Une femme de Tianjin rend compte de sa condamnation sur la base de preuves fabriquées

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Une femme de 68 ans deTianjin a été arrêtée le 6 octobre 2015, alors qu'elle distribuait des documents sur la persécution du Falun Gong, discipline spirituelle basée sur les principes de Vérité-Bonté-Patience, par le régime communiste chinois.


Les gardes du centre de détention du district de Nankai ont emmené Mme Cai Lili à l'hôpital local et l'ont forcée à donner des échantillons de sang plusieurs fois pendant sa détention. Elle se rappelle avoir eu plus de 30 seringues (5 ml chacune) de sang prélevé en deux mois. Ses compagnes de cellule ont commenté qu'elle avait l'air très pâle.


Mme Cai s'est sentie extrêmement mal le 30 décembre 2015. Elle a été transportée à l'hôpital, où les médecins n’ont pas pu détecter sa tension artérielle. Ce n'est qu'alors qu'elle a été libérée pour raison médicale.


Mme Cai a été jugée le 21 septembre 2016 et condamnée à deux ans et dix mois et à une amende de 15 000 yuans le 1er novembre 2017. Elle a fait remarquer que les éléments de preuve à charge incluaient deux vidéos de la fouille de sa maison pendant sa détention, Toutefois la vidéo était remplie d'incohérences. Elle soupçonne la police d’avoir réalisé les vidéos après avoir fouillé sa maison, mais le juge l'a reconnue coupable sur la base de cette preuve. Voici le récit personnel de son épreuve.


Arrestation

Je suis allée au parc Shuishang le 6 octobre 2015 dans l’intention de distribuer des dépliants du Falun Gong. Je n’avais encore parlé qu’à deux personnes lorsqu'un policier en civil est sorti de nulle part et m'a traînée jusqu’à un bus touristique. Il a ordonné au chauffeur de m'emmener directement au commissariat de Shuishang, où un véhicule de police a pris le relais et m'a envoyé au commissariat de Balitai.


J'ai été gardée dans une petite pièce et n'ai reçu ni nourriture ni eau.


Un policier (dont le numéro de badge est 300547 et dont j'ai appris plus tard que le nom était Wang Zhanli) est venu me faire signer une déclaration admettant un crime. J'ai refusé et il a attrapé mon sac à main, qui contenait mon téléphone, mes clés, ma carte de bus et un lecteur MP3.


Il est revenu quelques heures plus tard et m'a emmenée dans le hall. J'ai remarqué une cassette et une boîte à bijoux qui m'appartenaient sur la table et me suis rendu compte que la police avait fouillé ma maison sans me prévenir.


Puis, j'ai vu deux policiers en civil tenant mon annuaire téléphonique et je me suis demandé quels autres effets ils avaient pris chez moi. J'ai également été surprise de voir mon jeune frère dans le hall mais j'ai supposé que la police l'avait trouvé et emmené pour fouiller ma maison.


Wang a fouillé dans mon portefeuille et a dit qu'il cherchait de l'argent pour m'acheter de la nourriture, ce qu’il n’a jamais fait et c’est mon frère qui m’a apporté à manger.


Wang a laissé partir mon frère après lui avoir donné ma carte d'autobus, mes clés et mon portefeuille. Avant que j’ai fini de manger, Wang m'a emmenée dans un endroit lourdement gardé, et j'ai appris plus tard que c'était le Centre de détention du district de Nankai. J'ai demandé à revoir Wang mais on m'a dit d'oublier ma demande.


Prélèvements de sang répétés

On me donnait de la soupe au chou et des petits pains cuits à la vapeur pour les repas tous les jours. Il n'y avait pas de lit, et je devais dormir sur un gros matelas sale avec d'autres détenues. Mes jambes ont enflé et je suis presque devenue grabataire.


Les gardes m'ont emmenée à l'hôpital local pour prélever mon sang à plusieurs reprises, mais ils ne m'ont jamais dit pourquoi. Je me souviens qu'ils ont tiré plus de 30 seringues de 5 ml de sang en deux mois.


