Un documentaire dévoile la propagande chinoise au Canada

" In the Name of Confucius " dénonce les techniques d'embauche de l'Institut Confucius violant la liberté d'expression
 
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Un film documentaire canadien qui nous éclaire sur l’une des plus grandes initiatives du gouvernement chinois dans le domaine du soft-power, est récompensé alors qu’il entame sa tournée des festivals cinématographiques au Canada.


La cinéaste Doris Liu, une journaliste sino-canadienne habitant Toronto, s’est intéressée aux Instituts Confucius après avoir entendu l’histoire de Sonia Zhao. Cette dernière a quitté le Canada et continué à exposer les mauvaises pratiques de ce que la Chine affiche comme son programme linguistique et culturel.


Mme Zhao est venue au Canada pour enseigner à l’Institut Confucius à l’Université McMaster (Ontario). Le documentaire de Mme Liu intitulé In the Name of Conficius raconte l’histoire de la professeure Zhao dans le contexte d’une confrontation publique sur la décision controversée du Conseil scolaire du district de Toronto (Toronto District School Board (TDSB). En effet, un Institut Confucius est amené à s’expliquer devant la plus grande commission scolaire du Canada qui représente près de 600 écoles.


Soft Power

La Chine a conclu des accords pour ouvrir des IC dans des centaines d’établissements d’enseignement dans le monde entier en leur donnant la possibilité d’offrir des cours de langue et de culture chinoise avec des professeurs et des programmes choisis et payés par le gouvernement chinois.


Anastasia Lin dans le rôle de Sonia Zhao. (Photo du film « In The Name of Confucius »)

Les agences de renseignement reconnaissent que les IC sont des outils du Parti communiste chinois (PCC). Selon Michel Juneau-Katsuya, un ancien cadre supérieur de l’Agence canadienne de renseignements et de sécurité, les IC font partie d’un vaste réseau d’organisations utilisées par le PCC pour accroitre son influence à l’étranger.


Toutes ces organisations « utilisent le soft power et elles sont clairement identifiées par les services occidentaux [de contre-espionnage] comme des agences travaillant spécifiquement à espionner en Occident », a précisé Michel Juneau-Katsuya.


La peur de la persécution

Mme Zhao, diplômée pour enseigner le chinois aux étrangers, pensait que cette opportunité d’enseigner à l’étranger dans un IC serait un emploi idéal pour parfaire sa carrière. En Chine, la professeure avait vu sa mère, qui pratiquait le Falun Gong, être détenue par la police pour pratiquer la méditation et pour sa croyance dans les principes de vérité, de bienveillance et de tolérance.


Une scène du film « In The Name of Confucius » montre Sonia Zhao protestant devant le TDSB contre les Instituts Confucius. (Photo de « In The Name of Confucius »)

Zhao pratiquait aussi le Falun Gong et était souvent inquiète d’avoir à faire face à la persécution. Rappelons que des centaines de milliers de personnes sont touchées par la campagne du PCC contre le Falun Gong depuis 1999. Selon les experts, ce groupe de prisonniers de conscience est même devenu la source principale d’organes prélevés massivement en Chine pour alimenter la très lucrative industrie de la transplantation.


Par exemple, le documentaire saisit le moment où le personnage principal, joué par Miss Monde Canada, Anastasia Lin, doit signer un contrat l’obligeant à ne rien faire de ce qui n’est pas approuvé par le régime communiste, y compris la pratique du Falun Gong. En refusant de signer, elle pourrait s’exposer à un emprisonnement immédiat. Signer signifie trahir sa conscience.


La défection de Mme Zhao marque le début du déclin de l’IC à McMaster. L’établissement a fermé ses portes en 2013 après l’échec de l’université à convaincre Hanban, l’agence gouvernementale chinoise qui supervise les IC, de supprimer les clauses violant les droits de l’homme dans ses pratiques d’embauche des enseignants travaillant au Canada.


In The Name of Confucius suit l’enseignante lorsqu’elle se joint aux manifestations contre l’accord secret entre le TDSB et les Instituts Confucius. Le film couvre la période où le TDSB organise des auditions publiques sur l’affaire. Chris Bolton, le président et l’homme responsable de l’accord entre les deux institutions, démissionne soudainement en juin 2014, quelques jours après le premier tour de l’examen public et médiatisé de l’organisation controversée.


Une scène du film « In The Name of Confucius » montre des manifestants rassemblés devant le bâtiment du TDSB. (Photo de « In The Name of Confucius »)

Le documentaire aborde également des moments de tension, comme lorsque Chris Bolton demande à un parent impliqué de quitter son bureau. M. Bolton a sournoisement rendu possible un accord entre l’IC et le TDSB, quasi secret au point que beaucoup de responsables de l’université ont confié plus tard de ne rien savoir à ce sujet et d’avoir été alertés seulement après les protestations massives des parents.


