La persécution s’essouffle en Chine

Mais la campagne du régime chinois contre le Falun Gong continue
 
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Ma Chunling, une pratiquante de Falun Gong, a été libérée du camp de Masanjia le 30 août 2013. Sa sœur vivant aux États-Unis a fait savoir que le camp allait probablement fermer, car poursuivre la campagne contre la pratique spirituelle du Falun Gong qui dure déjà depuis 14 ans semble de plus en plus difficile pour les dirigeants du Parti communiste. (Ma Chunling)


En 1999, lorsque les dirigeants du Parti communiste chinois ont lancé leur campagne sous les ordres de l’ancien chef du parti Jiang Zemin, la persécution du Falun Gong était leur plus haute priorité.


Aujourd'hui, 14 ans plus tard, la campagne semble entrer dans une nouvelle phase à mesure que l’influence de Jiang, qui considérait la persécution comme sa croisade personnelle, a significativement diminué et que les luttes politiques internes ont coupé court à son contrôle des postes clés dans l’appareil de sécurité .


Selon les statistiques de Minghui.org, le principal site du Falun Gong qui documente la persécution, le nombre de pratiquants de Falun Gong condamnés aux camps de travaux forcés et aux prisons a continuellement diminué au cours des 18 derniers mois.


Minghui a également noté que plusieurs camps de travaux forcés dans différentes régions de la Chine semblaient fermer. Dans certains cas, les pratiquants de Falun Gong qui y étaient détenus sont libérés.


Cette tendance est en rupture avec le passé, quand "l’éradication" de cette paisible discipline spirituelle était la priorité No 1 du Parti communiste chinois, quand les livres étaient massivement brulés dans les rues et que les chaînes de télévision officielles poursuivaient leur marathon de propagande 24 heures sur 24.


Toutefois, selon les experts, les changements survenus cette dernière année ne signifient pas que la persécution a pris fin. Ils indiquent néanmoins que la campagne n’est plus la priorité politique d’autrefois et que dans certaines régions de Chine, elle n’arrive plus à se maintenir.


Fermeture des camps de travaux forcés

Cette année, les nouveaux dirigeants du Parti communiste chinois, Xi Jinping en tête, ont annoncé qu’ils allaient supprimer ou réformer le système des camps de travaux forcés. Cette annonce a été initialement reçue avec un certain scepticisme, toutefois les groupes de défense des droits de l’homme ont constaté certains changements, notamment que certains camps sont en train d’être fermés. Dans d’autres cas, ils sont tout simplement rebaptisés en centres de réadaptation pour toxicomanes et poursuivent à l’intérieur de leurs murs les mêmes mauvais traitements.


Selon Minghui, le site Internet du Falun Gong, à la mi-juillet, deux camps de travaux forcés au sud de Pékin ont relâché plusieurs pratiquants de Falun Gong qui y étaient détenus.


Le site Minghui a constaté que le camp de travaux forcés pour femmes de Pékin a commencé à libérer les pratiquantes de Falun Gong depuis le mois de mai, tandis que le camp de travaux forcés de Xin’an a relâché un grand nombre de pratiquants de Falun Gong le 5 juillet. Le site ne précise pas le nombre de ceux qui sont censés avoir été libérés.


En même temps, Minghui a rapporté qu’en juillet, dix pratiquants ont été libérés du camp de Xidayingzi de la ville de Chaoyang, province du Liaoning.


Plusieurs pratiquants de Falun Gong ont également été libérés du tristement célèbre camp de travaux forcés de Masanjia dans le nord-est de la Chine. Minghui a rapporté à la fin d’août que tous les détenus masculins à Masanjia avaient été libérés et que le camp n’avait pas admis de nouveaux détenus depuis octobre de l’année passée. En fin d’août, il n’y avait plus que huit pratiquantes en détention.


"Ma sœur cadette a été libérée de Masanjia le 30 août", a écrit dans son courriel Ma Chunmei, une pratiquante de Falun Gong de la région de Washington. "Le camp de travaux forcés de Masanjia est en principe démantelé." Epoch Times avait déjà parlé du cas des sœurs Ma et de la tentative de Ma Chunmei pour libérer sa sœur cadette.


Dans un de ses articles, le site de Minghui souligne que malgré ces récentes libérations et les promesses du régime de réformer le système de travaux forcés, "cela ne veut pas dire que le Parti communiste chinois (PCC) va cesser de faire le mal."


Selon Levi Browde, directeur du Centre d’information du Falun Dafa, la forte résistance des pratiquants de Falun Gong à la persécution, a également joué son rôle.


