Le " Pourquoi " de Noël

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La saison des fêtes est là. Ceux qui ne sont pas d’obédience religieuse vont sans doute y aller de leurs " Fumisterie !" notant que le Christ n’est pas vraiment né le jour de Noël, et que tout cela n’est qu’une grande chimère ; ou peut-être, avec un peu de chance, se contenter de hausser les épaules et profiter des festivités comme n’importe qui d’autre. Alors pourquoi exactement Noël en tant que tel a-t-il de l’importance, vraiment de l’importance.


Certes " Noël " semble avoir été célébré bien avant le Christianisme. Le dieu Romain Saturne avait ses célébrations le 25 Décembre. Et le fait que la date ait précédé le Christ ne l’invalide pas comme notre jour de Noël, ce qui serait souscrire à un affreux littéralisme qui signifierait que nous ne le lisions pas correctement.

La principale source de lumière dans "Nativité de Nuit " est le bébé Jésus. Par Geertgen tot Sint Jans, datant d’environ 1490, suite à une composition de Hugo van der Goes. National Gallery de Londres. (Domaine Public)


Au contraire, le fait que Saturne était adoré ce jour-là ne fait que renforcer son importance. Pourquoi ? Parce que cela pointe vers quelque chose de profond dans le psychisme humain qui persiste et devient manifeste le 25 Décembre.


Selon les Ministères de la Dernière Trompette, les Romains ont remarqué que trois jours après le jour le plus court de l'année (qui varie dans l'hémisphère Nord entre le 20, 21, 22 ou 23 décembre), la lumière du soleil commençait à augmenter ! Ainsi, le dieu était mort et trois jours plus tard, il était ressuscité d'entre les morts et avait recommencé à éclairer le monde. Assurément une bonne raison de célébrer. Car comment pourrait-on comprendre cela autrement que par le fait que cette lumière avait vaincu les ténèbres, et que le chaos avait été vaincu par... par quoi exactement ? Par le dieu Saturne, bien sûr !


Les première, deuxième, et troisième leçons

" L’Adoration des Mages ", vers 1530,Albrecht Altdorfer. (Domaine Public)


La première leçon d’importance psychique, est donc que la vie triomphe de la mort.


Deuxièmement, la façon dont la vie triomphe de la mort est proprement miraculeuse ; ce n’est pas quelque chose qu’un être humain peut imaginer faire. Cela arrive de son propre accord et par sa propre puissance divine. Nous ne fixons pas les lois qui déterminent quand nos jours sont longs où quand ils sont courts. Comme l’indique " Le Livre des morts des anciens égyptiens " : "Tout le monde qui se trouve en bas a été mis en ordre et rempli de contenu par les choses qui sont placées en haut ; car les choses d’en bas n’ont pas le pouvoir de mettre de l’ordre dans le monde d’en haut. "


Troisièmement, nous devons des remerciements et de la gratitude pour cette merveille de la vie, et bizarrement, alors que nous exerçons remerciements et gratitude, nous nous sentons d’autant mieux et voyons encore plus de merveilles dans la vie.


Cette merveille de la vie ! Merveille de la vie humaine. De quoi s'agit-il et pourquoi Noël est-il important ? Est-ce juste pour que nous puissions exprimer notre gratitude et partager les uns avec les autres ? Et s'il y avait plus que ça ?


Les questions de l’homme et de la bête

La Nativité, vers 1350, par le Maître Vyssi Brod. (Domaine Public)


Lorsque je considère les formes de vie les plus proches de nous, les mammifères, je me demande : " Que se demandent les animaux ? " et j’ai trouvé une réponse surprenante. De manière naturelle, les animaux se posent deux questions simples : Quoi ? Et Comment ?


Ils disent, Que vois-je venir dans ma direction ? Un chat, un chien, un aspirateur ? Réponse : cours, ne bouge plus, attaque ! Ou ils se demandent : comment puis-je attraper ce petit moineau gazouillant dans la haie ? Et à un certain niveau instinctif, leur mouvement suivant est une réponse à leur propre question.


Jusqu’ici, tout va bien. Mais quelle question ne se posent-ils jamais ? Ils ne demandent jamais " pourquoi " Pourquoi les choses sont-elles ainsi ? Pourquoi le liège flotte-il, l’eau boue-t-elle, ou pourquoi l’univers existe ? Pourquoi y-a-t-il l’existence, et la non-existence ? Cette dernière question nous amène presque à penser à notre propre angoisse existentielle.


La Nativité au centre d’un ancien panneau d’ivoire du 10e siècle, à Constantinople. Musée du Louvre. (Domaine Public)


Les calottes glaciaires peuvent être en train de fondre et les ours polaires de s'efforcer de survivre, bien que sans ressentir de malaise existentiel à propos de leur statut sur la planète. Et, bien sûr, une fois que le " pourquoi ", a vraiment été retiré du raisonnement d’un être humain, alors il ou elle ne demande plus que "Quoi" et " Comment."


Limiter ses questions à " quoi " et " comment ", pour l’être humain, c’est être en enfer. Sisyphe en enfer ne peut pas demander pourquoi il roule sans cesse un rocher au sommet d’une montagne, car s’il pouvait poser cette question, il arrêterait.


