé en Amérique pourrait finir par “mettre en péril votre stabilité sociale”. Notant que la Chine “aimerait établir et développer des relations amicales avec votre ville” – et impliquant que cela demandait de se soumettre aux souhaits de la Chine.

La lettre de M. Lan continuait en insistant qu’ “aucune reconnaissance ou soutien sous quelque forme que ce soit ne devrait être donné au Falun Gong” et lui demandait de leur interdire tout enregistrement en tant qu’organisation officielle.

Certains autres officiels, comme l’ancien maire Stan Bogosian de Saratoga, Californie, et une flopée de maires dans l’Illinois, ont résisté à la pression de la Chine. Mais beaucoup ont fait des courbettes, […]

La Chine a été assez effrontée pour faire pression sur le maire de Salt Lake City – recevant actuellement les Jeux Olympiques, de même que Beijing le fera en 2008. Le mois dernier, le chef adjoint de l’ambassade de Chine, He Yafei, a passé un coup de téléphone au maire Rocky Anderson, qui avait publié une proclamation honorant le Falun Gong l’année dernière. Comme faisant partie ‘de conseils pour la sécurité’ à l’intention de M. Anderson, le message de M. He comprenait des avertissements sur le Falun Gong, un des nombreux groupes ayant fait une demande d’autorisation pour faire des démonstrations pacifiques pendant les Jeux Olympiques. M. Anderson a laissé la démonstration continuer, le 7 février. C’était tellement paisible, a dit le porte-parole du maire, que l’unique problème avec le Falun Gong, c’était « qu’ils marchaient très lentement. »

Une demi-douzaine de pratiquants de Falun Gong se sont engagés dans une protestation si l’on peut dire plus agressive contre [la campagne de diffamation du Falun Gong] internationale de la Chine, comme le logo continue sur le site web officiel de l’agence de presse étatique Xinhua de la Chine. Quand le maire de Beijing, Liu Qi, est arrivé à l’aéroport de San Francisco au début du mois, en route pour assister aux Jeux Olympiques, on lui a remis des papiers lui faisant part de poursuites judiciaires tombant sous la Proclamation de Tort à Autrui, Acte de 1789, et sous la Protection de Victimes de la Torture, Acte de 1992, pour avoir laissé de graves abus se perpétrer contre les disciples de Falun Gong à Beijing. […] M. Liu lui-même avait annoncé l’année passée alors qu’il se préparait à recevoir l’organisation des Jeux Olympiques de 2008 qu’il « briserait et écraserait le Falun Gong avec fermeté et […] », il doit maintenant en répondre.

Il est évident que le Falun Gong, avec son mélange de méditation, d’exercices et sa conception d’autres mondes, ne soit pas la tasse de thé de tout un chacun. Mais au centre de l’âme de l’Amérique elle-même il y a la liberté du choix individuel, pas seulement dans des transactions commerciales, mais en matière de croyance. La campagne de la Chine visant à briser le mouvement même sur le sol des Etats-Unis ne va pas seulement à l’encontre des principes américains. Cela correspond aussi à une voie plus large dans laquelle la sécurité étatique de la Chine, avec sa peur désespérée de tout ce qui pourrait défier la dictature du Parti à Beijing, déroule ses tentacules dans de nombreuses communautés aux Etats-Unis, essayant de différentes façons d’intimider les intellectuels, de harceler les dissidents chinois exilés et de malmener les supporters de la démocratie chinoise dont le vent souffle sur le monde, à Taiwan.

Le Président Bush est à Beijing aujourd’hui et demain, il recherche des sujets communs avec son hôte chinois. Ce serait également le bon moment pour rappeler au Président Jiang Zemin et à ses camarades que la persécution d’un mouvement spirituel pacifique est le genre de pratique fâcheuse, cruelle et embarrassante dont ils doivent essayer de se défaire à l’intérieur de la Chine elle-même – et non pas de partager avec le monde entier.

http://opinionjournal.com/columnists/cRosett/?id=105001666

Mme Rosett est un membre de l’équipe éditoriale du The Wall Street Journal. Sa rubrique apparaît le jeudi dans OpinionJournal.com et dans The Wall Street Journal Europe sous « Une lettre d’Amérique ».

Traduction non officielle de l'anglais

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