La réticence des responsables

Le plus grand défi que la cinéaste a dû affronter lors de la réalisation de son film, a été la réticence des responsables des institutions qui hébergent des IC.


« Lorsque j’ai commencé à leur poser des questions sur les sujets controversés autour des IC, et en particulier le cas [de Zhao], ils ne voulaient plus parler. J’étais inquiète du manque d’opinions venant des pro-CI », se souvient-elle.


Les documents obtenus par Epoch Times provenant du TDSB incluent une ordonnance interne en chinois qui donne des directives sur la façon dont « ceux envoyés par le pays pour travailler et étudier à l’étranger (y compris les enseignants de l’IC) doivent se comporter. » Elle précise que l’approche aux sujets liés à « l’incident du 4 juin à la Place Tiananmen, le Falun Gong, les Ouïgours, les Tibétains, les droits de l’homme, et Taiwan, doit s’accorder avec la ligne du gouvernement chinois. »


« Nous devons être prudent dans nos paroles et nos actes et être responsable au pays, au peuple et à soi-même », est il écrit.


Il est également stipulé qu’on ne doit pas assister à des activités organisées par des groupes religieux ou des groupes communautaires, y compris des activités au sein de l’église, et éviter de se joindre à n’importe quelle organisation. Les documents de voyage doivent être gardés par le chef de l’équipe « des employés à l’étranger tandis que ces derniers lors des sorties doivent être accompagnés et rentrer à l’heure ».


« Je comprends maintenant que la plupart des universités ou des conseils scolaires accueillant des IC, ne connaissent pas les conditions d’embauche des enseignants par Hanban, ni les exigences qui leur sont imposées », témoigne Mme Liu.


Avertissement contre l’hébergement des Instituts Confucius

En 2013, l’Association canadienne des professeurs d’université (CAUT) a exhorté les universités à couper les liens avec les IC, en expliquant qu’ils sont « subventionnés et supervisés par le gouvernement totalitaire chinois ».


Leur homologue américain, l’Association américaine des professeurs d’université, a publié une déclaration semblable en 2014.


Lorsqu’Epoch Times a rencontré des responsables d’établissements accueillant des IC après la publication de la déclaration, bon nombre d’entre eux ont refusé de commenter ou n’ont pas répondu, y compris l’Université de Waterloo (Ontario), le Conseil des écoles publiques d’Edmonton (Alberta), l’Université de Brock (Ontario), le Conseil scolaire de Coquitlam (Colombie Britanique), l’Université de la province de la Saskatchewan, l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique (BCIT) et le Collège Seneca à Toronto.


Parmi les autres institutions qui abritent actuellement des IC au Canada figurent le Collège Dawson, l’Université Carleton d’Ottawa, l’Université de Windsor (Ontario), l’Université Sainte-Marie à Halifax et l’Université de Regina en Saskatchewan.


Dans les échanges par courriel en début février, l’Université Sainte-Marie a confirmé avoir renouvelé son contrat avec l’IC en 2015 pour cinq ans, celle de Regina dit avoir renouvelé en 2016 son contrat pour cinq ans et celle de Windsor a déclaré que son contrat actuel reste en vigueur pour les quatre années à venir.


Un porte-parole du BCIT a expliqué que cet institut a un « contrat pluriannuel avec l’Institut Confucius et qu’il n’attendra pas la fin pour le renouveler ». Un porte-parole des Écoles publiques d’Edmonton a déclaré que leur contrat avec l’IC expirait au cours de l’année scolaire 2017-2018, et qu’il est prévu de poursuivre leur relation avec l’IC. D’autres institutions n’ont tout simplement pas répondu.


En octobre 2014, après de nombreuses discussions, 20 des 22 administrateurs du TDSB ont voté pour ne pas accueillir d’IC dans le système scolaire de Toronto.


Récemment, le documentaire In the Name of Confucius a remporté le prix Accolade Global Film Competition, ainsi que le prix d’excellence du festival Impact DOCS Awards. La première mondiale du film se tiendra le 3 mars au Docfest, Festival international du film documentaire Belleville, dans la province canadienne d’Ontario.


Et en France ?

Selon le site hanban.org, 17 Instituts Confucius sont actuellement en activité en France. Le premier a été accueilli par l’Université de Poitiers en 2005, suite à son partenariat avec l’Université de Nanchang.


Selon Gregory Lee, ex Président du Conseil d’Administration de l’IC de Lyon (ICL), cet institut a cessé ses activités en 2013 suite à un désaccord profond entre l’Université de Lyon et le Hanban au sujet de l’ « indépendance scientifique et institutionnelle de la structure »

Version anglaise :
Canada, Chinese Regime Documentary Shows China’s Propaganda Reach in Canada

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