Oui, nous voyons des gens vivant en enfer, et un signe certain en est la tâche répétitive qui n’a pas besoin d’être faite, mais qui est faite continuellement. En enfer, on n’arrive jamais à la racine de toute question ou problème, ni ne voit pourquoi il est comme il est. D’ailleurs, comme Ingmar Bergman l’a observé : " L’enfer est un endroit où personne ne croit plus aux réponses. "

Une peinture murale Grecque-Orthodoxe dans l’église Saint-Jean-Baptiste en Jordanie. (David Bjorgen / CC BY 2.5)


Effectivement, être en enfer c’est être soustrait, pour ainsi dire, à la réalité totale. Généralement, quand des hommes posent seulement les questions " quoi " et " comment ", ils ne peuvent accepter la réalité comme elle est, et préfèrent les fausses images d’eux-mêmes qu’ils ont créés, qui deviennent une carapace protectrice physique et émotionnelle.


Adoration du Mage sur le panneau central d’un sarcophage dans le cimetière de Sainte-Agnès à Rome, 4e siècle A.D. (Domaine Publlic)

Le Logos au centre
Alors pourquoi est-ce que le" pourquoi " est important ? Parce que les questions " pourquoi " pointent la raison pour laquelle les êtres humains sont différents et uniques, parce que " pourquoi " pointe le rôle central de la signification dans nos vies. Pas de signification, pas de vie véritable.


Qu’est ce qui a vaincu les ténèbres et le chaos ? La lumière et le sens. Ce que nous célébrons à un niveau profond le jour de Noël est l’avènement du sens dans nos vies ; le sens, bien sûr, offre un objectif, et l’objectif présuppose un destin, et le destin, à la différence du sort (où nous sommes piégés), implique la grandeur.

Peut-être la plus ancienne illustration d’une Vierge à l’Enfant occidentale, du Livre de Kells, environ 800 A.D. (Domaine Public)
Un manuscrit enluminé allemand avec deux scènes des Mages, environ 1220. (Domaine Public.)


Ainsi, dans la tradition chrétienne, la lumière et le sens ont été identifiés avec la naissance du Christ. Pour une raison, un bébé symbolise les espoirs de chaque famille ; et plus spécifiquement, ce bébé est - comme le sont potentiellement tous les bébés – destiné à la grandeur. Mais il y a plus : Le sens à Noël est personnel, puisque le bébé est une personne.


Donc, le sens implique la lumière, l’identité individuelle, et une réponse à la question " pourquoi ?" Le sens et la question " pourquoi " sont une combinaison main-gant, comme l’un se superposant sur l’autre. Nous avons le " pourquoi", et le couvrant, il y a le sens. C’est ce que les anciennes traditions religieuses reconnaissaient. Peut-être l’exemple le plus célèbre de tous est le chapitre d’ouverture de l’évangile de Jean, où nous lisons : " Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. "


Il est important de noter que "parole" en grec est "logos", qui signifie non seulement "parole", mais aussi "sens" ou "raison" ; nous pouvons en voir la racine étymologique dans notre mot "logique" aujourd'hui. La logique suggère la rationalité, la cohérence, l'uniformité et l'ordre. Donc nous avons : Au commencement était le sens, qui était avec Dieu et le sens était Dieu.


Que c‘est extraordinaire et que c’est abstrait –Si ce n’était que le jour de Noël, nous avons aussi le bébé !


Noël nous demande de croire que le sens et l'ordre sont à la racine de la vie, et non le chaos et la désintégration ; que l’identité individuelle et la lumière dominent l'animal en nous, et les ténèbres ; et que, si vous voulez, une personne représente de façon transcendante cette bataille épique.


Et voilà où je veux en venir : Sens, ou raison, ne peuvent être prouvés par la raison ; seule la foi permet d’y accéder. Comme G.K. Chesterton l’a observé : " Dans la mesure où la religion n'est plus là, la raison s’en va. Car elles sont l’une et l’autre du même type primaire et faisant autorité. Ce sont deux méthodes de preuve, qui ne peuvent elles-mêmes être prouvées. " Comme c’est remarquable ; nous, dans le monde moderne, aimons penser que la raison dicte nos comportements. Mais la raison est aussi irrationnelle que l’on perçoit la foi, dans le sens où la raison ne peut pas prouver elle-même que nous devons croire en la raison. Ainsi et de façon importante, la fondation de la science est la foi, tout comme elle est la fondation des croyances religieuses.


Noël nous invite à célébrer non seulement une croyance en une personne, ce qui peut être optionnel pour beaucoup, mais aussi une croyance dans l’ordre, la rationalité, le sens de l’univers, et par conséquent dans le sens de nos vies.

“L’Adoration des bergers,” environ 1644, par Georges de La Tour. (Domaine public)


Peu importe l’obscurité et le froid au dehors (nous sommes dans l’Hémisphère Nord, après tout), et peu importe la brièveté de la journée (ou de nos vies individuelles), il y a une signification primordiale dans tout ça. Et ce sens célèbre follement la vie et nous invite à rendre grâce pour elle.


Dans cette série, Myths : Mapping our Way Home, James Sale revient sur la raison pour laquelle les mythes – aujourd’hui pratiquement ignorés – restent essentiels pour comprendre notre place dans l’univers, sinon pour notre survie même.


James Sales est un homme d’affaires anglais dont la société Motivational Maps, opère dans 14 pays. Il est l’auteur de plus de 40 ouvrages sur la gestion, l’éducation, et la poésie publiés par de grands éditeurs internationaux, dont Macmillan, Pearson, et Routledge. En tant que poète, il a remporté le premier prix du concours 2017 de la Society of Classical Poets, lors du premier symposium du groupe tenu au Princeton Club de New York.


Version originale

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