Une pratiquante canadienne raconte son arrestation sur la place Tiananmen

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

La déclaration qui suit a été faite par Connie Chipkar à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, et enregistrée par un pratiquant anglais :

Aéroport d’Heathrow, terminal 3 des arrivées, 19h.30

Je m’appelle Connie Chipkar, j’ai 61 ans et demi et je pratique le Falun Gong depuis quatre ans. Mon fils Joël Chipkar est allé à Beijing en novembre dernier. Il est revenu à la maison avec un film pris sur la place Tiananmen. Cela m’a inspirée et j’ai participé à la Marche pour la Vérité sur le Falun Dafa à travers le nord du Canada et en Europe, au Portugal et en Turquie, pour faire appel pour un secours urgent aux pratiquants de Falun Gong persécutés en Chine. Le retour positif que nous avons eu de la marche m’a comblée et j’ai voulu prendre le soutien, les encouragements et les bons vœux que j’avais reçu pour les partager avec mes compagnons de pratique en Chine, pour leur montrer notre souci.

Je suis arrivée en Chine et suis allée sur la place Tiananmen. Il faisait très chaud et il y avait beaucoup de gens. Le soleil brillait et je sentais comme un immense espace autour de moi. Des gens voulaient poser avec moi pour des photos et des dizaines d’enfants m’ont demandé mon autographe. Il était 13h.30 et j’avais planifié d’attendre jusqu’à 14h., quand il y aurait d’autres pratiquants arrivant avec des banderoles. J’étais néanmoins inquiète pour les enfants au cas où ils seraient pris dans la situation. Je me suis recueillie et j’ai enlevé mon manteau. En dessous, j’avais une banderole cousue sur mes habits où l’on pouvait lire ‘Marche pour la Vérité de Falun Dafa’ devant et ‘SOS’ derrière. Quand j’ai fait cela, les gardes échangeaient leurs épées (ils changeaient de côté). J’ai chanté le chant du Falun Dafa à haute voix et j’ai senti comme une mer de Chinois me regardant. On aurait dit que rien ne se passait pendant un grand moment. Un policier en uniforme est venu vers moi, « Oh, Falun Dafa ! » s’est-il exclamé et il m’a attrapée brutalement par le bras gauche. Il commençait à me pousser vers le monument de la Paix quand un autre policier l’a rejoint et a commencé à arracher la banderole de mes habits. Cela leur a pris un long moment et j’ai tout du long chanté le chant du Falun Dafa, tous les Chinois assistaient à la scène et regardaient ébahis. Ils m’ont poussée en faisant un grand cercle à la recherche d’un fourgon de police. Un jeune garde avec un grand manteau vert a suivi avec une expression perplexe sur son visage. Les enfants regardaient de même que la foule des Chinois. Je chantais toujours ‘Falun Dafa Hao’ [Falun Dafa est bon]. Le policier a essayé d'abaisser mes bras, mais ils flottaient dans l’air – je continuai à chanter. Le policier était contrarié et m’a poussée brutalement dans le fourgon, me faisant quelque peu mal aux genoux. Je m’étais préparée à des mauvais traitements physiques – il y en a eu peu.

Les policiers ont fait faire des cercles au fourgon en remontant la place et il a fait une embardée pour éviter une dame avec un très gros appareil qui prenait des photos. Ils lui ont confisqué sa carte. Ils m’ont amenée au poste de police de la place Tiananmen, il n’y avait toujours pas de violence. […] Je me suis assise dans une salle d’attente qui comportait des chaises bleues avec dix policiers autour de moi. Ils m’ont demandé si je parlais chinois et j’ai parlé en utilisant les phrases simples que j’avais apprises pendant la Marche pour la Vérité du Falun Dafa – ‘Falun Dafa Hao’. Ils étaient troublés en entendant mon ‘dialecte’. Ils ont ensuite pris beaucoup de photos de moi et ont mis ma banderole par terre pour la photographier également. J’ai dit ‘NON, VOUS LA RAMASSEZ SI VOUS VOULEZ LA PRENDRE EN PHOTO !’ Ils ont pris une photo quand la banderole était sur la table. Ils ont pris beaucoup de temps pour essayer de lire la banderole, parce qu’elle était écrite en anglais.

