Le Beau, rencontre entre une nécessité intérieure et l'oeuvre qu'elle a produite

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Tête d'un apôtre, un dessin de Raphaël.


L'art a très tôt constitué une part essentielle de mon être. J'étais un jeune homme introverti et timide. Dans mon désert, les grandes œuvres d'art étaient comme des amies pour moi. Aujourd'hui encore, les grands artistes me semblent être des frères ... Ils cherchent un absolu quelque chose hors du monde que seule la création peut leur offrir. Certains veulent une révolution, comme les surréalistes qui pensent que "la beauté sera convulsive ou ne sera pas". D'autres mènent une recherche plus sereine, plus proche de l'ordre de la nature. Qu'ils soient subversifs ou doux, géniaux ou besogneux, fous ou sages, ambitieux ou modestes, riches ou pauvres, les vrais artistes sont comme les a un jour qualifiés le père Marie Alain Couturier, des "témoins de l'invisible".


L'art est un don de Dieu, il n'est pas le fait du hasard. Comment vivre de ce don? Que va-t-on en faire? Comment répondre à ses exigences? À ses difficultés? Les artistes sont des prophètes, en avance sur leur époque. Ils vivent une situation inconfortable par rapport à la société parce qu'ils n'entrent pas dans l'ordre établi. Ils rompent avec les habitudes, franchissent parfois l'interdit. Ils gênent. C'est pour cette raison que dans les pays totalitaires on les enferme. Ils affirment la liberté.


Comment exprimer le simple? Comment rendre perceptible l'ineffable? Les plus grands se dépouillent pour aller à l'essentiel, ne recherchent pas d'effets faciles qui épatent, séduisent le public, ils se laissent habiter par cette voix intime qui commande d'abandonner l'inutile. Rembrandt a suivi miraculeusement cette voix de l'inspiration. Il a commencé à peindre les bourgeois d’Amsterdam ; puis répondant à l'appel, il a perdu sa confortable clientèle vivant misérablement par la suite. On ne crée pas l'inspiration. Elle est donnée. Dieu en fait cadeau, Sa créature répond tant bien que mal, parfois en peinant longtemps. L'invisible se présente tout seul, il faut oublier la notion de volonté.


Le Beau touche. Mais je suis prudent devant la beauté extérieure car elle est trompeuse. Quand je contemple un travail, je ne le trouve pas beau dans le sens : joli, bien fait, exemple de réussite technique ou artisanale. C'est autre chose qui me touche : la rencontre entre une nécessité intérieure et l'œuvre qu'elle a produite. Qu'il s'agisse de musique, de littérature ou de peinture, de cette rencontre surgira le véritable art, celui qui élève l'âme (...)


J'aime l'art, il est important dans ma vie, non comme ornement mais comme chemin vers une vérité. Je trouve belle une œuvre quand elle est juste : un rapport de couleur, un signe de joie, d'harmonie, les couleurs qui chantent... Chez Titien, par exemple, on sent l'amour du métier. Quand on regarde à la loupe une de ses toiles, on voit que la matière est caressée, déposée avec respect, aimée d'une façon prodigieuse.


En tant que peintre moi-même, je sais qu'on travaille avec un pauvre élément de rien du tout : un peu de poudre, de couleur d'huile...C'est le geste de l'artiste qui est fondamental, qui m'intéresse en toute œuvre, peinture sculpture, musique, cinéma...


Combien d'œuvres contemporaines sont nées de révoltes, sont des crachats, des matières jetées, vomies, habitées par rien? Combien d'œuvres aujourd'hui témoignent du mépris de la vie, mais pourraient devenir belles si elles se considéraient comme la création de Dieu, transparentes à l'Esprit? Le Beau c'est un profond respect de la Création.


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