Trois ans de persécution dans un camp de travaux forcés

Témoignage d’un jeune chinois réfugié à Paris
 
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Wang Zhe lors d’une manifestation devant l’ambassade de Chine en France. (Laurent Gey, Epoch Times)


J’ai 34 ans, j’ai commencé à pratiquer le Falun Gong fin 1997, après qu’un membre de ma famille m’a présenté cette méthode. Je communiquais régulièrement avec le groupe local de pratiquants et j’aidais les moniteurs à enseigner les exercices aux nouvelles personnes. Durant un an et demi, j’ai eu une vie vraiment heureuse et ces souvenirs-là me sont chers. À cette époque, j’avais réussi mon permis de conducteur d’autocar et j’avais été embauché par une société autocariste.


Les débuts de la persécution

Ma vie a basculé le 11 avril 1999, lorsqu’un scientifique controversé nommé He Zuoxiu a publié un article pour diffamer le Falun Gong dans un magazine de l’institut d’éducation de Tianjin. Cet article avait repris un fait
cité à la télévision de Pékin en 1998, qui par la suite, a été reconnu comme faux. Ayant vécu une amélioration dans ma vie grâce à cette pratique, je pouvais témoigner objectivement de la situation du Falun Gong. Ayant appris que des pratiquants se rendaient auprès des éditeurs de l’institut d’éducation de Tianjin pour dénoncer les diffamations de cet article, j’y suis allé également.


Quand je suis arrivé sur place, le 21 avril, la cour était remplie de pratiquants de Falun Dafa, qui n’ont pas été reçu par l’institut. C’est pourquoi les pratiquants sont constamment revenus calmement et dans la sérénité à cet institut jusqu’au 24 avril, jour où la police a commencé les arrestations. À ma connaissance, 45 personnes ont été arrêtées. La police a exercé beaucoup des violences. Il y a eu de nombreux pratiquants blessés et qui perdaient du sang. Suite à ces évènements, certains d’entre nous se sont présentés au gouvernement municipal de Tianjin pour demander de l’aide. Les autorités leur ont conseillé d’aller à Pékin afin de résoudre ce problème. Alors plusieurs pratiquants s’y sont rendus dans la nuit du 24 avril, espérant que le gouvernement central résoudrait correctement et de façon juste les évènements de Tianjin. Ainsi 10.000 pratiquants se sont retrouvés à Pékin pour manifester pacifiquement.


Après cet événement, la police a demandé aux responsables des points de pratique de Falun Gong de communiquer les coordonnées et les expériences des pratiquants sur les bienfaits qu’ils avaient ressentis et en particulier les guérisons qu’ils avaient vécues. J’ai rédigé, comme les autres, une lettre sur mon expérience. Nous ignorions que c’était une ruse du PCC (Parti communiste chinois) pour collecter des informations précises sur les pratiquants du Falun Gong. Plus tard, ces informations ont été utilisées pour nous persécuter.


Le 20 juillet, les arrestations à grande échelle ont débuté. Le gouvernement a commencé à réprimer publiquement le Falun Gong en diffusant une fausse propagande dans tous les médias. Ils ont discrédité le Falun Gong et fait régner une ambiance de terreur dans tout le pays. Tout cela était injustifié et diffamatoire. J’ai pensé qu’une cabale avait été montée contre le Falun Gong.


En novembre 1999, je suis allé à Pékin avec d’autres pratiquants pour expliquer les faits. Quand nous sommes arrivés au bureau des appels, il y avait beaucoup de policiers de différentes régions de Chine qui se préparaient à arrêter les pratiquants de leur région respective. J’ai été arrêté. Après l’enregistrement de mes coordonnées, j’ai été emmené au deuxième service de la police de Tianjin, et détenu avec 20 à 30 autres pratiquants à l’antenne de police de Beichen. À ce moment-là, la chaîne de télévision de Beichen nous a filmés dans l’objectif de monter une machination contre le Falun Gong. Cette vidéo a été diffusée en novembre. Les policiers m’avaient dit qu’ils me détiendraient pendant quinze jours, mais finalement ils m’ont gardé un mois et demi. La société d’autocar pour laquelle je travaillais m’a licencié dès ma sortie de détention, sous la pression des autorités.


À partir de ce moment-là, à chaque date anniversaire d’un événement sensible (comme la fête du parti le 1er octobre, le massacre de Tiananmen le 4 juin, les Jeux olympiques de 2008, le 20 juillet date de début de la persécution), des membres de l’association de recherche sur le Falun Gong, comme Li Chang, Ji Liewu, Wang Zhiwen et Yao Jie, étaient arrêtés et j’étais constamment harcelé chez moi par la police. Ils vérifiaient ce que je faisais et me surveillaient tout le temps. Ils avaient peur que j’aille à Pékin.


