D'une paisible pratique d'élévation personnelle à faire ses premiers pas de résistance pacifique à la persécution

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J’ai fait connaissance avec le Falun Gong lors de journées sur le qigong à Paris en 1998, après une longue et douloureuse recherche du sens de la vie. Depuis un jeune âge, j’aspirais à la liberté intérieure. La première fois que j’ai eu le livre Zhuan Falun entre les mains, je l’ai lu d’une traite, je ne voulais plus le reposer. Je me souviens de mon impression d'alors d'une pièce de puzzle qui avait trouvé sa place dans le tableau d’ensemble. Rien d’une rencontre de hasard mais plutôt la réalisation de ce que les chinois appelleraient une " affinité prédestinée".


J’ai commencé à cultiver et pratiquer de tout mon cœur.


Ce n’est qu’un an plus tard qu’un beau matin au parc, où se faisait la pratique quotidienne, j’ai trouvé quelques pratiquants chinois dans une discussion animée concernant quelque chose de crucial qui semblait être arrivé. C’était au lendemain du 20 juillet 1999 et Jiang Zemin, le secrétaire du Parti communiste d’alors venait d'officiellement décréter la persécution du Falun Gong suite à une manifestation pacifique de plus de dix mille pratiquants sur la place Tiananmen pour leur liberté de pratiquer.


J’ai suivi mes compagnons chinois à l’ambassade de Chine où nous avons rencontré le premier secrétaire et lui avons expliqué que le Falun Gong n’avait rien à voir avec ce dont il était accusé. La rencontre était courtoise et nous sommes repartis persuadés que les choses allaient s’arranger.


Mais ce qui était enclenché n’avait rien d’une méprise et a plongé dans la terreur des dizaines de millions de familles chinoises, et nous avons bientôt été quotidiennement inondés de rapports d’arrestations, de torture, de lavage de cerveau et de décès en garde à vue.


Même pour nous en dehors de Chine la pression a été considérable, du jour au lendemain la presse internationale a repris la propagande chinoise décrivant le plus souvent les adhérents du Falun Gong comme dangereux et dérangés, nous laissant, comme les pratiquants en Chine, abasourdis quant à la façon d’y répondre et de comment concilier cela avec ce qui avait été jusque-là une paisible pratique d’élévation personnelle.


Je n’ai guère eu le temps de réfléchir à la question car en arrivant le lendemain au théâtre – je travaillais alors comme assistante du conseiller littéraire d’un théâtre national – s'étalaient sur mon bureau les gros titres 'de la presse du jour "Falun Gong la secte hérétique qui défie Pékin'. De nouveau j'ai été abasourdie, que devais-faire, une seconde plus tard je montais quatre à quatre les escaliers jusqu'au bureau de notre attaché de presse et en lui remettant les journaux , je lui ai expliqué que le Falun Gong, qu’elle savait, comme tous mes collègues, que je pratiquais, n’avait rien à voir avec ce que racontaient les journaux. Ce sont je pense ma loyauté envers ma pratique et mon absence de toute pensée égoïste à cet instant qui l’ont définitivement convaincue. Je venais de faire mon premier pas de résistance pacifique à la persécution et en le faisant, je venais aussi d’éprouver cet état de liberté intérieure que j’avais si longtemps cherché.


Les expériences se sont succédées alors que la persécution continuait, et qu’il nous revenait de faire largement comprendre que Zhen Shan Ren (authenticité-bonté-patience) était le principe qui nous guidait dans la pratique et que nous ne recherchions rien d’autre, et n’avions aucune ambition politique comme la propagande chinoise cherchait à nous en accuser. J’avais dès lors conscience qu’expliquer les faits à propos du Falun Gong était aussi s’élever dans la pratique de Zhen Shan Ren. Faire connaître la vérité était aussi faire preuve de compassion pour ceux trompés par la propagande en endurant le sentiment inconfortable d’être à priori mal jugés.