"Des centaines de milliers de pratiquants ont travaillé jour et nuit pendant des années pour informer leurs voisins de ce qui se passait. Tout le monde a été mis au courant - des ménagères jusqu’aux hauts fonctionnaires.".


Au cours de l’année passée, une demi-douzaine de pétitions a été lancée par des villageois dans différentes régions de la Chine, dont l’une dans le Heilongjiang, au nord-est de la Chine exigeant la libération des pratiquants de Falun Gong détenus, a été signée par, 15.000 empreintes digitales en cire rouge.


Selon les rapports, le camp de travaux forcés de Masanjia est en train de fermer. Il était connu comme un endroit soumettant les pratiquants de Falun Gong à un nombre important de graves violations, qui ont été rapportées par les groupes de défense des droits de l’homme (Minghui.org)

Ces derniers temps, les avocats chinois des droits de l’homme ont aussi défendu des pratiquants de Falun Gong en engageant des poursuites judiciaires, une chose qui aurait été impensable au début de la persécution, quand ils ne pouvaient même pas entrer dans les salles d’audience.


Minghui rapporte régulièrement les paroles de responsables du Parti communiste chinois affirmant qu’ils ne participeront plus à la persécution.


"Les Chinois et les cadres du Parti communiste se détournent de cette persécution", a affirmé Browde.


Selon Corrina-Barbara Francis, enquêteur sur les droits de l’homme en Chine au sein d’Amnesty International, malgré ces rapports, il n’est toujours pas possible de dresser un réel bilan de l’état de la persécution en Chine, et même les nouvelles que les camps de travaux forcés sont en train de fermer doivent être traitées avec une certaine prudence.


"Je pense que nous devons être très prudents quant à ce qui se passe ici. Sont-ils en train d’abandonner le système de transformation par le travail forcé dans les camps, ou transforment-ils tout simplement ces camps en camps pour les drogués?", a-t-elle déclaré dans un entretien téléphonique, en se référant à des centres de réadaptation pour toxicomanes qui peuvent dans certains cas être toujours utilisés pour la détention des prisonniers politiques.


Moins de condamnations

Selon les chiffres de Minghui, à part les cas de libération, le nombre de pratiquants de Falun Gong envoyés dans des camps de travaux forcés a diminué au cours de ces 18 derniers mois. Le nombre de peines de prison, ainsi que le nombre de cas enregistrés de persécution ont en général aussi diminué cette année par rapport aux années précédentes.


Minghui a enregistré 785 et 745 peines de prison en 2010 et 2011 respectivement, alors que seulement 509 en 2012 et 218 jusqu’au début de septembre 2013.


En 2010 et 2011, 1.452 et 1.327 condamnations aux camps de travaux forcés ont été prononcées respectivement, alors qu’en 2012 et jusqu’en septembre 2013, ces chiffres n’étaient que de 1065 et 351.


Selon Minghui, les cas de persécution semblent avoir diminué dans leur ensemble par rapport aux années précédentes - 1.727 cas jusqu’au début de septembre de cette année, alors que la moyenne annuelle des cinq dernières années était proche de 6.000 cas.


On sait que les données de Minghui ne reflètent qu’une fraction des cas de persécutions en Chine, mais au fil du temps ces données permettent d’identifier les tendances. Toutefois, la situation se complique à cause d’un décalage temporaire - Minghui peut recevoir des informations des mois ou même des années après le déroulement des faits.


Selon Mme Francis, ni les libérations ni les tendances à la baisse ne montrent que la politique envers les pratiquants de Falun Gong est en train d’être révisée. "Nous constatons toujours des peines de prison très longues. Il n’y a pas de recul important de la politique en générale".


Résistance interne

Selon Yiyang Xia, un analyste de Human Rights Law Fondation, une organisation juridique basée à Washington qui est à l’origine des poursuites contre les fonctionnaires chinois pour les violations des droits de l’homme, l’un des principaux obstacles auquel faisait face les responsables du Parti en supprimant le système des camps de travaux forcés, était la résistance du Comité des affaires politiques et juridiques (CAPJ), l’agence secrète et puissante du Parti en charge de l’appareil de sécurité.


Un long article dans Caijing, un magazine financier bien connu en Chine, a fait l’allusion suivante: "Parmi ceux qui sont maintenant dans les camps de travaux forcés, un grand nombre représente les ‘éléments religieux hérétiques’. Comment gérer ce groupe de personnes est devenu un problème face au lancement de la réforme. Les analystes du système judiciaire estiment que l’existence de ce groupe peut être la raison pour laquelle il n’est pas possible de supprimer totalement le système des camps de travaux forcés."
Xia souligne que le groupe en question est le Falun Gong.