Pour pouvoir continuer à gagner ma vie, j’ai suivi une formation de coiffeur et j’ai commencé à travailler dans un salon de coiffure. Le 23 janvier 2001, le PCC a orchestré la mise en scène de l’auto-immolation de la place Tiananmen, présentant les immolés comme des pratiquants. Tout ceci dans le but de calomnier le Falun Gong. À partir du mois de mai, d’autres pratiquants et moi-même, nous nous sommes mis à fabriquer des DVD pour révéler la vérité sur ce canular meurtrier. Un pratiquant, m’a dénoncé sous la torture, et j’ai été arrêté par la police.


L’emprisonnement, les tortures et le travail forcé

J’ai été arrêté par la police de Tucheng dans l’arrondissement de Hexi, sur mon lieu de travail à 16h00 le 20 juillet 2001. Dès mon arrivée au commissariat, la police m’a torturé parce que je ne voulais pas révéler où j’avais obtenu les matériaux pour fabriquer les DVD. Ils ont utilisé la technique de torture appelée «faire l’avion», qui est une torture douloureuse, entraînant une torsion des mains vers l’arrière.


Après avoir gardé cette position plusieurs heures, j’ai ressenti une douleur indescriptible. Dans la nuit, la directrice du commissariat nommée Wang, m’a mis une paire de menottes et de fers spéciaux. Je ne leur ai rien révélé. Je ne leur ai donné aucunes informations sur les DVD. Une fois, en pleine nuit, j’ai été attaché entre deux lits où j'ai du rester dans une position accroupie toute la nuit jusqu'à 7 h du matin. De 9 h à 10 h, le sous-directeur a continué mon interrogatoire. Il m’a frappé violemment au visage parce que je ne répondais pas à ses questions. Il a continué ainsi à m’interroger et me frapper jusqu'à ce que je saigne du nez. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à perdre l'audition de mon oreille gauche.


Ensuite, ils m’ont menotté à un lit, ce qui m’a empêché de bouger, de me lever et de m’asseoir. Ils ont fait fonctionner un grand ventilateur pour m’envoyer de l’air en permanence pendant plusieurs heures. Finalement, ils ont eu recours à des mensonges et à de la manipulation pour me faire avouer l’origine des matériaux pour clarifier les faits. Le commissariat de Hexi m’a condamné à trois ans dans un camp de travaux forcés.


En septembre 2001, j’ai été envoyé au camp de travaux forcés de Qingbowa. Après plus d’un mois, j’ai été transféré au camp de travaux forcés de Shuangkou à Tianjin. Je faisais partie de la troisième escadrille. Là, tout le monde devait travailler dur de 6 heures à 23 heures tous les jours, soit une journée de travail de 15 heures. Parce que j’étais nouveau et que je n’avais pas encore abandonné mes croyances, le soir après le travail, ils me faisaient un lavage de cerveau pendant quelques heures. Je ne dormais que 2 à 3 heures par jour seulement. Ce genre de traitement s’est poursuivi pendant plus d’un mois.


Durant mon incarcération dans le camp de travaux forcés, j’ai rencontré d’autres pratiquants de différentes égions . Nous récitions ensemble le Zhuan Falun et nous nous encouragions mutuellement. En juillet 2002, je fus transféré à la deuxième escadrille parce que je n’avais toujours pas renié mes croyances.


Etre témoin de la mort d’un pratiquant

Le 15 août 2002, tous les disciples du Falun Gong de la deuxième escadrille ont été battus. La police demandait à des prisonniers non pratiquants de nous battre avec un gros bâton et ensuite de nous emmener à l’usine. Deux pratiquants ont été très gravement battus, dont un qui faisait les exercices de la pratique au même endroit que moi.


Quand ils nous ont transféré à l’usine, ils nous frappaient continuellement. Soudain un ancien pratiquant du nom de Chen Baoliang s’est levé pour les arrêter, mais les policiers Zheng Junhong, Meng Zhaosheng, Wang Kui et Li Hua ont donné l’ordre à des prisonniers non pratiquants dénommés Li et Wu, de battre Chen Baoliang avec des gros bâtons. Ces prisonniers ont attaché les mains de Chen Baoliang derrière son dos, lui ont mis du scotch sur la bouche pour le battre. Rapidement Chen Baoliang est tombé au sol. Les prisonniers lui ont sauté dessus pour lui donner de violents coups de pieds sur la poitrine. Peu après, le visage de Chen Boaliang est devenu pâle et sa respiration très faible.