J’expliquais donc les faits à quasiment chaque personne rencontrée, et je trouvais des oreilles étonnement réceptives. Je me souviens avoir reçu un appel d’une comédienne et après avoir échangé quelques mots lui avoir expliqué la situation en Chine, elle m’a répondu : Comment saviez-vous que ce sujet m’intéressait, je souhaite apprendre le Falun Gong ... Un soir en rentrant en taxi, j’ai commencé à parler au chauffeur du Falun Gong et de la persécution qui avait commencé en Chine, l’homme au volant m’écoutait intensément, lorsque il m’a laissée devant la maison, nous nous sommes salués chaleureusement et il m’a remerciée, oubliant de me faire payer la course tant il avait été touché, ce n’est qu’après que je m'en suis rendue compte, j’aurais tellement voulu le revoir pour lui payer sa course. …


J’ai également commencé à traduire de l’anglais des cas de persécution, expérience fort douloureuse au début. Chaque histoire me confrontait à une tragédie, tragédie d’un état prenant en otage sa population toute entière en leur faisant croire que Vérité-Bonté-Patience étaient mauvais, et que la persécution de ces ennemis de l’état – ceux mettant ces principes en pratique – était amplement justifiée. Tragédie de la torture des pratiquants qui en a conduit plus d’un à la folie. Tragédie de ces familles déchirées entre la douleur de voir leurs êtres chers torturés et la peur d’être eux-mêmes impliqués. Tragédie de l’imposture meurtrière de l’auto-immolation sur la place Tiananmen, publiquement attribuée aux pratiquants de Falun Gong alors que la persécution commençait à s’essouffler, et incitant la population à la haine envers 12% de leurs concitoyens innocents qui ne voulaient qu’être de meilleures personnes.


Mais petit à petit la conscience a primé sur la douleur, ces articles permettaient à un très grand nombre de gens d’être informés sur ce qui se passait en Chine, et aidaient à diminuer la pression de la persécution. Je suis devenue de plus en plus calme et je suis convaincue, que l’effet, bien que je ne puisse le voir, a été d’autant meilleur. Une expérience en ce sens a beaucoup approfondi mes réflexions et m’a encouragée à continuer.


En juillet 2003, Gao Rongrong, comptable au Collège des Beaux-Arts de Luxun dans la ville de Shenyang, a été enlevée et emmenée au Camp de travaux forcés de Longshan. L’après-midi du 7 mai 2004, Rongrong a été appelée au bureau par les Chefs de section Tang Yuabo et Jiang Zhaohua. Les deux hommes l’ont électrocutée avec des bâtons électriques pendant sept heures d’affilée. Le visage de Gao Rongrong était sérieusement déformé et couvert d’ampoules. Sa peau brûlée, collée avec ses cheveux et son sang, et ses yeux à peine visibles tant son visage avait enflé.


La photo du beau visage défiguré de la jeune femme a été un terrible choc, que pouvais-je faire et comment ? Ne sachant rien faire d'autre j'ai commencé à traduire puis j'ai publié l'article. J'ai continué à rendre compte de son histoire par la suite jusqu'à ce que Ronrong soit tristement persécutée à mort, le 16 juin 2005. Quelques jours après ce premier article un ami m’a appelé pour me dire que l'histoire de Gao Rongrong figurait dans les " dix top google" les dix articles les plus lus de l’actualité, et il l'est resté une semaine. Ce qui signifie qu’il a été lu, sans qu'il y en ait eu la moindre publicité, par des dizaines de milliers de personnes. Ce qui je pense donne une idée de l’importance de ces faits, l'importance de les faire largement connaître et de donner à un aussi grand nombre de gens que possible l'opportunité de se positionner.


Mes expériences ne se sont pas arrêtées là et ma mission n’a pas pris fin. Elle ne s’achèvera qu’avec la fin de la persécution. Mais j'ai souhaité me souvenir de ce vécu au tout début de la persécution, et le partager pour cet anniversaire du 20 juillet 1999.


Documents de référence :

Falun Gong : La pratique

Falun Gong- Enseignements et croyances

Prélèvement forcé d’organes

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