J’ai ensuite été escortée à mon hôtel pour prendre mes bagages. Le personnel de l’hôtel était très embarrassé parce que la police était avec moi, je leur ai dit ‘Falun Dafa Hao’ et ils ont eu l’air impressionné par moi. Après avoir rassemblé mes bagages, j’ai été conduite à travers une partie très pauvre de Beijing et on m’a amenée dans un poste de police plus grand. On m’a installée à une grande table et on m’a offert à boire et à manger. J’ai rétorqué que je ne pourrais ni manger ni boire tant qu’ils ne me montreraient aucune compassion pour mes compagnons de pratique persécutés en Chine. Ils ont commencé à m’interroger – je pense qu’ils étaient du bureau de la police. J’ai dit : « Si vous m’interrogez, alors j’ai besoin d’un avocat international puisque je suis état d’arrestation, autrement vous allez me jouer un tour, comme je ne sais pas ce que vous dites. » Ils m’ont dit que je n’étais pas en état d’arrestation, alors ça ne faisait rien. J’ai lu le Zhuan Falun [le texte principal du Falun Gong] sous la table, pendant qu’ils décidaient quoi faire.

Ensuite une policière chinoise a commencé à me parler en anglais. Elle parlait lentement et essayait de me tromper. Elle a dit : « J’aimerais juste vous dire deux trois choses, pas pour vous convaincre, mais pour vous parler du crime que vous avez commis en Chine – vous avez enfreint la loi, et de même qu’au Canada, vous devez être punie. » J’ai répondu : « Si vous parlez de criminels, vous devez être impliquée avec le Falun Dafa et je n’ai rien à dire. » Alors elle a continué à me parler du Canada, m’interrogeant à propos de mes fils. Je sentais qu’elle était en train d’essayer de m’empoisonner avec sa manipulation. (Je n’étais pas consciente avant le jour suivant que j’étais secrètement filmée tout le temps que j’étais au poste de police.)

Après cela, on m’a conduite dans une chambre d’un hôtel de police où j’ai passé la nuit. Il y avait deux gardiens avec moi tout le temps. Les femmes venaient même avec moi si j’allais aux toilettes. Aucune intimité ne m’était autorisée. Les policiers qui me gardaient étaient assis et ont regardé la télévision toute la nuit. Chaque programme profanait le Falun Gong ou bien montrait ‘l’auto-immolation’, ils essayaient de me dire que c’était vrai. J’ai dit : « La vidéo de votre gouvernement montre elle-même le mensonge de l’auto-immolation, quand vous ralentissez la cassette, il est clair que la femme reçoit un coup sur la tête. Des groupes des Droits de l’Homme comme Amnesty par exemple, savent ce qui se passe en Chine, des avocats des Droits de l’Homme sont en train de voir pour produire des cas sur ces crimes. » Après cela, j’ai décidé de lire Zhuan Falun toute la nuit. […] J’ai dormi pendant une heure et demi pour me rafraîchir. J’ai parlé des poursuites judiciaires contre les personnes qui persécutent les pratiquants de Falun Gong. Le jour suivant, les policiers m’ont menée en rond et encore en rond, je pense qu’ils essayaient de me désorienter. En fait, ils m’ont amenée à l’aéroport de Beijing et m’ont escortée jusqu’à un vol pour Vienne. L’avion a fait escale à l’aéroport d’Heathrow et on m’a passé un message de mon fils me demandant de monter à bord d’un vol pour le Canada. J’ai rencontré à la porte d’arrivée du Terminal 3 un journaliste avec une équipe de 4 cameramen qui ont tous marché avec moi le long du hall. Le journaliste m’a demandé une déclaration, j’ai immédiatement répondu « qu’ils (le gouvernement chinois) sont les maîtres de la tromperie et de la manipulation. »

J’ai en fait rencontré trois pratiquants anglais qui m’ont aidée à prendre mes bagages, à téléphoner à mon fils au Canada, ils s’inquiétaient pour moi et m’ont mise dans le vol pour le Canada qui a décollé à 21h.

Connie Chipkar

Le 24 janvier 2002


* * *

Facebook Logo LinkedIn Logo Twitter Logo Email Logo Pinterest Logo

Vous pouvez imprimer et faire circuler tous les articles publiés sur Clearharmony et leur contenu, mais veuillez ne pas omettre d'en citer la source.