Chen Baoliang essaya de se lever mais retomba au sol immédiatement. Cette fois, les policiers étaient inquiets. Ils ont appelé une ambulance tout en nous faisant rapidement aller vers les ateliers. Dans l’après-midi, ces mêmes policiers nous ont obligé à retourner aux dortoirs. Il s’est mis à pleuvoir fortement et cela a continué bien après que nous soyons arrivés. Ensemble, nous implorions la justice dans nos cœurs. A chaque fois que je pense à cette scène, les larmes me montent aux yeux.


Le soir, je suis allé au bureau pour demander des nouvelles. Le policier nommé Meng a répondu: «Chen Baoliang est mort d’une crise cardiaque. Nous avons prévenu sa famille. Vous ne devez rien dire». J’étais très en colère quand j’ai entendu ces mots et lui ai dit: «Vous mentez! J’ai vu Chen Baoliang être battu à mort. Je ferais en sorte que justice soit faite, vous êtes des assassins!» Je me rappelle encore très clairement ce que m’a répondu le policier. Il m’a regardé du coin de l’œil et m’a dit: «Jeune homme, tu devrais faire plus attention à toi.»


Le lendemain, il y avait beaucoup de policiers dans les couloirs du bâtiment du dortoir. Mon nom et celui de trois autres pratiquants ont été cités. Ils nous ont amenés au bureau et un des policiers m’a demandé: «Comment sont tes mains? Est-ce que je peux les voir?» A cause des mauvaises conditions sanitaires, mes mains étaient recouvertes de plaies et j’avais la gale. Quand je lui tendis les mains, il me les menotta dans le dos et m’emmena dans une voiture où il y avait déjà un autre pratiquant. La police nous a ordonné de nous asseoir et nous a dit: «Taisez-vous! Arrêtez de crier! Autrement je vais vous sceller la bouche avec du scotch!»


Le camp de travaux forcés de Qingbowa et le lavage de cerveau

J’étais envoyé au camp de travaux forcés de Qingbowa et faisais partie de la septième escadrille. Excepté quelques pratiquants, tous les autres prisonniers étaient des drogués. Ce lieu était très malsain. Il y avait toujours de la drogue dans ce camp et la police faisait rentrer de la drogue pour se faire de l’argent. Les policiers m’ont nommé «Le non-transformé» parce que je n’obéissais pas à leurs ordres. Ensuite la police a arrêté les visites mensuelles de ma famille. La nourriture était très sale, il y avait toujours les marques de rats sur le pain et des bestioles dans la soupe aux choux.


C’est autour de novembre 2002 que la police a testé mon sang sans donner de raison. Maintenant, je sais qu’à cette période-là, des prélèvements non consentis d'organes sur des pratiquants de Falun Gong de leur vivant se pratiquaient largement pour alimenter le marché des greffes.


Wang Zhe à sa sortie de prison en Chine (Avec l'aimable autorisation de Wang Zhe)


Le chef des prisonniers m’a expliqué qu’avant la transformation forcée des pratiquants de Falun Gong pour leur faire abandonner leurs croyances, la police avait fait un test sur un cochon. Ils avaient utilisé 4 matraques électriques pour électriser le cochon et le cochon était mort rapidement. A ce moment-là, la police utilisait 6 à 8 matraques électriques pour torturer les pratiquants de Falun Gong.


En janvier 2003, le camp commença la transformation forcée des pratiquants. La police avait libéré tout un étage du bâtiment et l’a baptisé «centre de lavage de cerveau». Il y avait en permanence quatre pratiquants détenus dans ce centre. J’y ai été envoyé après une grève de la faim d’un mois. Dès mon arrivée, Ils m’ont sévèrement battu au point que je suis tombé à terre. Six personnes m’ont piétiné. Ils ont utilisé six matraques électriques pour choquer les endroits sensibles de mon corps, comme la paume des mains, la plante des pieds, le haut de la tête, le cou et la bouche.