"L’appareil de sécurité utilisait le Falun Gong comme prétexte pour ne pas entamer de réforme. Mais maintenant, il semble que la décision ait été prise."

Sortir du camp de travail pour le Centre de lavage de cerveau

Ce que ne montrent pas les chiffres globaux, est que la transition du travail forcé aux centres de lavage de cerveau ou de la fermeture des camps de travaux forcés n’opère pas de la même façon selon les régions. Dans de nombreux cas, la violence est toujours présente.


Dans un cas, rapporté sur le site de Minghui.org, le camp de travaux forcés pour femmes de Chongqing a tout simplement changé de nom. Il est maintenant appelé "Centre d’isolement forcé de réhabilitation des toxicomanes", mais les mêmes gardiens continuent à torturer les mêmes pratiquantes de Falun Gong.


Par exemple Yue Chunhua, une pratiquante de Falun Gong, a été dénudée, battue et on lui a introduit une brosse à dents aux poils durs dans le vagin, d'après Minghui.


Liu Yongping, une pratiquante de Pékin, lors des récentes libérations a refusé de signer une déclaration renonçant à sa croyance. Elle a été transférée aux centres de lavage de cerveau de Pékin par le personnel du Bureau 610 local et du "Zongzhi ban", ou le bureau de gestion globale, qui appartient à l’appareil de sécurité du Parti.


Le Bureau 610 est une agence extrajudiciaire du Parti créée dans le but de mener la persécution du Falun Gong, alors que le "Zongzhi ban" utilise souvent ses bureaux dans les quartiers résidentiels pour gérer les affaires locales du Parti. Jiang Zemin, l’ancien chef du Parti, a personnellement supervisé la création du Bureau 610, et a établi son mandat.


Le 1er octobre 2000 à Pékin, les policiers arrêtent un manifestant du Falun Gong à la place Tiananmen sous les yeux de la foule. Les pratiquants de Falun Gong ont pris de grands risques pour parler aux Chinois de la persécution qu’ils subissaient. (AP Photo/Chien- min Chung)

Pas de changement de la politique

"C’est Jiang Zemin qui a dirigé la persécution, en promouvant ses lieutenants dans les rangs et en exigeant des quotas de lavage de cerveau", affirme M. Browde du Centre d’information du Falun Dafa. "La persécution est devenue un test décisif pour l’allégeance à Jiang et au Parti. Maintenant, l’appareil de sécurité a été transmis à d’autres personnes.»


M. Browde, comme Mme Francis, se méfie des spéculations au sujet de l’évolution de la politique de l’élite chinoise, mais il suggère: "S’il y a des endroits où la persécution est moins sévère, peut-être que cela provient de la diminution de l’influence de Jiang et sa faction."


Selon l’analyste Yiyang Xia, ce qui reste du groupe de Jiang et en particulier les fonctionnaires des services de sécurité qui ont bâti leurs carrières grâce à la persécution du Falun Gong, vont continuer à mener cette campagne de persécution malgré l’absence d’encouragement de la part de la direction centrale.


"La politique n’a pas changé du tout", a déclaré Xia dans un entretien téléphonique. Selon lui, la persécution ne sera officiellement arrêtée que lorsque le Comité permanent du Parti communiste chinois tiendra une réunion et annoncera une nouvelle politique.


Selon lui, la nature hautement politique de cette campagne, ainsi que les violations commises au cours de son application, découragent n’importe quel leadership du Parti d’y faire face. "Cela ne pourrait se produire avant la réhabilitation des victimes du massacre de la place Tiananmen, parce que cette question est beaucoup plus épineuse."


Mme Francis d’Amnesty International pense que "tout changement officiel" de cette campagne est peu probable, car cela aurait "d’énormes implications pour l’ensemble du système et poserait toutes sortes de questions de responsabilité". Elle précise: "En cas de réhabilitation, il y aurait de nombreux fonctionnaires et directeurs de prison qui pourraient être accusés de torture et de mauvais traitements". Ceci est un "énorme obstacle à tout changement officiel de la politique".


Selon Yiyang Xia, "tant que la politique ne change pas, ceux de l’appareil de sécurité qui ont du sang sur les mains et se sont investis dans la campagne, vont poursuivre la persécution."


Recherche effectuée par Annie Wu avec la contribution de Lu Chen

Source anglaise :
Persecution Loses Steam in China

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