La gardienne Jia a promis de me libérer si j'écrivais des déclarations renonçant au Falun Gong. J'ai refusé, car je n'avais enfreint aucune loi en exerçant mon droit constitutionnel à la liberté de croyance. Elle a alors demandé à une autre personne d'écrire pour moi et m'a trompée en m’amenant à signer mon nom et en pressant dessus mes empreintes digitales. Je n'ai pas été libérée tout de suite comme Jia l'avait promis.


J'ai tout à coup eu l’impression que j'allais mourir le matin du 30 décembre 2015. Les gardiens m'ont emmenée aux urgences, mais les médecins n'ont pas réussi à lire ma tension artérielle. C'est seulement à ce moment-là que Jia et le directeur du centre de détention Liu ont demandé à ma famille de venir me chercher.


Mon fils a dû quitter son emploi dans une autre ville et il est revenu à la maison pour prendre soin de moi.


Maison saccagée quand personne n'était dans les parages

J'ai appris que mon frère n'était pas du tout présent lorsque la police a fouillé ma maison le jour de mon arrestation. J'ai découvert que la police avait pris chez moi les objets suivants: un contrat financier de 20 000 yuans, un porte-monnaie avec plusieurs centaines de yuans, des billets de banques imprimés avec des messages de Falun Gong, mon annuaire téléphonique, deux tous nouveaux pulls en cachemire, un tissus en laine, une lettre au président Xi Jinping, et la copie originale de mes plaintes contre l'ancien dirigeant du Parti communiste chinois Jiang Zemin.


Sans mon annuaire téléphonique, j'ai perdu contact avec ma famille élargie et mes amis.


Jugée avec des preuves fabriquées

J'ai été jugée au tribunal du district de Nankai le 21 septembre 2016. L'acte d'accusation énumérait un certain nombre de personnes ayant reçu des documents de Falun Gong venant de moi. Aucun d'eux ne s'est présenté au tribunal. En fait, j'ai remis des dépliants à seulement deux personnes, aussi étais-je certaine qu'au moins certains des informateurs étaient inventés.


Le procureur a ensuite présenté des photos en couleur d'objets qui, selon lui, avaient été confisqués chez moi. Je n'ai pas reconnu la plupart des articles. Quant aux autres, les images étaient trop floues pour dire ce qu'elles montraient.


Le procureur a ensuite passé deux clips vidéo qu'il a prétendu être des images de policiers en train de fouiller ma maison. Les images montraient qu'au moins trois personnes étaient entrées chez moi, sans qu'on puisse distinguer aucuns des visages des policiers.


Les séquences vidéo ont été agrandies sur des objets que je n'avais jamais possédés. Étrangement, un clip montrait des dépliants de Falun Gong que je portais dans mon sac au moment de mon arrestation. Je n'avais jamais eu de copies supplémentaires de ces imprimés à mon domicile.


Mon placard n'a jamais été montré dans les vidéos, mais les deux pulls et le tissus de laine que j'y avais mis avaient disparu lorsque je suis rentrée chez moi.


Le porte-monnaie contenant plusieurs centaines de yuans est apparu dans un clip, qui montrait également une main remettant l'argent dedans. Cependant, le porte-monnaie était vide quand j'ai été libérée.


Les clips ne montraient pas la police quittant ma maison. On ne sait pas s'ils sont partis en même temps ou séparément.


Je soupçonne que la police a filmé les vidéos après avoir fouillé ma maison.


Le juge m'a condamnée sans jamais me donner l'occasion de présenter mes arguments de défense. En raison de mon état de santé, je suis actuellement en liberté conditionnelle pour raison médicale.


Je suis allée au commissariat à plusieurs reprises pour demander le retour de mes articles confisqués, en vain. La visite la plus récente a eu lieu le 23 septembre, lorsque j'ai remarqué la photo du policier Wang sur le tableau d'affichage. C'est seulement alors que j'ai découvert son nom.


Version chinoise :
天津蔡莉莉老人被冤判两年十个月

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