J’étais devenu très faible suite à cette grève de la faim d’un mois, mais les policiers ont continué à me frapper avec leurs matraques électriques. Rapidement, comme je ne bougeais plus et ne disais plus rien, ils ont arrêté. A cet instant-là, ma conscience était brouillée et je n’avais plus de force ; je sentais l'odeur de chair humaine brûlée et le craquement des matraques électriques résonnait à mes oreilles. Apres plusieurs jours de ce traitement, une grosse pustule s’est formée sur mon dos. J’étais à la limite de la tolérance physique et mentale. Un soir, j’ai craqué, et j’ai essayé de m'entailler une veine dans le bras avec un clou. J’espérais ainsi échapper aux tortures. J’ai été envoyé à l’hôpital pour quelques jours et ensuite renvoyé au centre de lavage de cerveau. J’étais très faible et je ne pouvais pas marcher sans être soutenu.


Combattre la maladie causée par les tortures

En juin 2003, j’ai été diagnostiqué tuberculeux. Plus tard, le camp de travail m’a accordé une liberté conditionnelle pour raisons médicales. Après mon retour à la maison, ma santé s’est dégradée et la pustule dans mon dos est devenue de plus en plus grosse. L' infection avait visiblement attaqué une de mes côtes et une vertèbre, rongées par tout ce pus (l’abcès). Le médecin avait diagnostiqué une "sténose du canal vertébral". Un peu plus tard, la pustule est apparue autour de mon cou et je suis devenu paraplégique en juillet 2005. A cause de la persécution, ma famille n’avait pas d’argent. Il a fallu vendre la maison pour payer mes interventions chirurgicales.


Le chirurgien nous avait expliqué qu’il n’y avait qu’une seule possibilité pour me sauver et que c’était de dégager l’abcès et les os atteints par l’abcès pour soulager ma colonne vertébrale et guérir ma paralysie. Mais il était incertain du résultat ne sachant pas si j’allais vraiment récupérer. Aucune anesthésie n’a été possible pendant l’intervention dans mon cou. J’ai tout ressenti quand la peau a été décollée au niveau de mon cou. L’intervention a été très douloureuse et il a fallu que je résiste durant toute l’intervention et à chaque point de suture.


Durant ma deuxième intervention, le chirurgien a retiré un bout de ma hanche pour pouvoir réparer ma vertèbre abimée par l’abcès. Après ma sortie de l'hôpital, à la surprise du chirurgien, je me suis miraculeusement remis durant le premier mois et j'ai pu remarcher trois mois après. Cependant, toutes ses années de tortures avaient considérablement affaibli mon corps et mes muscles. Il a fallu trois ans avant que je ne reprenne une activité professionnelle. En 2008, je me suis représenté à la société d’autocar, et ils m’ont réembauché comme conducteur, mais il me fallait un support spécial sur mon siège pour soutenir mon cou. Quelque temps après, ils m’ont reconnu et ont su que j’étais toujours pratiquant de Falun Gong. Ils ont alors décidé de ne pas me dénoncer et j’ai pu continuer à travailler comme conducteur d’autocar.


Mon combat pour quitter la Chine

Juste après ma libération et durant la période de convalescence, j’avais demandé à un pratiquant de me prendre en photo, pour que je puisse témoigner ou qu’il y ait des traces au cas où je mourais. J’étais déterminé, si je devais survivre, à quitter la Chine, pour aller témoigner auprès des gouvernements du monde entier. J’ai eu un premier visa pour la Thaïlande, mais sur place je n’ai pas pu trouver de pratiquants pour m’aider, il a donc fallu que je rentre. J’ai fait un deuxième essai vers le Japon, mais encore une fois je n’ai pas trouvé de pratiquants sur place, donc je suis encore une fois rentré. Ma demande de visa pour l’Australie m’a été refusée, mais cela m’a donné l’occasion d’appeler les pratiquants d’Australie et ce sont eux qui m’ont donné les coordonnées des pratiquants allemands. Ma demande pour un visa de touriste pour l’Europe fut acceptée et je suis parti pour l’Allemagne le 24 février 2012.


Comme toujours, le guide touristique chinois qui accompagne le groupe nous a obligés à lui donner nos passeports, mais grâce aux pratiquants locaux, la police locale a obligé le guide touristique à rendre les passeports. Cette aide de la police allemande m’a permis de fuir le groupe de touristes et je suis parti pour la France où je suis arrivé le 28 février.


Quand j’ai présenté ma demande d’asile politique au commissariat, le policier qui a enregistré ma demande m’a dit: «Alors il semblerait que la persécution soit vraie!» après avoir vu mes photos. Je me suis senti triste en entendant ces mots, ils m’ont fait réaliser que beaucoup de gens ne croient pas à la persécution des pratiquants du Falun Gong en Chine.


Source :
Trois ans de persécution dans un camp de travaux forcés

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